avec le soutien éclat ou éclat
hotel de beaute
ID : 105
N°Verso : 70
L'artiste du mois : Véronique Bigo
Titre : Les « Vera icona » de Véronique Bigo
Auteur(s) : par Thierry le Gall
Date : 11/11/2013



Url : www.silo-marseille.fr
Véronique Bigo
La Voleuse d'Objets

Exposition au Silo (Marseille)
35 Quai du Lazaret, 13002 Marseille
14 septembre - 23 décembre 2013

Les « Vera icona » de Véronique Bigo
par Thierry le Gall

LE TEMPS DU MYTHE
Depuis de nombreuses générations, la famille Bigo semble destinée à accoucher d'une Véronique. Les ingrédients sont là : le mythe, l'audace, les destinées historiques, le succès et la chute, le lin. Il nous plaît à nous, amateurs d'art, de penser que cette Véronique puisse être la nôtre, et la peinture la catharsis d'une tragédie familiale qui, fondée sur la gloire médiévale d'un incroyable effronté (l'art n'est-il pas affaire d'effrontés ?), passe par une réussite sociale spectaculaire dans les filatures... de lin. Ecoutons Véronique : « Pour ancêtre, j'ai le compagnon de Rollon, Viking qui, en 911, lors de son allégeance à Charles le Simple, délégua son compagnon pour lui baiser le pied lors du traité de Saint-Clair-sur-Epte. Celui-ci, au lieu de s'agenouiller, souleva le pied du roi des Francs au point qu'il le renversa. Ses compagnons lui crièrent : « Hep, BY GOD ». Le nom lui resta. » Le mythe artistique commence donc par un happening insolent et chemine à rebours, vers la peinture, le temps de l'histoire de l'art. « Je suis une Viking. Ma peinture est mon Drakkar et avec lui je regarde et transporte et raconte en peignant mes/des histoires... hum, je m'emporte ... »

Ce n'est pas grave, Véronique, emporte-nous aussi sur ton Drakkar, dans ton histoire de peintre et de peinture. Nous embarquerons en silence et prendrons, si tu nous l'accordes, ta généalogie... en filature :
« Mes ancêtres ont ramené d'Angleterre, en fraude, un métier à tisser le jacquard ; ce qui a été le point de départ de l'industrie textile du Nord de la France ». On connaît déjà, puisqu'ont été lâchés les mots de tragédie et de catharsis, l'issue de cette belle entreprise lilloise. Avant la chute, le succès aura toutefois donné à la famille trois maires de la capitale du Nord et, sous les traits d'une aïeule de Véronique, un modèle pour la statue de la Grand-Place de Lille. Mais les mythes finissent mal et la tragédie qui les mime ne saurait provoquer de catharsis sans l'étincelle de la jouissance esthétique. « J'ai quand même poussé dans le lin ». De cela, il fallait faire quelque chose. Pour conclure le mythe, Véronique devait, naturellement, en faire des toiles ; l'industrie textile ayant périclité, il fallait qu'elles fussent cathartiques, et pour cela porteuses d'aesthesis ; il fallait devenir peintre bien sûr, mais pas un peintre qui cache la toile derrière la peinture.

 

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