Dossier Esther Ségal
En noirs et blancs
Esther SÉGAL par Michel DUPRÉ

Ces modes inédits de mise en jeu ( et en je) du photographique, Esther SÉGAL a pu les développer parce qu’elle avait produit, auparavant, des travaux plus conformes aux coutumes de la profession.

En effet, nous avions vus, ailleurs, l’exploitation des richesses des labyrinthes du métropolitain que les foules pressées, stressées, ignorent tant leur temps consumé les prive de regard. Le Noir et Blanc de l’image photo saisie par l’œil aigu qui ne sait pas négliger le dérisoire apparent, offre des surprises à la portée de chacun selon un discours qui pourrait s’articuler avec la série onirique du livre encore inédit, ouvert aux plages noires. Un autre récit développé dans la suite de paysages d’écritures poinçonnées. Autres noirs.

Ainsi s’élabore une pensée qui joint, avec mystère, poésie personnelle, rigueur technique, réflexion conceptuelle, produisant une œuvre que l’on ne sait nommer, car elle y affirme comme une intention de décloisonner les pratiques artistiques figées dans-par des catégories quelque peu obsolètes (mise en crise des catégories apparues en Italie il y a cinq siècles, lors de la Renaissance), en vue de l’émergence d’une catégorie nouvelle … ou de l’annulation de toute velléité catégorielle ? Ni photo, ni peinture, ni écriture, et tout à la fois, sans pour cela approcher la synthèse utopique de l’  « Œuvre d’Art Total » chère au XXème siècle.

Sous ces horizons d’anthracite quelque chose couve dont on peut déceler, aujourd’hui, les prémices dans ses premiers travaux. Moins certain drame personnel qu’un invisible dédale au sein duquel se jouent des transformations de l’art contemporain dans ce qu’il peut dire des mutations actuelles de l’Histoire.

De telles hybridations, parfois dérangeantes, semblent permettre de nouveaux modes d’expression, d’exploiter de nouvelles formes de discours, d’enrichir les significations des matériaux plastiques, d’ouvrir des horizons insoupçonnés, de provoquer la réflexion, le penser Et le spéculaire… Tenter d’ouvrir des voies au renouvellement des pratiques artistiques et, partant, des conceptions esthétiques, voilà qui ne peut laisser indifférent.

A cet égard, les travaux d’Esther SÉGAL s’inscrivent dans l’espace de l’art contemporain, en ce que « Le propre de l’Art contemporain d’avant-garde, dans les arts plastiques, est de pratiquer une déconstruction systématique des cadres mentaux délimitant traditionnellement les frontières de l’art [1] »

On le constate- on le voit- le propos d’Esther SÉGAL, parallèlement à la poétique de se énoncés, interroge avec pertinence les pratiques artistiques contemporaines, et pas seulement photographiques.

[1] N. Heinich
« L’art contemporain exposé aux rejets »
Ed. Jacqueline Chambon, 1997

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Dossier Esther Segal : Esther Segal ou l'âme au bout des doigts par Gérard-Georges Lemaire
mis en ligne le 26/01/2010
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