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ID : 121
N°Verso : 78
L'artiste du mois : Gérard Guyomard
Titre : Guyomard, le peintre de notre société
Auteur(s) : par Pierre Brana
Date : 16/10/2014



Gérard Guyomard est représenté par plusieurs galeries dont, à Paris, la galerie du Centre et, à Lyon, la galerie Anne-Marie et Roland Pallade

Gérard Guyomard, né en 1936, est « un des représentants les plus originaux de la figuration en France » selon  le Grand Larousse universel (édition de 1992). Plus précisément lié au mouvement de la Figuration narrative depuis ses débuts en 1964, Guyomard puise ses sources à la fois dans l’esprit anarchiste, auquel le peintre est toujours resté fidèle, et dans une technique picturale très personnelle à base de superpositions. Une rétrospective lui a été consacrée par les musées de Sens (Palais Synodal) en 2004, et la Villa Tamaris Centre d’Art de La Seyne-sur-Mer a présenté une importante exposition de ses travaux sur le thème du cinéma en 2010. En 2014, le Centre d’art contemporain à Eysines, Château Lescombes, vient d’organiser sa deuxième rétrospective.

Guyomard, le peintre de notre société
par Pierre Brana

En 1977, il rejoint ses camarades de la Figuration narrative (sa famille plus ou moins proche) avec, il est vrai, de nombreux autres artistes (84 au total) à la célébrissime exposition « Mythologies quotidiennes 2 » au Musée d’art moderne de la Ville de Paris. Il y présente plusieurs toiles : Quelque part entre elle et lui, où le rapprochement de divers objets de sports, du vélo à la raquette, m’avait intrigué et La casquette celte avec ses remerciements, dont je me souviens du beau fond bleu qu’il utilisait beaucoup à cette époque.

En 1979, après une éclipse due au décès de sa femme, il revient à la peinture avec la Série blanche où, comme son nom l’indique, la couleur blanche domine. Un rien provocateur, Gérard Guyomard aime bien désarçonner ses collectionneurs. Plus tard, en 1985, il les heurtera même de plein fouet avec la Série jaune puisque l’on sait que cette couleur (5) n’a guère la faveur du public et encore moins celle des amateurs d’art, bien que le jaune lumineux qu’il utilise ne me paraît pas mériter cet ostracisme.
Pour en revenir à la Série blanche, un tableau s’en détache, Par la fenêtre, c’est Bonnard : un intérieur blanc d’appartement avec deux fenêtres en oblique donnant sur un jardin luxuriant aux couleurs à la Bonnard. Une œuvre étonnante en rupture avec le parcours jusqu’alors de l’artiste.

Au début de la décennie 80, changement de décor. Il passe à la nuit parisienne avec la série De la rue Montorgueil à la rue Saint-Denis via la rue du bout du monde. Des couleurs vives sur fond sombre – lumières publicitaires du Paris nocturne – entre lesquelles circulent de petites silhouettes aux contours blancs ou luminescents. Atmosphère familière pour le peintre qui habite alors dans ce quartier de la rue Montorgueil. Il écrit « les flashes info se projettent sur la toile ou le papier : l’ambiance se crée, les structures s’organisent, je provoque pour que l’ensemble s’élabore. Douloureusement, patiemment, j’agite mon pinceau, projette ma couleur, l’œuvre s’achemine très lentement pour devenir magique, ludique : la vie quoi ! »

En 1984, nouvelle série au titre mélancolique, sinon désabusé : Au-delà de cette limite votre vision n’est plus valable. Allusion, certes, à la formule du métro parisien « Au-delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable », mais peut-être aussi au livre de Romain Gary, portant ce même titre, sur les méfaits de l’âge et les limites de la vie sexuelle…L’année après, beaucoup plus joyeux, Gérard Guyomard réalise une ludique ronde enfantine en relief, composée de fibres de verre, pour orner un pignon de la maternité de l’hôpital Lariboisière. Un galop d’essai vers la sculpture.

 

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