Les artistes et les expos

Samuel Rousseau ou la vie rêvée des choses
(Vidéos pas gags)

par Jean Paul Gavard Perret

Les vidéos de Samuel Rousseau sont parfois frénétiques et ludiques. Elles s’amusent à doubler le réel comme les futurismes le retravaillaient. Parfois deviennent moins soucieuse de visibilité, de spectacle et d’immédiateté. Moins transformatrice en somme, et sans doute plus constructrice. Elles croient au génie des machines. Elles se font plus graves et hantées par les dilemmes de leur propre possibilité. Toutes sont animées d’un profond mouvement intérieur et demeurent très loin du cinéma fut-il abstrait. Tout se joue sur la mise en rapport des deux espaces celui de la vidéo et celui de l’espace où elle s’intègre et en conséquence sur la position physique et psychique et la réception perceptive que le spectateur, partagé entre un dedans et un dehors, est conduit à s’inventer. Chez Rousseau l’image gagne de nouvelles dimensions. Elle échafaude une esthétique et une dynamique nouvelle tant le créateur déborde d’invention et d’énergie. Son approche est souvent minimaliste comme dans « Terrain vague ». Dans cette vidéo la mise en scène est épurée à partir de matériaux simples de récupération, naturels ou manufacturés : pneus abandonnés, arbre mort ou vieux bout de chandelle. Réduisant le médium vidéo à ses composantes essentielles - la lumière et le temps - et par ces divers rebuts une sorte de double virtuel est projeté. S’y mêlent librement les signes d'une mémoire imaginaire et poétique.

Né en 1971 à Marseille, Samuel Rousseau vit et travaille à Grenoble. Il a derrière lui déjà un CV impressionnant..
Recueillant des objets inertes et leur rend une vie rêvée par le truchement de la vidéo comme cette dernière transforme de purs effets optiques en une sorte de manière concrète. Le rebus, la chose morte, garde une mémoire de vie révélée par la construction d'un double virtuel. A l’inverse les éléments plus abstraits font émerger de nouveau territoire. Dans les deux cas s’opère entre le corps et ce qui l’entoure, une perte de repère et une forme d’ivresse. L’image vidéo - souvent dépourvue de son - devient une matière à modeler que l’artiste se plait à inscrire dans des endroits insolites pour qu’ils le soient encore plus. L’artiste aime retourner les situations et déglinguer les codes qui régissent les habitudes perceptives et les réflexes cognitifs. Il n’hésite pas à porter au niveau d’oeuvres d’art objets ou gestes sans importance. C’est aussi une manière d’ironiser la technologie afin de ne pas la fétichiser. Partant donc de situations ou d’objets réels Samuel Rousseau se dégage de tous les éléments superflus pour revenir au fondamental : la vidéo elle-même en tant que langage. Ce dernier interfère dans le processus continu du temps sans forcément s'en servir- et c'est d’ailleurs là une des grandes différences entre la vidéo et le cinéma. Sans subjectivité apparente Rousseau crée une œuvre qui n’a rien à voir avec sa vie comme si on avait affaire à une autre personnalité. Il imagine un monde où les seules formes deviennent de la poésie. Toutefois ses travaux sont l'expression de lui-même.

Les artistes et les expos : Samuel Rousseau ou la vie rêvée des choses (Vidéos pas gags) par Jean Paul Gavard Perret
Samuel Rousseau.
Du 10 juillet 007 au 7 novembre 2010,
Fondation Salomon, Alex.
mis en ligne le 11/05/2010
pages 1 / 2 / 3 / 4
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