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[verso-hebdo]
13-06-2013
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
Edouard Pignon à Collioure
Parmi les innombrables expositions de l’été, il en est une qui a commencé dès le 1er juin au musé de Collioure (jusqu’au 13 octobre), consacrée aux « femmes en Méditerranée » d’Edouard Pignon qui consacra une série de toiles aux catalanes de Collioure durant les étés 1945-1946. Excellente occasion pour réfléchir à la spécificité de l’art de l’ancien mineur du nord converti à la lumière du midi qui fut beaucoup plus que le simple faire-valoir de son grand ami Picasso. Pleinement peintre, Pignon a vécu au milieu d’innombrables albums dont il jalonnait sa création. Comme chez David, comme chez Delacroix et tant d’autres, le dessin était chez lui intimement lié au processus créatif. Plus encore peut-être : il en était la condition nécessaire. Pignon ne commençait pas par peindre : il prenait d’abord contact avec la réalité par le dessin, « pour pouvoir construire un jour mes toiles sur le terreau de toutes mes notes et de toutes mes réflexions ». C’est par cette confidence que s’ouvre son petit livre publié en 1966 sous le titre La Quête de la réalité. Il y est par la suite cent fois question du dessin, depuis un séjour à Ostende jusqu’aux études plus tardives, notamment au bord de la Méditerranée, qui lui étaient « nécessaires comme à un athlète son bifteck ».

La comparaison était forte : Pignon nourrissait sa peinture de son dessin parce que son dessin le nourrissait lui-même. Cet affamé de réel ne guettait pas les formes pour les saisir avec réalisme, il cherchait à savoir comment les formes, en lui, pourraient se faire peinture. Dessinant très rapidement des plongeurs au bord de l’eau, par exemple, il savait bien que ce n’était pas en quelques fractions de seconde qu’il transcrirait une image du plongeur, mais c’est parce qu’il aurait regardé tout en dessinant que la forme s’inscrirait dans sa tête et que les découvertes seraient possibles. Déjà Degas confiait à Paul Valéry que le dessin n’est pas la forme, mais la manière de voir la forme. Et voilà pourquoi, par le dessin, Pignon s’apercevait que les plongeurs avaient de gros pieds et de toutes petites têtes. La tête allait disparaître dans l’eau, elle était déjà loin. De son poste d’observation il voyait les pieds prendre toute la place : ils devenaient énormes dans son espace mental et occupaient donc la majeure partie de la surface de la feuille de papier. « Je les ai notés comme je les vois, concluait Pignon. Je dois les faire. »

Un combat était à venir, qui serait rude, car il faudrait intégrer dans le futur tableau « tout un travail tissé entre eux, le spectacle perçu sur la nature et la toile qui en sera le résultat. » Quand Pignon disait « je dois les faire », il ne s’agissait pas de représenter la chose-plongeur, il importait de traduire en peinture, comme le suggéraient les dessins sténographiques, le va et vient qui s’opérait entre l’œil et l’esprit lorsque le peintre se saisissait du monde. Delacroix avait noté : « Ce n’est pas la chose qu’il faut faire, mais seulement le semblant de la chose, encore est-ce pour l’esprit et non pour l’œil qu’il faut produire cet effet. » Car le semblant de la chose est autant et plus « la réalité que la chose même ». S’il ne s’agissait que de cette dernière, une photographie ferait aussi bien l’affaire. La réalité traquée par Edouard Pignon était d’un autre ordre, qui n’excluait cependant pas un certain « réalisme » au sens traditionnel du terme. D’où les méprises concernant ce peintre généralement considéré comme « difficile à classer ». Mais est-il bien nécessaire de classer ? L’exposition de Collioure, comme d’autres avant elle, démontre qu’Edouard Pignon était un peintre authentique, et cela suffit.
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
13-06-2013
À nos lecteurs

Cette lettre s’arrête pendant la période estivale et reprendra le 5 septembre. Cependant, dès la semaine prochaine, vous recevrez une nouvelle chronique hebdomadaire de Pierre Corcos consacrée à l’actualité artistique au sens large, y compris le théâtre et le cinéma. Elle s’interrompra en août et reprendra avec ma propre lettre le 5 septembre pour former « Verso-hebdo ». Mais Verso trimestriel poursuit sa route à son rythme : le numéro 68, été 2013, sera en ligne à la fin du mois de juillet, avec notamment un dossier consacré au peintre Michel Tyszblat.
 
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Verso n°136

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