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[verso-hebdo]
20-12-2012
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
Catherine Gfeller, la photographie et le sacré
En ce temps de la Nativité il est un peu paradoxal que les éditions du Cerf publient un ouvrage consacré à la Semaine Sainte à Séville (L’attente infinie, Séville en Vierges), mais ce décalage chronologique est sans importance : ce qui compte est la qualité du volume. On sait que la Madrugá, dans la nuit du jeudi au vendredi saint, constitue le paroxysme de cette période de piété populaire, quand toute la ville et des gens venus de partout suivent les palios de Marie, lourdes plateformes richement décorées sur lesquelles sont placées des effigies de la Sainte Vierge. Catherine Gfeller est une photographe de réputation internationale (née en 1966 en Suisse, elle a obtenu le prix HSBC en 1999 et poursuivi ses investigations sur différentes villes du monde, qu’elle a également traitées par le moyen de la vidéo). Elle a suivi l’une des processions en se laissant engloutir par les nazarenos vêtus de tuniques et encagoulés en flèche, guettant le visage de la vierge tout au long de la marche, son appareil au poing. Les misterios, qui marchent devant les palios, supportent un groupe sculpté de cinq ou six personnages autour du Christ portant sa croix. Mais Marie, elle, est seule, tragique et mystérieuse. Les figures des misterios sont des sculptures en bois, mais la Vierge n’a pas de corps : il s’agit d’une structure creuse magnifiquement habillée à laquelle ont été appliquées une tête couronnée et des mains tournées vers la place du cœur.

Sur le palio, ce n’est pas une œuvre d’art qui est posée, cette figure n’a pas d’auteur connu : c’est une image de la Vierge transmise par une très longue tradition, une image parfaitement entretenue (elle semble fraîchement maquillée malgré ses larmes et son expression de désespoir) : un visage plutôt qu’un masque, qui a fasciné Catherine Gfeller. Ainsi, nous avons bien affaire à un livre d’art, mais ce sont les photographies qui appartiennent au monde de l’art, non leur sujet qui appartient quant à lui au proche domaine du sacré. Catherine Gfeller produit des formes photographiques en référence au modèle pictural. On doit parler ici de la forme tableau telle qu’elle a été théorisée par Jean-François Chevrier lors de son exposition-manifeste Photo-Kunst à Stuttgart, Staatsgalerie, en 1989. Le livre n’indique pas le format des photographies, mais nous devinons qu’il est grand. Nous voyons bien la valeur descriptive des œuvres, la planéité et la frontalité de l’image qui doit pouvoir aussi être accrochée à un mur. Nous supposons enfin que chacune des photographies de Catherine Gfeller est unique.

Ainsi, à l’instar de John Coplans ou Suzanne Lafont, Catherine Gfeller appartient à ce groupe de photographes qui entendent n’exploiter que les seules possibilités de leur médium, sans détournement d’images préexistantes, sans recours à du texte, sans emprunts à d’autres arts et autres supports. Les caractéristiques spécifiques de la photographie sont mises en avant et l’image vaut en premier lieu par sa valeur descriptive (bouleversante quand elle parvient à rendre à la perfection les larmes de la Vierge, diamants coulant sur des joues délicatement colorées), qui est une forme d’objectivité par laquelle passe un maximum d’émotion. Catherine Gfeller refuse l’illusion, le simulacre ou la fiction. Elle rejoint une certaine tradition documentaire du XIXe siècle : c’est de la photographie directe et pure, à l’exemple de l’absolue pureté de la mère du Verbe incarné. Par elle, la photographie rejoint l’histoire moderniste de l’art tout en servant admirablement, en l’occurrence, l’expression de la foi chrétienne. Un texte poétique accompagne ces remarquables images, sans leur apporter grand chose.
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
20-12-2012
 
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Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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