Dossier Biennale de Venise 2011

Les coulisses de l'Italie d'Orlando Mostyn-Owen

par Amélie Adamo

mis en ligne le 01/09/2011

Rendre possible l'intervention et l'interaction de regards d'intellectuels venus d'horizons variés (sans forcément se limiter au seul choix d'un commissaire ou d'un critique d'art), montrer diverses facettes du visage que peut prendre la création actuelle (en Italie ou ailleurs), dans ses identités singulières ou dans ce qu'elle a d'inconfortable même : n'y a-t-il pas dans cette idée, fut-elle ici maladroitement mise en acte, la possibilité d'une ouverture face au diktat d'une mondialisation et d'une lecture surfaite, unifiée, lisse, de l'art contemporain ? Lecture à laquelle se plient bon nombre de bureaucrates culturels et de manifestations internationales (la Biennale y compris) qui, par stratégie, se font les rouages d'une machine promotionnelle bien uniformément réglée. Alors oui c'est vrai, comme certains l'ont souligné, il réside dans ce panorama des partis pris qui sont sans aucun doute contestables (bien des « croûtes » ont été choisies : reflet souvent d'une évidente naïveté esthétique). Mais ils le sont tout autant, précisons-le pour mémoire, dans le jeu de l'art contemporain lorsque s'y impose, par ruse et raisons mercantiles, le règne du « n'importe quoi ».

Soulignons enfin que dans ces choix contrastés, certains n'en demeurent pas moins pertinents. En peinture par exemple. Parmi les aînés, rappelons la présence importante de Cremonini, auquel Marc Fumaroli accorde une juste place. Concernant les plus jeunes, la représentation d'Orlando Mostyn-Owen (nommé par Giovanni Sartoni, homme de gauche anti berlusconienne) est particulièrement intéressante dans ce contexte. Sa peinture déjà se démarque très clairement par rapport à nombre de peintres appartenant à sa génération (autour de 1970). D'Arrivabene Agostino à Cucco Grazia ou Roberto Ferri, entre autres, que voit-on ? Une peinture qui revendique, par un retour à un prétendu métier et à des sujets traditionnels, un ancrage culturel aliénant et manquant cruellement d'imaginaire. C'est ici : la résurgence de figures mythologiques et d'êtres hybrides apparaissant dans une imagerie lisse aussi précise que naïve, à résonance pseudo médiévale ou renaissante, teintées d'ennuyeuses rêveries « intemporelles ». C'est là : des étreintes de chairs, banalement pornographiques et faussement caravagesques. Autant de « mauvais » tableaux en bref, par rapport auxquels la peinture de Mostyn-Owen se détache avec évidence.

pages 1 / 2 / 3
suite >
< retour
 
action d'éclat

Dossier Bruno Macé Original ? par Bruno Macé