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Backstage
Emmanuelle Bercot
Haut et Court / TF1 Vidéo

J’avais envie de voir ce film pour les seins de la belle Emmanuelle Seigner. J’avoue. J’y ai découvert un phénomène terrifiant: les fans! J’étais, comme tout adolescent, "fan" de chanteurs ou chanteuses. À l’époque, le phénomène avait été introduit en France avec les " yés yés ", " jauni à l’idée ", et les Beatles pour les uns, les Stones pour les autres, les uns et les autres ne trouvant rien de mieux, en guise de " tribune des critiques ", que les marrons sur la gueule en cour de récréation. Il existait peu de programmes de télé avec des " stars ", Albert Reisner et son harmonica ou Mireille et son conservatoire de la chanson ne pouvaient pas faire hurler les foules d’adolescents. Il y avait Salut les Copains, à Europe 1… Ni CD, MTV, M6, Internet ! Un 45-tours était une dépense, un 33-tours un investissement. Pas encore de téléchargement! Alors, avec une industrie du showbiz tellement au point maintenant, avec la télé réalité qui débarque chez les gens, dans des familles paumées du trou du c. du monde quelque part en France, on crée une "fan" qui est totalement aliénée, qui quitte son bled pour camper devant un palace parisien, avec d’autres paumé (e)s pour " voir " leur star. Elle va plus loin, c’est une plongée. Terrifiante aliénation par le business.


La Conquête de Clichy
Christophe Otzenberger
Arte Vidéo


Le clan Pasqua dans ses oeuvres! Clichy, en 1993, est encore à gauche. C’est insupportable pour Pasqua et ses boys, dont Balkany, le merveilleux maire de Levallois adepte des faveurs bucco-génitales obtenues le revolver sur la tempe de la dame, et se fait payer son train de vie personnel par le contribuable, qui est condamné puis réélu! Tant pis pour ses administrés s’ils sont trop cons pour le balancer.
Schuller apparaît comme leur pantin, bien élevé (l’ENA ça aide), mettant en route une machine à gagner les élections. Et il gagne ! Pas de suspense, seulement un immense dégoût sur les ressorts manipulés par ce fumier, mais on a vu et revu les mêmes thèmes, racisme, insécurité et, mes biens chers frères, on va encore les entendre, les voir, les lire entre maintenant et le mois de mai! Les mêmes armes fonctionnent si bien, pourquoi en changer? À l’école de Pasqua, qui a pris le maquis au Sénat pour échapper aux nombreuses mises en examen dont il est l’objet, sans que ça choque personne, Schuller a tout appris, dont les promesses qui n’engagent que ceux qui y croient.
" Je transmets votre CV à un type du Conseil Régional, ça va marcher! ". - Merci ! " C’est naturel. Vous restez à la réunion, vous venez ce soir mettre sous enveloppe, n’estce pas ! " - Euh, ben oui ! Et voilà, encarté ! Pour le job, on verra, ou pas.
Le film est très bien fait. Dans les bonus, les entretiens avec Depardon et l’ex-Juge Éric Halphen sont passionnants. C’est la période, on est repartis ! Les mêmes, venus de Neuilly, font rire le MEDEF du sort des expulsés d’un squat de Cachan. Il suffisait d’envoyer 800 CRS, ça entretient le bon climat d’insécurité pour les prochaines élections. On pouvait mobiliser 800 CRS ici, mais 200 soldats seulement, ça a changé, pour essayer d’éviter que les vaillants résistants du Hezbollah, courageusement cachés et protégés par les braves (et sûrement volontaires) occupants des maternités, crèches, écoles maternelles et primaires, et hôpitaux continuent, avec les missiles gentiment offerts par l’Iran, de bombarder héroïquement Israël. Une scène continue de me trotter dans la tête. Schuller a conquis Clichy et, avec le distingué Balkany, entonne une Marseillaise fausse à en faire accéder Michel Debré à l’Opéra de Paris et, surtout, faussement "jouée". Ça pue l’escroquerie, pas besoin d’un odorat très fin, y compris avec la " gentille Chrystelle", compagne (de fuite sous les tropiques ensuite !) du Schuller. La seconde partie de la scène est, après l’annonce simple de sa défaite par Catoire, une Internationale entamée, par le couplet, par un vieux militant et reprise, au refrain, par une bien triste salle des fêtes.
On dira que je suis partial. Oui. Je préférerai toujours un modeste maire socialiste battu à Clichy, ou ailleurs, et ses supporters au regard triste, à la clique victorieuse Pasqua-Balkany-Schuller, ou autres de Neuilly, et leurs bonnes femmes embagousées, siliconées, botoxées et envuittonées qui, le regard et les lèvres humides de désir pour leur mec, se préparent à la gâterie au héros sans même la contrainte par arme à feu ! J’assume et refuse d’en discuter avec un partisan de ces zigs, n’ayant ni temps ni salive à perdre. Choisir mes interlocuteurs est MON privilège, peut-être même le seul, alors j’y tiens et, reprenant le mot d’un très grand philosophe judéonormand de la seconde moitié du XXe siècle, je déclare : " Il ne faut pas parler aux cons, ils pourraient apprendre des choses! ". Quand je suis contraint de les fréquenter, de subir la lourdeur de leurs haleines alcoolisées vomissant des propos abjects et stupides, je la ferme et, curieusement, c’est là qu’on me trouve le plus brillant en soirée. Je fais le petit toutou qui fleurissait les plages arrière des voitures "modestes" autrefois. Je hoche la tête. Ils croient, ces cons, que j’acquiesce à leurs propos. Mais mon esprit vogue, vers l’intelligence du visage non tiré d’une belle aux seins lourds d’avoir été tant caressés, vers le regard d’un enfant qui, ayant souffert, a tout compris, vers le véritable amour de parents qui n’ont jamais spéculé, vers l’irrévérence indispensable de Marx (Groucho et ses frangins, par Karl !), de Mel Brooks, Woody Allen ou Jean Yanne, des noms qui, contrairement aux leurs, resteront.


Vers le Sud
Laurent Cantet
Éditions Montparnasse


Qui a dit que seuls les hommes s’adonnent au tourisme sexuel? Certes, les petites filles de Bangkok sont peut-être moins consentantes que les jeunes beaux blacks de Haïti, mais… Ah gigolo, quel beau métier ! Surtout avec la somptueuse Charlotte Rampling qui, si elle lit ces lignes, peut écrire à la revue qui transmettra, c’est quand tu veux Charlotte, pour le plaisir. Elle perce l’écorce, (comme le revenant de Ré, tiens !), dans une très belle et fine analyse de l’amour tarifé, une vieille industrie, encore vécue différemment par les hommes et les femmes, ce qui est à la fois normal et étrange, mais ça devrait changer, j’en fais le pari. Pas de jugement, beaucoup de finesse. Très beau film, qui évite, il fallait le faire, la carte postale, qui donne envie de vacances sur la plage avec la mer chaude, sans oublier que ces lieux paradisiaques sont, si souvent, les fausses vitrines de régimes immondes, dictatures atroces soutenues par nos belles démocraties, oui oui, Haïti et Duvalier, ou le bon père Aristide, des mecs bien. Tiens, à propos de "régime", une bien bonne et j’arrête. Jean Yanne était à Vichy et le maire de la ville, le recevant, se plaignait des allusions constantes à l’histoire, à la collaboration, au régime de Vichy. Yanne lui suggère alors de changer le nom de sa ville, rien de plus simple. Il suggère au maire de nommer sa belle ville "banane". Comme ça, on pourra encore parler du régime. J’aime.

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Guillaume de Boisdehoux
mis en ligne le 08/01/2007
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