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[verso-hebdo]
10-09-2009
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
Justice pour Soulages !
On nous annonce une grande rétrospective Soulages, à partir du 14 octobre, au Musée National d’Art Moderne – Centre Pompidou. C’est « plus que justifié » (comme dit Le Monde) pour célébrer notre grand peintre national à l’occasion de ses 90 ans. Comme tous ceux qui aiment la peinture, je me réjouis. Les témoignages d’admiration vont se multiplier, d’autant plus que le maître, très présent, prendra des initiatives que l’on nous promet spectaculaires en ce qui concerne l’accrochage. Et cependant je crains que cet hommage reste principalement, pour ne pas dire exclusivement, franco-français. Certes, Soulages est apprécié à l’étranger, et ses œuvres sont présentes dans pratiquement tous les grands musées d’art moderne du monde. Oui, Soulages est là, mais généralement en tant que bon épigone de l’expressionnisme abstrait américain ! Ici, il faut faire un bref rappel historique.

En 1947, Soulages, qui n’a que vingt-huit ans, a déjà conquis l’essence de son style : un ample tracé noir dont il saura tirer, pendant plus d’un demi-siècle, des variations et des transformations d’une grande richesse. Entre 1947 et 1950, Franz Kline, né en 1910, est encore un peintre semi-figuratif proche de la « peinture de genre » américaine, il peint en particulier des rocking-chairs.
Une exposition de quatre jeunes peintres français est présentée à New York chez Betty Parsons, alors la grande galerie d’avant-garde : Soulages, Deyrolle, Hartung et Schneider. Un tableau de Soulages illustre l’affiche, visible dans tout Manhattan. Franz Kline a-t-il vu l’exposition ? Ce n’est pas prouvé, mais hautement probable. Toujours est-il que, brusquement, il devient purement abstrait. Son graphisme noir éclate seul, étrangement proche des tracés de Soulages. Ils sont seulement moins tranchants, moins nerveux que ceux du Français : Jean Clair a fort bien opposé à l’art de Soulages la peinture « gestuelle » de Franz Kline dont chaque tableau, si vastes que soient ses proportions, « ne semble jamais que le fragment provisoire et hasardeux d’une totalité insaisissable », alors que celle du Français où les verticales et les horizontales, tandis qu’elles s’inscrivent, « annulent par de brusques syncopes le déroulement ‘extérieur’ de leur graphisme ; sous elles, de multiples glacis accusent le fait que l’œuvre se lit plus en profondeur qu’en surface, œuvre qui, une fois encore dans son immobilité, domine autant les avatars de la durée que les accidents de l’espace. » La mollesse du trait chez Kline vient sans doute de ses innombrables « études d’une femme assise au coin d’une table » que l’Américain exécuta pendant dix ans.
Naturellement, ces problèmes de chronologie n’ont guère d’importance en eux-mêmes. Seules les œuvres comptent, et si Soulages ouvrit une voie, il est clair que Kline sut y faire preuve, en l’empruntant à son tour, d’un talent certain.

Mais il faut constater que des auteurs anglo-saxons ont profité de la parenté formelle entre Soulages et Kline pour faire croire que c’était ce dernier le prédécesseur ! Une phrase d’Edward Lucie-Smith est particulièrement pernicieuse à cet égard, car elle se présente comme un compliment (empoisonné) à Soulages : « Ses lourds signes calligraphiques en noir sont plus qu’une simple réminiscence de Kline… » Et pour cause, si l’on veut bien admettre qu’il ne peut y avoir de « réminiscence » de la part de celui qui fut le premier !
Voilà comment un important historien de l’art, dont on hésite à croire que la plume par ailleurs bien informée soit complètement innocente en cette occurrence, travestit l’histoire pour faire d’un Français l’imitateur d’un Américain. Autre fait troublant : au milieu des années 80, j’ai observé que dans les espaces consacrés à l’expressionnisme abstrait au MOMA à New York, deux très grands Kline du début des années 50 voisinaient avec un Soulages de modestes dimensions de la fin des mêmes années. Pour n’importe quel visiteur, le « petit » Français ne pouvait être qu’un épigone du « grand » américain… Je sais que Soulages a durement été touché par ces procédés et que, grand seigneur, il a refusé de polémiquer, a gardé son amitié pour les Etats-Unis et les peintres américains (il fut très proche de Rothko jusqu’à sa mort). Il n’en reste pas moins que les manœuvres d’un Lucie-Smith et de ses complices de certains musées minorent gravement la place de Soulages dans l’histoire de l’art. De ce point de vue, l’exposition du Centre Pompidou va-t-elle contribuer à lui rendre justice ?
J.-L. C.
jl.chalumeau@usa.net
10-09-2009
 
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Verso n°136

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