Dossier Claude Jeanmart
Les images et les mots : vidéos d'artistes.

par Denise Jeanmart

mis en ligne le 18/04/2012

Le texte littéraire et le film ont été déterminants pour que je trouve ma place.
        Claude a choisi d’endosser le rôle du personnage, qu’il soit Je, ou Karl, ou Joseph K, ou K., des amis artistes ou comédiens nous ont rejoint, et je suis passée derrière la caméra pour filmer.

        Avec Jours intranquilles, j’entre un peu plus dans le film: je trouve le titre, je précise l’argument, j’invite à des coupures pour renforcer le propos. J’exprime mon enthousiasme pour certaines images.

        Pour L’Appel des Sirènes, je suis pleinement impliquée, dans l’écriture du scénario, la prise de vue, les indications aux comédiens, le parti pris de filmer en ombres chinoises, de dessiner le décor sur papier avant de le scanner et de l’inclure dans le film.
        Le scénario, je l’ai construit en suivant pas à pas Karl ou K. dans ses rencontres féminines. Pour guider les comédiens incarnant les différents personnages, j’ai suivi très précisément les indications données par Kafka. Dans le récit de ces rencontres, il précise tel ou tel geste, comment Leni saute sur les genoux de K., comment la femme de l’huissier tend la jambe pour faire admirer le bas cadeau du juge, et en le suivant, on est dans la justesse du caractère et de la scène. La scène fonctionne, avec des traits d’ironie inattendus : «  Tiens, c’est vrai, je l’aime ! » (dit Leni dans Le procès).
        Cette attention au texte, nous fait pénétrer dans le temps de l’écriture, dans son intimité. Je me trouve non pas à redécouvrir cet auteur, mais à le découvrir, de manière non pas définitive bien sûr, mais je suis dans une préhension solide à partir de laquelle, je peux échanger, discuter, découvrir. Je suis sortie des impressions et me demande si on ne devrait pas lire tout ouvrage fort de cette manière. Mais en avons-nous le temps ?

Dans les Leçons de ténèbres, j’ai d’abord essayé de construire un scénario incluant plusieurs récits, essayant de les combiner autour de thèmes sur la Création, ses grands hommes, peintres, écrivains, poètes, musiciens, sur ses tourments…J’ai finalement abandonné cette idée pour recentrer notre travail sur le récit en trois parties qui reprend le titre général, celui qui nous a paru traduire le mieux les obsessions de l’auteur, sa ténacité à célébrer la grandeur de la création, et sa bataille pour exister et survivre en tant qu’ écrivain. Les récits jouent des métaphores, empruntant aux jeux des lumières et des obscurités, aux évocations de Prague, de son architecture, de son fleuve, de sa vie nocturne, nous entraînant dans sa ferveur, son imaginaire.

pages    1 / 2 / 3

suite >
 
action d'éclat

Dossier Groborne : Le livre comme révélateur par Gérard Sourd

photographie art peinture