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On partira de ce que donne la nature
editorial
Par Didier Lamaison
Frédéric Brandon s'est autoportraituré
Rédéfric Danbron s'est autopeinturluré
Défréric Bondran s'est autodéfiguré
Frédo le Bouffon s'est autotransfiguré

On partira de ce que donne la Nature.
La vie, la société y mettront leur parure
Comme résultant de cette étrange mixture,
On aura enfin ce que produit la Culture.

Mon premier, c'est un masochiste perverti;
Mon deuxième, c'est un artiste diverti;
Mon troisième, c'est un Baptiste travesti;
Mon tout ressemble à un autiste extraverti.

Le peintre en noir et blanc peint son autoportrait.
Puis le peintre reproduit cet autoportrait.
Mais le peintre s'ennuie; alors il colorie.
Mais la couleur s'enivre; alors jaillit le cri.

Le peintre en noir et blanc fait son autoportrait
Puis le peintre recopie cet autoportrait.
Mais le peintre s'ennuie; alors il colorie.
Mais la couleur s'enivre; et c'est la clownerie.

Jamais peintre ne put copier à l'identique.
Brandon a essayé, et ce fut dramatique !
Toujours il faut que son pinceau fasse des niques.
La photocopieuse, c'est mieux, c'est plus pratique.

Tu voudras bien d'abord adopter la posture.
Tu égaieras un peu cette prime ossature
Puis il te suffira de quelques bigarrures
Pour faire apparâître la parfaite imposture.

Si tu considères une humaine carcasse
Et la débarrasses de toutes ses cuirasses
Et de ses grimaces, si tu casses, concasses,
Dessous tu trouveras l'original paillasse.


D'un portrait sur l'autre, Brandon a-t-il teinté,
De l'un à l'autre a-t-il ajouté, coloré ?
Non: d'un portrait à l'autre il n'a pas maquillé.
D'un portrait sous l'autre, il a suffi de gratter.
Tout homme est un pitre, dit on à juste titre.
Or Brandon est un homme; donc Brandon est un pitre.
Mais tout pitre est un homme; or pitre est Brandon:
Brandon résume donc l'humaine condition.

Au jeu des doublures, Brandon perd la mesure !
En peignant sur la peinture de sa peinture
Il figure sa figure, qu'il défigure.
Rembrandt ou Van Gogh ne sont que pâles... doublures.

Brandon est un grand peintre, ce n'est guère douteux.
Mais pour l'esthétique, franchement, on fait mieux.
La tête qu'il se fait! C'est outré, c'est pouilleux.
Qui lui dira que peindre et maquiller font deux ?

À voir son image, déprimé, l'homme boit.
À boire son image, échauffé, il flamboie.
Au déboire il verdit, pris de gueule de bois.
Corbillard dans la nuit, gueule ton désarroi!

Parmi le noir et blanc, lâchez les coloris:
La couleur fait comme un loup dans la bergerie.
C'est un charivari, dès lors qu'elle a rugi
La couleur fut toujours la folle du logis.

Pour faire un clown, peignez comme écrivait Prévert:
Une lune noire, une tomate outre-mer,
Plus une banane rouge et un soleil vert...
Ah! Songez au support! Tout homme fait l'affaire.
Didier Lamaison
mis en ligne le 15/05/2002
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