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[verso-hebdo]
21-06-2012
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
Horia Damian, « le plus génial des sculpteurs » (Salvador Dali)
Horia Damian est mort à Paris le 13 mai 2012. Né à Bucarest en 1922, il était venu s’installer à Paris dès 1946. Il y fut l’élève de Fernand Léger en 1949-1950, puis d’Auguste Herbin. On ne sait rien de ses œuvres de jeunesse car il les a toutes détruites. Son itinéraire visible commence en 1960 avec la période des Constellations et Galaxies dont on peut voir un exemple de 1961 à la galerie Artiliad : une huile sur toile proche de l’art informel tel que l’avait défini Jean Paulhan. Ce roumain flamboyant, célébré dans son pays natal en 2009 par une magnifique rétrospective au musée national d’art contemporain de Bucarest, était aussi un français maniant avec verve une ironie pessimiste. L’évolution de ce que l’on appelle ici l’art contemporain lui inspirait des sarcasmes acérés et renforçait sa propension à la solitude dans l’atelier de Montrouge où s’entassaient des chefs d’œuvre inconnus que les français ne voulaient plus voir. Certains de ces derniers cependant, dont je suis, se souviennent de sa période des « grands projets visionnaires » (années 70 à 90) avec en particulier la mystérieuse et sublime Pyramide rouge de 1988 (200 x 180 x 27 cm, polyester et huile sur bois) exposée à la galerie Stadler. Salvador Dali avait eu le temps de la voir, lui qui avait dit que Damian « est le plus génial des sculpteurs, le plus subtil aussi : c’est ce qui explique la lenteur de son succès ».

Sculpteur génial, mais grand peintre aussi, ce que démontre la « période du réel », celle des années 2000 marquée par ses tableaux sur le thème d’Eve endormie ou par Le Philosophe qu’il a lui-même commentés dans un film de Stéphane Maitec que l’on peut voir sur internet. Horia Damian considérait l’art comme une « valise de survie » et considérait qu’ayant reçu un don, il n’avait pas le droit de le trahir. C’est ainsi qu’il revendiquait la permanence des données fondamentales de sa démarche à travers les variations spectaculaires de ses modes d’expression (« je suis passé d’un art exubérant à un art géométrique, c’est un cheminement obscur, mais les préoccupations structurales sont les mêmes »). Mais il se méfiait de ceux qui auraient cherché à définir ses préoccupations : les intellectuels et les théoriciens étaient à ses yeux suspects. « Le premier jet, même boiteux, est vivant : je préfère le loupé vécu au trop pensé ». Donc, pas de théorie mais une recherche passionnée de l’équilibre dans la narration de la vie, par exemple dans ses tableaux représentant des lits, vides ou habités par ses Eve, à la perspective volontairement « complètement fausse », mais évoquant toute la condition humaine : « c’est là que l’on naît, que l’on dort, que l’on fait l’amour, que l’on meurt. J’y suis complètement en immersion... »

Les grands tableaux de la dernière période privilégiaient d’immenses étendues sombres en aplat, d’où émergeait une figure (ou bien simplement une rose, magnifiquement peinte à l’aide de quelques touches d’une grande liberté, dont il avait toléré que je lui fisse compliment en visitant son atelier). L’une des dernières figures, dite Le Philosophe, était de cette sorte : vastes aplats noirs d’où surgissaient les « accidents des mains et du visage ne constituant peut-être que la cinquantième partie de la surface ». Or ce philosophe n’était autre que Joseph Beuys, dessiné par Damian sans qu’il le sache. Le visage dissimulé par la main et l’ombre de son fameux chapeau de feutre, Beuys médite. Horia Damian a voulu l’image d’un homme qui pense calmement à la mort. Un autoportrait en somme, qui exprime, comme l’a voulu l’artiste, « la fragilité et l’inconséquence de la vie... »
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
21-06-2012
P.S. Cet éditorial paraît le jour même du commencement de l’été. Il s’interrompt pour la période des vacances. Rendez-vous en septembre.
 
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Verso n°136

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