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[verso-hebdo]
18-12-2014
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
Deux raisons d'aller à Chantilly avant le 4 janvier
L'exposition Fra Angelico, Botticelli... Chefs d'oeuvre retrouvés qui se tient au Jeu de Paume de Chantilly jusqu'au 4 janvier est remarquable pour au moins deux raisons. La première : son origine, la deuxième : son mode de présentation.
Son origine : elle vient des travaux d'une jeune chercheuse américaine en histoire de l'art, Anne Leader, qui, en juillet 1999, achevait une thèse de doctorat consacrée à l'église florentine de la Badia. Elle s'intéressait aux fresques de cette église bénédictine consacrées à Saint Benoit, datant des environs de 1430, dans un style à l'évidence proche de celui de Fra Angelico et attribuées à un obscur artiste portugais. L'une des scènes de ce cycle représentait Saint Benoit dans une grotte, bizarrement nourri par un panier à provisions. Parallèlement, la chercheuse se documentait sur l'iconographie des saints ermites de la période, et prenait connaissance du Saint Jérôme par l'Angelico du Musée Condé de Chantilly : la photographie de l'époque montrait un panier sortant de la grotte de l'ermite. Or, Anne Leader connaissait bien une autre peinture de l'Angelico dans les réserves du musée de Philadelphie, représentant un pape et dans laquelle un mystérieux panier émergeait de nulle part, en haut et à gauche. Anne Leader pensa aussitôt que la peinture de Philadelphie n'était autre que la partie inférieure du panneau de Chantilly. Hypothèse qui fut confirmée un peu plus tard par la restauration de ce dernier qui fit apparaître que le panier n'était qu'un repeint tardif, à supprimer. De telle sorte que la corde tenant le panier passe bien aujourd'hui du panneau supérieur droit au panneau inférieur droit de la Thébaïde de Fra Angelico, reconstituée sous l'autorité de Michel Laclotte et Nathalie Volle (cinq panneaux sur six présents à l'exposition). Grâce à l'intuition géniale d'Anne Leader, il a bien été possible de retrouver un chef d'oeuvre dont les différentes parties étaient depuis longtemps séparées, réparties en des lieux divers.

Deuxièmement son mode de présentation : il fallait faire comprendre au public comment les différents fragments s'emboîtent les uns dans les autres (cas de la Thébaïde de l'Angelico), ou bien comment s'établit une continuité temporelle (cas des Scènes de la vie d'Esther par Sandro Botticelli et Filippino Lippi), ou encore comment il est possible de proposer une reconstitution partielle d'un grand retable ayant deux auteurs (cas du retable de la chapelle San Bernardino de l'église San Francesco à Narni par Francesco di Giorgio et Lorenzo di Pietro dit Vecchietta). Pour cela, on a eu recours à une installation numérique d'une merveilleuse limpidité. La conceptrice s'appelle Anne Jaffrenou, elle a fait l'Ecole Nationale d'Art de Cergy et fréquenté Rutgers University aux Etats-Unis. Elle dit aimer à la fois l'art et l'innovation et cela se voit. Les oeuvres et fragments d'oeuvres sont accompagnés d'écrans, soit à taille réelle soit en agrandissement, qui traduisent clairement les propositions parfois compliquées des historiens de l'art et, grâce à leur luminosité, rendent plus visibles la splendeur des couleurs des primitifs italiens réunis pour l'occasion. Anne Jaffrenou propose des dispositifs « sur mesure » pour apporter l'art au plus grand nombre (à la télévision par exemple). Sa réalisation pour Chantilly est une réussite.

Allez donc à Chantilly, mais cependant ne vous laissez pas piéger par certaines approximations de l'exposition du Jeu de Paume. Puisqu'il y était notamment question de Botticelli, les organisateurs n'ont pas résisté à la tentation de faire venir du château-musée une de ses pièces les plus contestables jadis achetée sans trop de discernement par le duc d'Aumale : l'effarante Allégorie de l'automne abusivement présentée comme étant de Sandro Botticelli (en grosses lettres) et son atelier (en petites lettres et entre parenthèses). Botticelli a bien réalisé vers 1470 un dessin extraordinaire sous le même titre, « le paradigme de l'art toscan et l'un des plus purs dessins universels par son rythme de danse et son élan aérien » a écrit Jean Leymarie. Or le tableau de Chantilly n'en est qu'une interprétation besogneuse et sans grâce par les apprentis de l'atelier du maître : les auteurs du catalogue le reconnaissent d'ailleurs dans la notice. Mais le mal est fait : l'inscription magique « Sandro Botticelli » est là, qui plonge les visiteurs crédules dans l'erreur. Comment l'éminent président-directeur honoraire du Louvre qui co-signe l'exposition a-t-il pu laisser passer cela ?
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr 18-12-2014
P.S. Verso-Hebdo prend deux semaines de vacances : rendez-vous donc au 8 janvier, et tous nos voeux de bonne année 2015 à nos 14.000 fidèles abonnés.
 
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Verso n°136

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