Bibliothèque de l’amateur d’art

par Gérard-Georges Lemaire

mis en ligne le 18/04/2012

On a installé des musées et des centres d’art dans les lieux les plus divers : d’anciens bâtiments industriels, des églises, des entrepôts, même une synagogue. Mais il n’y a qu’un seul consacré à l’art qui a pris place dans une ancienne piscine : le musée industriel, le musée national et le musée Jean-Joseph Weerts, qui ne font plus qu’une seule institution qui ont été remplacés par un seul qualificatif : La Piscine (musée d’art et d’industrie André Diligent). La Piscine fête aujourd’hui ses dix ans. Dix ans marqués par de belles expositions, comme celle du Bloomsbury ou celle d’Eugène Leroy, pour ne citer que deux de leurs réalisations marquantes.
Ce n’est pas le musée le plus riche de France, mais c’est peut-être celui qui possède le décor le plus original avec le bassin olympique toujours rempli, ses cabines, sa verrière, tout cela dans le style Art déco voulu par l’architecte qui a construit ce bâtiment original en 1932, Albert Baert. Ce ne sont pas non plus les collections les plus époustouflantes de notre pays. Mais elle réservent de nombreuses surprises : il y a de belles sculptures de Camille Claudel et un beau Vuillard, une toile de Kupka et une autre de Bonnard. Et elles se sont enrichies au fil du temps, en particulier avec des artistes de notre temps, comme le meuble d’Elizabeth Garouste & Mattia Bonetti, l’installation en céramique Laurie Karp et une portrait charmant de Marc Ronet.
Le textile joue un rôle essentiel entre ces murs : on y trouve des travaux anciens, mais aussi des créations modernes, comme celle de Vanessa Bell pour Actes Sud, par exemple, et aussi des pièces contemporaines. En sorte que ces collections somme toutes assez modernes ont pris de l’ampleur et un véritable relief.
La Piscine est devenue un des principaux rendez-vous de l’art actuel en France. On ne peut ni l’ignorer ni nier le mérite des conservateurs qui ont su si bien y travailler. Tout Paris s’y précipite pour le vernissage, et ce n’est que justice.
Ce catalogue des collections, qui s’est accompagné d’une exposition, faisant suite à une autre exposition importante pour Roubaix, la galerie Dujardin, montre que si l’on a pas encore fait le voyage, il est plus que temps de faire ses valises.
Roubaix. La Piscine. Catalogue des collections, Gallimard, 288 p., 29 €.
La Galerie Dujardin (1905-1980. L’Art au XXe siècle à Roubaix, collectif, Editions Gourcuff-Gradenigo, 256 p., 29 €.

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Tout part d’une réalisation, le Potager du troisième Paradis, réalisé dans le parc de la villa Piazzo à Pettinengo en 2008. Il s’agit de la traduction plastique d’un projet global que Pistoletto a mis sur pied depuis les années 90. La première remarque qui s’impose est que ce jardin ressemble au jardin de Beuys qui, lui aussi, repose sur une base trinitaire. Mais s’il s’agit d’une forme d’utopie moderne dans un cas comme dans l’autre, ce que Pistoletto réalise est assez éloigné de ce que Joseph Beuys a pu préméditer depuis les années 60. Disons qu’il y a une lointaine communauté d’idée. Chez Beuys, l’œuvre d’art, en tant que telle, disparaît, en faveur d’un panthéisme de l’art qui se manifeste par l’intervention humaine dans la Nature ou au sein de la société. C’est l’artiste qui est l’ouvre, par sa pensée, ses faits et gestes, ses réalisations. Pistoletto, lui conserve, la notion d’art en plaçant face à face deux statue sur un socle. Même si ces statues n’ont plus le même rôle que la statuaire classique, elles n’en demeurent pas moins des œuvres placées dans un contexte nouveau. L’aspect le plus passionnant de ce texte est que l’artiste s’efforce de mettre en évidence la logique, au-delà des questions esthétiques, qui s’est formulée et développée au fil du temps dans ses créations. Tout converge en fait vers une conception du monde qui est globale, mais pas globalisante. Elle demeure hypothétique, mais n’es est pas moins une incitation à une « révolution «  dans ces termes qui échappent aux définitions du passé. La transformation de nos sociétés reste le but désigné. Et c’est cela qu’il nous expose. Avec toutes les contradictions qu’il suppose, le projet de Pistoletto n’en est pas moins une tentative de modifier l’ordre des choses.
Le Troisième paradis, Michelangelo Pistoletto, 110 p., 29 €.

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