Tatline / art et monde nouveau
par Giancarlo Pagliasso
L’occasion de contribuer à la construction du futur, symbolisée par la figuration de propagande est offerte à Tatline avec son projet de Monument à la IIIe Internationale (1919-1920), désiré par Lénine pour célébrer dignement la Révolution d’octobre. Le projet devint légendaire dans l’histoire de l’art moderne, mais n’a pas été réalisé à cause de la guerre civile, le manque de fonds et la technologie déficiente de l’époque. Il prévoyait une double spirale, avec un développement concentrique, enveloppant un cône ; il était incliné selon l’axe terrestre et devait mesurer quatre cents mètre de haut. A l’intérieur, il y aurait eu trois volumes de verre superposés, tournant sur leur axe et différentes vitesses. Il y aurait eu en bas un édifice de forme cubique accomplissant une révolution d’une année pour abriter l’assemblée législative ; le second, reposant sur le premier, de forme pyramidale, devait tourner un mois et un jour et aurait dû abriter les travaux de l’exécutif ; enfin, le troisième, cylindrique, aurait tourné en un jour et devait abriter la presse et les médias pour informer en temps réel le prolétariat et la nation. Au-dessus, devait être ajouté une hémisphère, devant fonctionner comme un phare écrivant des lettres de lumière dans le ciel pour répandre simultanément ces nouvelles, son temps de rotation étant d’une heure.
Cette titanesque « Cathédrale du socialisme » [2] nous est parvenue grâce à des photographies du modèle, des dessins et des maquettes reconstituées, les plus grandes étant en fer et en bois et réalisées par l’atelier Langépé en 1979 (Centre Pompidou) et par Dimakoy, Lapshina et Fedotov en 1993 (galerie Tretyakov, Moscou).
*
La versalité de Tatline, ou tout su moins sa capacité de concevoir l’effort créatif comme manifestation diversifiée de l’énergie, est bien illustrée dans la partie de l’exposition consacrée à son activité théâtrale, qui comprend des esquisses de décors, des dessins de costumes et des photographies des effets scéniques. Son intérêt pour le théâtre naît avec la tragédie Tsar Maksemyan pour laquelle il dessina les projets de décors.
[2]Cf. Gian Gaspar Bott, « Tatlin as Sun Snarer », in Tatlin, New Art for a New World, p. 25.
précédent 1 2 3 suite
- Entretien avec Benjamin -
le 8 novembre 2012
par Daphné Brottet - Quand Benjamin fait du Fifre d'Édouard Manet le point de fuite de sa pensée sur le sujet de la peinture.
par Gérard-Georges Lemaire - Voyage en peinture
ou
Voyage au bout de la nuit
(mais c’est déjà pris)
par Odile Dorkel - Benjamin
par Sapho - La théophanie
Un homme et une femme regardent un tableau de Benjamin
par Max Guedj - L'art de l'effeuillage
ou L'étoffe des libertins
par Jean-Claude Hauc - L'œil écrivain
par Christophe Averty - Deux clins d'œil :
Gérard de Lairesse par Jean-Michel Charbonnier
et Le costume byzantin par Eudes Panel.
- Sensus communis. À propos des photographies de Philippe Monsel
par Luc Ferry - Banditi dell’Arte, une ontologie
de l’« hors normes » ?
par Marie-Noëlle Doutreix - Les tableaux Tounes Boules (turn cut)
d'Arthur Aeschbacher
par Gérard-Georges Lemaire - Une biennale pour l'architecture
partagée : une promenade dans l'arsenal
par Giancarlo Pagliasso - Tatline / art et monde nouveau
par Giancarlo Pagliasso - L'art et le cyclisme
par Leonardo Arrighi - Éloge de Simon Hantaï
par Gérard-Georges Lemaire - Philippe Richard
par Vianney Lacombe