Voir la Bande annonce du film de Joachim Trier : Oslo, 31 Aout

Le cinéma
par Julian Starke 

Joachim Trier ne se prive pas des moyens technologiques que l’époque lui permet, il les utilise à bon escient.
On retrouve notamment de longs travellings au steadicam ou Anders est flou et la ville nette. Cette sensation de flottement, de flou est utilisée avec finesse. Ce n’est en aucun cas une démonstration de qualité d’image comme on le voit dans certains films numériques d’aujourd’hui qui cherchent justifier leur appartenance au cinéma.
Le personnage est perdu, absorbé par cette ville qu’il ne peut plus habiter.

Malgré l’adaptation, l’œuvre garde un caractère très personnel. Joachim Trier n’hésite pas à prendre du recul par rapport à la culture de la société Norvégienne dans laquelle lui même et son héros sont ancrés, du moins on l’imagine.
Les autres personnages ne sont pas tournés en ridicule et la supériorité intellectuelle d’Anders n’est pas pédante, mais on constate tout de même que beaucoup d’entre eux s’attardent souvent à parler de séries télévisées.

«La force de Joachim est qu’il sait capter des petits instants, très sobres dans le jeu, à travers lesquels il arrive à faire ressentir des émotions, passer un message » disait Anders Van Lie après Nouvelle Donne, son premier long métrage dans lequel Anders interprète le second rôle. Cette réflexion prend tout son sens dans ce film car elle révèle la surface qui nous permet de rentrer dans l’intériorité du personnage. C’est, entre autre, le montage et le choix de ces séquences muettes qui vont apporter beaucoup à notre empathie. La puissance que l’on en retire c’est cette compréhension totale d’un personnage aux mœurs différentes dont la sensibilité s’exprime souvent à travers le silence emblématique et révélateur du comportement, à première vue, froid de la population Scandinave.

La gêne et le sentiment d’amitié profonde sont retranscrits avec grande justesse dans la scène ou Anders et Thomas se quittent pour normalement se retrouver plus tard dans la soirée. Le son n’est plus celui des images à la fin de cette séquence, il y a un champ contre champ minutieux avec les personnages silencieux qui se regardent s’enlacent, se donnent la petite tape amicale que l’on retrouve tout au long du film, puis se séparent.
Le montage nous met dans la même situation qu’eux, l’inconfort et le doute sur la manière de se comporter et de se regarder avant de se quitter. Une information est donnée sous l’image, dans la succession de ces plans.
Cette amitié longtemps brisée par la drogue peut reprendre comme dans le passé, mais peut aussi mourir avec l’échec d’Anders.
Cela n’est rendu possible que grâce au jeu de comédiens de très grande qualité qui se situe à l’opposé des démonstrations opulentes que l’on peut retrouver dans le cinéma classique. Tout est dans la retenue et la compréhension se fait par la magie qu’est le cinéma. 

mis en ligne le 12/07/2012
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