Les artistes et les expos

Garouste le Père-turbé

par Jean-Paul Gavard-Perret

garouste
Gérard Garouste (avec Judith Perignon),
L’intranquille , L’Iconoclaste, Paris,
168 pages, 30 Euros

mis en ligne le 18/04/2012
Pour écrire son livre l’artiste n’a pas eu besoin de faire des recherches complémentaires sur son père : « ce serait morbide » dit l’ artiste. Il précise à son sujet que les plus belles années de sa vie ayant été celles de la guerre. Mais il ajoute aussi que le géniteur n’ayant pu devenir héros, se transforma en parfait salaud. Quant à la mère il en est peu question dans le livre : « Mes parents avaient des rapports sadomasochistes. Ma mère était d’une autre époque, c’était une femme soumise qui faisait constamment des chantages au suicide ». L’artiste ne la porte guère plus en con cœur que son géniteur. Elle n’est jamais venue le voir lorsqu’il était interné en hôpitaux psychiatriques, alors que son père y allait. Et l’auteur d’ajouter : « Elle est morte effacée, comme elle l’avait toujours été ».

Celui qui se définit comme « peintre, et fou parfois » a eu l’impression de commencer sa vie « enfermé dans un bocal » et condamné à se taper la tête contre les murs sans rien comprendre. Cancre et mal dans sa peau, Garouste ne savait que dessiner. Et très tôt il est victime d’hallucinations : « Le jour de mon bac, j’ai entendu une voix qui me disait : « Tu n’écriras pas. » Je l’ai évidemment raté. Je l’ai vécu comme un terrible échec ». Très vite l’artiste se sent incapable d’affronter le monde des adultes et à partir de son adolescence l’artiste traverse de longues périodes maniaco-dépressives. Cette maladie conduit certains à développer des tendances suicidaires mais chez lui cela dériva en délires. « Le délire est une fuite. On préfère se croire mort, ou juste un enfant, c’est une manière de se jeter dans le vide quand, justement, on a peur du vide » constate Garouste.

Il a subi en conséquence divers thérapies en vogue au fil du temps. Principalement: la camisole chimique des cocktails neuroleptiques. Comme Artaud l’artiste connu à Villejuif. Mais l’hôpital Sainte-Anne l’a le plus marqué. Ecoutons l’artiste en parler : « Sainte-Anne est beaucoup plus moderne mais il manque les vieilles cours et les platanes. J’y ai croisé des malades guéris qui refusaient qu’on les remette en liberté, à tel point qu’ils faisaient le mur à l’envers ». Garouste lui-même s’est souvent senti plus en sécurité dans les hôpitaux psychiatriques ou en pension que dans la vie « libre ». « Pour moi, la sortie des hôpitaux psychiatriques n’était pas une libération mais une punition ». Elle durerait encore sans l’amour et certains livres.

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