Exposition Lanneau et Nalbandian, au CIAC Château de Carros (06), du 30 juin au 28 octobre 2012. Commissariat : Sophie Braganti.

Exposition de F.Nalbandian à Mont-Dauphin et Les Vigneaux dans le Briançonnais, Quatre, commissairiat : Bernadette Clot-Goudart, association Voyons-voir du 29 juin au 16 septembre 2012.

Les artistes et les expos
Frédérique Nalbandian, Patrick Lanneau.
Sur la piste des éléments
par Sophie Braganti

Dialogues, correspondances et asymétries

Patrick Lanneau est un coloriste. Sa singularité réside dans le fait d’associer des couleurs de façon particulière et de se servir d’elles pour définir des espaces atypiques et de créer des jeux de lumière extraordinairement dynamiques.

Il travaille le paysage, tous les paysages, provoquant un aller et retour subtil du paysage intérieur et du paysage extérieur, tel qu’il le voit et pas forcément tel qu’il est dans la réalité. Sa perception et sa gamme chromatique créent des énergies antagonistes ou complémentaires. On a souvent associé celles-ci aux lumières du paysage méditerranéen par sa crudité et sa violence. Et comme on a toujours besoin de se référer à quelque chose, à d'autres peintres, à d'autres histoires, à un paradis perdu ou retrouvé, à d'autres pratiques picturales, on finit par fermer notre regard à ce qui nous travaille. C'est une peinture qui nous travaille. Parce qu'on l'aime ou parce qu'on l'aime pas comme on parle en psychanalyse d'un phénomène d' "attraction / répulsion". Une certaine radicalité. Les éléments y sont convoqués : terre, air, eau, feu. Ceux-ci s’adressent tant à l’esprit qu'au corps en le déstabilisant, l’incitant ainsi à se réinventer dans le monde, à réviser ses positions d’homme à homme et dans le cosmos.

Dans les nombreuses salles du château, le CIAC, il y a un jeu de lumières intéressantes qui suscitent une interrogation entre la peinture et les paysages qui s’offrent par les fenêtres, à l’extérieur. Le lien semble mis en évidence par cette lumière naturelle du Sud très spécifique, qui cherche à nous étourdir jusque dans le mini labyrinthe des salles. Une violente douceur traduite dans la jubilation de peindre, de travailler la matière dans ce qu'elle a d'immatériel tellement l'esquisse et la fluidité prennent le pas sur les travaux antérieurs. Les arbres et panneaux comme des flèches semblent indiquer des directions pour le regard. Un cyprès prend l'allure d'une lame de couteau, un sapin d'une lance. Une faculté de « se mouiller ». Pourquoi aujourd'hui devrait-on craindre de peindre un paysage ? Parce que Dada est passé par là ? Les Supports / Surfaces et leurs dictats ? Les écoles d'art ? Qu'entend-on par paysage, quand son objet n'est pas la représentation, ni la volonté de se soustraire à celle-ci ?
Les éléments des peintures récentes s’adressent aux sensations avec en regard, les vidéos Vert et Ni dehors, ni dedans, les sculptures de bronze des années Area (Paris) et les dessins. Géométrie, mathématiques, philosophie et poésie nourrissent sa peinture et transpirent dans la toile et dans l'huile. Musique des rythmes du tableau sur fond de Ligeti, Philip Glass, Radiohead et Art Blakey. Palimpseste des transparences. Va-et-vient entre surfaces et profondeurs.
Mais c'est le cinéma qui a commencé à délier les langues de Patrick Lanneau et de Frédérique Nalbandian, entre deux cours de la Villa Thiole où ils enseignent, autour d'échanges passionnés sur les films des cinéastes arméniens Péléchian et Paradjanov.

mis en ligne le 12/07/2012
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