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[verso-hebdo]
01-05-2014
La chronique
de Pierre Corcos
Passions dans l'art
Certains films de fiction possèdent davantage une valeur extrinsèque, par les thèmes qu'ils abordent, les questionnements ouverts, qu'une vertu intrinsèque par leurs qualités formelles, leur génie propre... Ainsi le récent film The best offer (La Migliore Offerta) de Giuseppe Tornatore (auteur du film émouvant Cinéma Paradiso), qui nous parle de ventes aux enchères - comme son titre le suggère -, mais également des passions du collectionneur, du faux et de l'authentique, de la sublimation fragile des pulsions, de névroses sans doute plus spécifiques des milieux de l'art, etc.
Les défauts du film, nombreux, font qu'on ne peut, hélas, lui consacrer le nombre de lignes que nous aurions voulu lui réserver. Il a d'ailleurs reçu un accueil très mitigé de la critique... C'est un thriller hitchcockien mal construit, invraisemblable, versant dans le pathos emphatique, et alourdi de rebondissements superflus dans sa deuxième partie. On retiendra cependant la remarquable interprétation de Geoffrey Rush dans le rôle principal, la magnificence des décors, la musique composée par Ennio Morricone et, bien entendu, la présence appuyée de l'art, de la grande peinture tout au long de l'oeuvre.

Le scénario : Virgil Oldman est un commissaire priseur célèbre et un expert infaillible en matière de contrefaçons. Raffiné, solitaire, d'un abord glacial et hautain, ce sexagénaire ne se détend qu'en compagnie d'un vieil ami (Donald Sutherland) avec qui il s'est entendu pour acquérir certaines pièces mises en vente. En effet, Virgil Oldman a monté une secrète, éblouissante et gigantesque collection de peintures de toutes les époques et consacrées aux femmes, au charme féminin... Il est un jour contacté au téléphone par Claire, une jeune cliente (Sylvia Hoeks), pour une estimation globale de biens. Mais il ne peut voir son interlocutrice, celle-ci se dérobant lors des multiples rendez-vous. A la fin, il se rend compte qu'agoraphobe, elle reste toujours claustrée, lui parle cachée derrière une porte. Ce misanthrope d'Oldman devient peu à peu obsédé par cette femme mystérieuse, insaisissable et, quand il finit par l'apercevoir enfin, tombe follement amoureux de sa juvénile beauté. Malgré leur notable différence d'âge, par leur passion commune pour l'art, et la confiance thérapeutique qui peu à peu s'établit entre eux, une histoire d'amour semble mûrir entre Virgil Oldman et la jeune et séduisante héritière... Il lui fait découvrir sa caverne d'Ali Baba, son trésor de peintures, et la romance court vers le « happy end ». Mais voilà que la dulcinée va disparaître... en même temps que la magnifique collection, totalement dérobée ! Défait, rompu, Virgil Oldman, qui a entre-temps abandonné sa profession, a perdu en même temps l'art et l'amour. L'expert infaillible en matière de contrefaçons n'a pas su percevoir l' « escroquerie amoureuse ». Pour risquer un jeu de mots, Virgil ne voit plus Claire. La peinture, la beauté, la jeunesse ont disparu. Ne demeure que le cynisme impitoyable d'une époque matérialiste, médiocre, avide. Et la passion, blessée mais authentique, du vieux passionné d'art.

Le concept de sublimation trouve ici une bonne illustration dans la personnalité du héros, phobique du contact, fuyant la sexualité, sans doute resté vierge, et qui n'aime les femmes qu'à travers leurs plus belles représentations picturales. La passion amoureuse sort Oldman de cette étouffante maladie de l' « idéal du moi », et une vie conjugale amorcée avec Claire défait une « cuirasse caractérielle » qui n'a plus lieu d'être... En même temps, cette névrose de la sublimation le préservait de l'adaptation à une normalité médiocre. L'idéal de Virgil demeure à la fin, même si son moi est gravement affecté. Claire, quant à elle, est une agoraphobe, et cette phobie vient favoriser un enfermement passionné dans un somptueux environnement esthétique. Sa passion artistique la conduit à l'escroquerie et au vol... Dans le premier cas, l'idéal esthétique est garant d'une élévation morale - cf. Shaftesbury (1671-1713) qui voit un rapport originaire du sens moral et du goût pour le beau -, mais hélas, dans le second cas, l'avidité pour tout ce qui est précieux (comme l'amour qu'elle a perdu, étant plus jeune) mêle passion artistique et comportement voyou...
Un autre thème abordé par le film est celui du faux et de l'authentique. Il existe toujours un pointe d'authentique dans le faux, répète Oldman. Mais la contrefaçon, le plagiat et la copie gangrènent le monde de l'art, bien plus que nous le pensons. Par ailleurs, le faux, le semblant peuvent s'immiscer dans les sentiments les plus purs.
Enfin, le film nous parle (son titre) de... la meilleure offre. Qu'est-ce qui mérite le plus fort investissement ? Et que, lors de la grande vente aux enchères des destinées, nous fassions, dans la chance de la rédemption et dans le risque de la ruine, la meilleure offre ?
Pierre Corcos
01-05-2014
 
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Verso n°136

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