Les tableaux Tounes Boules (turn cut)
par Gérard-Georges Lemaire
Bien sûr, le Turn Cut n’a de raison d’être qu’associé à d’autres méthodes déjà employées de façon plus ou moins systématique et complète (l’artiste ne s’est jamais imposé des règles strictes et, du même coup, contraignantes). Parfois, la lettre soumise à ce traitement, était le sujet de son tableau ou de son dessin, parfois elle n’en était qu’un élément dans la stratégie de sa composition. C’était et cela reste pour lui un moyen pour révéler et développer la charge poétique d’un caractère, comme Jiri Kolar et Jack Vanarsky ont découpé une photographie, un plan, un graphique, un portrait et les ont reconstitués à leur guise par un système d’anamorphoses qui était obtenu par le découpage de bandes de papier selon différents procédés et puis recomposés de façon à rendre le sujet ou considérablement déformés ou énormément déformé. Son originalité est de s’être concerné sur l’alphabet et de l’avoir sans cesse réinventé dans un contexte qui reste celui de la peinture. L’effet est saisissant car chaque fois inattendu. C’est un nouvel apprentissage de la lecture qui redonne aux lettres une noblesse perdue et leur offre une force esthétique inégalée. Ce jeu est un jeu de la mémoire (les affiches peintes, ou imprimées à la main ou avec des vieille machines), et aussi un jeu d’illusionniste – l’artiste s’est débarrassé de l’illusion de la perspective et de la représentation du monde, pour nous le faire voir, ce monde, avec d’autres yeux, comme cette « chose mentale » dont Léonard de Vinci a eu l’intuition.
Ainsi, Arthur Aeschbacher a trouvé sa place sur le manège magique la création artistique de notre temps en détournant sans cesse l’art et la manière des poètes visuels et des peintures géométriques pour donner naissance à une écriture qui n’appartient qu’à lui. Il l’a déclinée sans fin, en en variant les paramètres, avec malignité et une finesse délicieuse, dans des compositions allant des Stores-Surfaces aux Turn-Cuts, en passant par mille et une inventions offrant à ses tableaux une un autre mode de composition et donc une autre optique, avec un sens profond de la picturalité doublé d’un humour à la Buster Keaton.
précédent 1 2 3
- Entretien avec Benjamin -
le 8 novembre 2012
par Daphné Brottet - Quand Benjamin fait du Fifre d'Édouard Manet le point de fuite de sa pensée sur le sujet de la peinture.
par Gérard-Georges Lemaire - Voyage en peinture
ou
Voyage au bout de la nuit
(mais c’est déjà pris)
par Odile Dorkel - Benjamin
par Sapho - La théophanie
Un homme et une femme regardent un tableau de Benjamin
par Max Guedj - L'art de l'effeuillage
ou L'étoffe des libertins
par Jean-Claude Hauc - L'œil écrivain
par Christophe Averty - Deux clins d'œil :
Gérard de Lairesse par Jean-Michel Charbonnier
et Le costume byzantin par Eudes Panel.
- Sensus communis. À propos des photographies de Philippe Monsel
par Luc Ferry - Banditi dell’Arte, une ontologie
de l’« hors normes » ?
par Marie-Noëlle Doutreix - Les tableaux Tounes Boules (turn cut)
d'Arthur Aeschbacher
par Gérard-Georges Lemaire - Une biennale pour l'architecture
partagée : une promenade dans l'arsenal
par Giancarlo Pagliasso - Tatline / art et monde nouveau
par Giancarlo Pagliasso - L'art et le cyclisme
par Leonardo Arrighi - Éloge de Simon Hantaï
par Gérard-Georges Lemaire - Philippe Richard
par Vianney Lacombe