Dossier Groborne
Quelques mots échangés avec Robert Groborne le 15 octobre 2011

par Gérard-Georges Lemaire

mis en ligne le 28/12/2011
Quand avez-vous commencé cette aventure artistique ?
Très jeune. A dix ans je savais ce que je voulais. J’avais envie de poésie, j’avais besoin de rêver, voilà tout.

Cela s’est-il traduit aussitôt par le désir de peindre, de dessiner ?
Absolument. La parole était déjà difficile pour moi. Il fallait que je trouve un moyen de m’exprimer au-delà de la parole.

Cela signifie-t-il que vous n’avez pas été attiré par l’écriture poétique, comme ce fut le cas pour Paul Cézanne ?
Pas du tout, même si j’étais fasciné par l’écriture. J’aimais la poésie. A l’ adolescence je lisais tout ce qu’on n’apprenait pas au lycée. J’aimais beaucoup les symbolistes, Stéphane Mallarmé, ses contemporains.

Comment avez-vous traduit ce désir ?
Je dessinais d’après modèle, en faisant des natures mortes, et d’autres choses de ce genre. Je n’imaginais pas à l’époque que je pus faire autre chose. Et puis j’ai fait des études tout à fait classiques, étudiant la perspective, l’anatomie et le reste. Cela s’est passé quand je préparais le professorat. C’était des études assez ennuyeuses que j’ai suivies pendant trois ans à Claude Bernard. Je me suis très vite rendu compte que je ne devais pas enseigner, qu’on ne pouvait pas à la fois enseigner la peinture et le dessin et pratiquer ces disciplines. Je ne pouvais pas. Plus tard, à Bernard Ceysson qui me conseillait de prendre un poste aux Beaux-arts j'ai répondu que c’était impossible. Je n’avais pas le goût de convaincre. Je peux tout à fait concevoir qu’un individu puisse vivre sans art.

Comment cette conviction s’est-elle imposée à vous ?
Etant quelqu’un qui n’aime pas se retourner sur son passé, j’ai un peu oublié tout cela. Je préfère vivre au présent, je ne vis pas dans les souvenirs tout en sachant que je suis fait aussi de ce passé enfoui. Par exemple, j’ai voulu oublier l'Algérie. Mon frère, lui, y pense sans cesse. J’ai tiré un trait là-dessus. La seule chose qui me reste, c’est la prise de conscience de la mort. Cela m’a conforté dans la direction que j’avais déjà choisie. C’est beaucoup en fait.

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