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DVD
Du sublime à l’abject (et Lycée de Versailles)
Les DVD : Du sublime à l’abject (et Lycée de Versailles) par Guillaume de Boisdehoux
La Foi du Siècle, une
histoire du Communisme
P. Rotman & P. Barberis,
Arte Vidéo
Quatre heures, en deux DVD, sur ce sujet unique. Le communisme était l’application d’une idéologie, le socialisme, né de l’injustice du capitalisme, de la révolte d’individus refusant d’être traités comme des choses, comme seulement des outils de production. Je ne prends pas ici position sur « l’utopie communiste », mais qu’il me soit permis de relever que sans les idées qui lui ont donné naissance, il y aurait ni droit du travail, ni congés payés, ni médecine du travail, ni droit de grève, ni sécurité sociale, ni allocations familiales, ni…, ce que Mme Parisot et M. Sarkozy veulent tant supprimer. Reconnaissant que ladite application des belles idées ne fut pas un lit plein de roses, je serai toujours ému de voir l’espoir (et triste de le voir déçu) alors que je serai toujours révolté de voir « la conservation armée » lutter contre le même espoir. Rotman, historien et journaliste, devient écrivain et finalement documentariste, avec le succès que l’on sait. Barberie, son complice est documentariste à plein temps. Le découpage est historique, une évidence :
- 1917-1927 L’Utopie au pouvoir
-1929-1939 Le communisme et son double
- 1939-1953 L’Apogée
- 1954-1993 Une fin sans fins
Avec des images d’archives bien restaurées et un montage assez mesuré pour ne pas trop choquer l’historien à qui ne s’adresse PAS ce travail, la neutralité est néanmoins impossible et l’exigence de l’accessibilité interdit quelquefois au commentaire une finesse souhaitable. Rendre accessible ce sujet est difficile, c’est réussi.


L’Affaire Loiseau,
le Sixième Homme
Fabienne Godet, Le Petit Bureau
Malheureusement, ce DVD n’est pas disponible. Mon collègue chroniqueur Simon me l’a donné, après sa rencontre avec Dominique Loiseau, ce flic de l’antigang qui a passé quelques années au trou aux seules fins de ne pas remuer trop violemment une pétaudière assez gênante, les flics ripoux du Quai des Orfèvres qui font paraître les bons Noiret et Lhermitte bien gentils. Diffusé sur une chaîne câblée, 13ème Rue, dédiée au« polar », ce documentaire est très prenant. Voir d’anciens flics, dont certains recyclés dans la presse (E. Young à France-Inter par exemple) affirmer haut et fort l’innocence de Loiseau, dénoncer l’acharnement dont il est victime et qu’il l’empêche d’obtenir ce diplôme de skipper professionnel parce qu’il a toujours un casier judiciaire, tout cela est troublant, pour ne pas dire plus. Finalement, quel besoin de voyager loin pour rencontrer des pratiques de république bananière… Le quai des Orfèvres est tout près de la rédaction de Verso.


Le Dirigeable Vol”
Karel Zeman, Editions Montparnasse
Voilà le type de film qu’on ne sait où classer, tant sur les étagères qu’au sein d’aune chronique. Animation ? Pas totalement. Film d’enfant ? Non plus, j’ai aimé et ai passé l’âge de l’enfance (de peu !). C’est un film magique, au beau sens de ce terme, on pense à Méliès. Grand ou petit, le plaisir est présent à chaque image.


Police District
6 épisodes en un coffret 2
DVD XIII Bis Records
Dist. Gaumont
Ne nous trompons pas. Aujourd’hui, en France et ailleurs, on lit très peu de livres, on regarde peu de films, on ne va ni au musée ni dans les expositions, mais on regarde la télé. Et on dévore des séries, américaines pour quatre-vingt-dix pour cent. L’adolescent français « moyen », et sa femelle, n’ayant pas assez vu les « soaps» américains (financés autrefois par des fabricants de savon) à la télévision, les regardent à nouveau en DVD. Des séries pour Q.I. proche de celui de la tulipe en fleur (0,23) sont rééditées en imposants coffrets qu’un gosse riche achète et duplique, sur son graveur, pour les copains. Des journées entières se passent ainsi, joint circulant entre les gosses à jean taille ultra basse et front encore plus bas. Mais dans les séries, certaines sortent du lot. Tout n’est pas au niveau minable de Friends ou équivalent. C’est le cas de Police District, une série française. Le découpage du scénario, calibré pour laisser l’espace aux publicités, est une des contraintes les plus évidentes et les moins remarquées de la « création » pour chaîne de télévision commerciale : faire coïncider les moments dramatiques avec l’heure des coupures, faire tenir une histoire en 52 minutes qui seront découpées en quatre fois treize, au mieux. Voilà comment on calibre des cerveaux. C’est ce que fait aussi Word, le logiciel de traitement de texte qui prépare les pages et pousse à écrire en respectant ce découpage. C’est subtil ici, il faut le chercher pour le remarquer.
Dans tout film, quel qu’il soit et j’en ai parlé en début de cette chronique, il y a l’histoire qu’on cherche à raconter. Hugues Pagan est un auteur de livres noirs que mon ami Simon a maintes fois loué dans cette revue. J’apprends dans le dossier de presse qu’il est lui-même ancien flic, tout comme Olivier Marchal, allons bon, la police deviendrait un Conservatoire d’Art Dramatique ! ? Mais que fait Sarkozy? (qui ?).
Quand on n’a pas la télé, on peut donc voir, avec plaisir, cette série, créée et jouée par les spécialistes nommés et d’autres. La beauté plastique des « fliquettes » m’a même donné envie d’entrer dans la police, mais pas longtemps…
C’est loin des Cinq Dernières Minutes, certes et il faut faire très attention pour suivre, mais ce doit être ma faible fréquentation du petit écran qui me fait manquer, de temps en temps, une réplique. Et il y a l’argot, alors là je vous dis pas, une vraie leçon. Bon, mais c’est rapide, nerveux, assez bien filmé pour ne pas sembler sortir d’un écran cathodique bas de gamme et ça se tient. C’est, en tous les cas, bien moins convenu (le « venu » est-il de trop ?) que LAPD ou Hill Street Blues, séries du même type US.


Dr. Mabuse
Fritz Lang, MK2 Editions
Critiquer Fritz Lang reviendrait, pour un chroniqueur littéraire, à nous faire part de son émoi à sa découverte d’un livre de Dostoïevski, par exemple, ou de Balzac, il y a des limites à « se foutre du monde» que je ne franchirai pas. Mais je fais le pari que, si tout le monde « connaît » ce film, très peu sont ceux qui l’ont vu. Il doit en être d’ailleurs de même pour tous les classiques, peu importe. Alors, il n’y a pas d’excuse pour découvrir, ou redécouvrir, ce Dr. Mabuse. La restauration est splendide et il est difficile de ne pas voir les deux DVD l’un à la suite de l’autre, c’est magnifique.

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Guillaume de Boisdehoux
mis en ligne le 05/01/2006
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