Dossier Claude Jeanmart
Claude Jeanmart et das Urteil de Franz Kafka

par Giancarlo Pagliasso

Traduit de l’italien
par Gérard-Georges Lemaire

mis en ligne le 18/04/2012

        Claude Jeanmart a consacré quatre années de sa production artistique (de 2004 à 2008) à rendre visible l’œuvre de Franz Kafka. En guise d’« outils » figuratifs, il a expérimenté différentes techniques (peinture, collage, impression digitale à jet d’encre sur toile, film, etc.), en les mélangeant souvent dans des constructions iconographiques qui cherchent à rendre au mieux les stratifications de sens des textes de Kafka.
        La typologie expressive a été maintenue dans la collaboration avec Jordi Cerda, où ils examinent plus spécifiquement les grands romans ; toutefois, à deux occasions, pour les récits « Bescreibung eines Kampfes » et « Das Urteil », il a organisé sa « palette » exclusivement dans un registre pictural.
         Dans le cas du second récit, « le Verdict », cela se traduit par l’usage de l’acrylique, de la poudre de marbre et le fusain (qui, d’une certaine manière, « contournent » les collages avec les photographies présentes dans les douze œuvres), tous les matériaux étant destinés à être « déposés» sur un support (dans le cas présent, la toile -, donc ils sont métonymiques par rapport à la surface du tableau en général). Les raisons de cet effort pour obtenir un rendu tactile de la narration figurative sont à mettre sur le compte de la nécessité que Jeanmart a confessé éprouver de manière incontournable pour rendre la spécificité « dure » de l’écriture : « La peinture se présentait alors comme le seul procédé que je pouvais mettre en adéquation avec la brutalité du texte».
        L’œuvre est composée de six parties doubles, chacune mesurant 50 x 50 cm, avec le texte, cité en partie, et une dernière, plus grande de 100 x 100 cm, où son contenu est représenté : tout se passe comme si la confrontation entre les mots et les images était placée en miroir, sans tomber dans une tentative de rendre plus « relâché » le contexte imageant de la transposition de la construction phraséologique.
     Dans le premier épisode binaire, où le héros Giorgio entre dans la chambre obscure du père, l’élément de la fenêtre est repris dans les deux tableaux : le petit, contenant le texte, et le grand, qui présente, en outre, la photographie de la mère, la table dans une perspective cézanienne, et le journal. Le climat de tension qui, dans la nouvelle, est suggéré par les mésaventures de Giorgio, est rendu visible par l’atopie de la photographie et des objets qui paraissent flotter sur un fond bleu anthracite.
     La description du prêtre qui montre les stigmates croisés à Kiev, se réduit à un premier plan de la main traversée par le signe christique presque gravé par le sang de la peinture, alors que la croix purpurine s’offre comme soutien du panneau où sont narrés les faits en question.

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