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ID : 156
N°Verso : 106
L'artiste du mois : Christian Renonciat
Titre : Christian Renonciat à Houston
Auteur(s) : par Jean-Luc Chalumeau
Date : 07/12/2017



Url : www.christianrenonciat.com

Christian Renonciat à Houston
par Jean-Luc Chalumeau

Ainsi, dans le cas exemplaire de Christian Renonciat, nous constatons que ce qui presse l’artiste, c’est son propre génie : un besoin de donner consistance à un univers qui lui est propre. Ce qui le fait avancer lorsqu’il est au travail, ce peut être le sentiment que « ce n’est pas encore ça », mais comprenons bien que ce « ça », il ne le connaît pas. Il ne le découvrira que lorsque l’œuvre, enfin achevée, le tiendra quitte. Entre-temps, il aura beaucoup cherché, éprouvant dans son labeur le plaisir spécifique évoqué tout à l’heure : « Peut-être notre tâche d’artiste est-elle aujourd’hui dans cette quête quasi archéologique des traces d’humanité en nous, quête non pas scientifique (quadrillage de l’espace pour redoubler la graduation du temps) mais poétique, peut-être, flâneuse et rêveuse, pour retrouver la chair, le plaisir, le rire. C’est un fil d’Ariane qu’il faut suivre… »

L’artiste n’est artiste qu’en suivant son fil d’Ariane. Il ne pense pas l’idée de l’œuvre, il pense sur ce qu’il fait à mesure qu’il le fait. C’est toujours à du perçu qu’il a affaire, et l’en-soi de l’œuvre n’est accessible pour lui qu’en s’identifiant avec ce perçu. Il ne connaît finalement ce qu’il a voulu, dans sa quête « archéologique », que lorsque, après l’avoir fait, il le perçoit comme achevé, lorsqu’il rejoint enfin la condition de spectateur, pour son plus grand plaisir.

En créant son œuvre, Renonciat la porte donc du même coup à une existence définitive ; elle n’attend plus que son regard, puis celui des spectateurs, pour être objet esthétique. Le sensible, ici pétrifié dans le bois, est la matière même de l’œuvre. Ce sont les caractères de l’exécution-création qui ont marqué l’œuvre. Le sensible est passé par l’homme, et ne s’est épanoui comme sensible que parce que l’homme a produit avec bonheur. « Matière des choses : le pli, le plein, la peau ; érotique de la peau. Rondeur, matière, maternité, chaleur, humidité sont les modes du corps ; plaisir de soi et répétition ; caresse. Dans le corps est une mémoire animale, fœtale, d’avant le verbe, dont les éléments sont l’eau et la terre, la laine, le drap, la voix… »

 

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