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[verso-hebdo]
16-12-2021
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
Nouvelles variations
de Dezeuze sur le tableau
La galerie Templon présente jusqu'au 31 décembre une exposition de Daniel Dezeuze sous le titre Ecrans/Tableaux : Variations. A vrai dire on ne voit rue Beaubourg ni écrans ni tableaux mais des planches de skis disposées en carrés accrochés au mur. Il faut essayer de comprendre. Ce qui frappe tout d'abord c'est l'entêtement de Dezeuze à parler peinture sans jamais en faire. Revenons en juin 1969 : il a vingt-sept ans quand il signe, avec ses camarades Patrick Saytour, Louis Cane et Claude Viallat un texte appelé à devenir célèbre : « Qu'est-ce que l'objet de la peinture ? C'est la peinture même. » Le tableau, réduit à ses éléments de base strictement matériels - un support, le châssis ; une surface, la toile - sera l'objet de sa réflexion jusqu'à aujourd'hui, à un moment où, à la veille de ses quatre vingt ans, il se demande avec angoisse : « Le tableau va-t-il survivre à l'extraordinaire multiplication des écrans ? Comment peut-il résister aux pratiques dispersées de l'art contemporain ? » Il ne convient pas de sourire : c'est très sérieux. D'ailleurs, Dezeuze, qui a exposé à Los Angeles et à New York, influence actuellement toute une nouvelle génération de peintres américains (nous dit le communiqué de presse) « et fait aujourd'hui l'objet d'une redécouverte critique outre-Atlantique ».
En 1970, Dezeuze rédigea avec Louis Cane un autre texte : Pour un programme théorique pictural, dans lequel Vincent Bioulès découvrit le terme « Support/Surface » auquel se rallièrent Arnal, Devade et Pincemin. Notons que Louis Cane et Vincent Bioulès ne tardèrent pas à revenir à la bonne vieille peinture, tandis que, imperturbable, Daniel Dezeuze entendait ne travailler que sur « les refoulés de la peinture traditionnelle » et lutter contre l'idéologie bourgeoise dominante, qui reflète dialectiquement la crise mondiale du mode de production capitaliste ... Cette crise « peut être saisie à son niveau secondaire idéologique à l'intérieur même d'un mode de signification spécifique comme la peinture ». Cette phrase, tirée du numéro 1 de la revue Peinture-Cahiers théoriques, est de Marc Devade, mais résume parfaitement la pensée de Dezeuze. Nous sommes dans les années 70, la pensée de Jacques Derrida triomphe sur les campus américains, et Dezeuze n'est pas le dernier à entreprendre la déconstruction des codes traditionnels de la peinture : il débarrasse alors sa toile du châssis qu'il pose contre le mur pour jouer du plein et du vide.
Et aujourd'hui ? Eh bien avec les skis (nommés « calligraphie »), c'est la même chose. A l'aide de ses Ecrans/Tableaux, l'artiste conduit le regardeur dans un univers de supports détournés et revisités avec une attention particulière pour la troisième dimension. Ses « calligraphies » ne sont ni peintures, ni sculptures, elles feraient discrètement allusion aux écrans omniprésents dans notre société. Dezeuze entend pratiquer un art toujours capable de « repousser ses propres codes ». « Ma trajectoire s'inscrit dans l'espace historique du tableau à la fois objet réel et objet de connaissance. L'amour de la peinture passe pour moi par une sensualité retenue, un formalisme renouvelé et une tentative picturale ouverte dans ses variations. » Dezeuze, n'en doutez pas, est parfaitement sincère. Les skis dits calligraphies n'édifient pas un système, mais ils permettent à l'artiste de poursuivre un parcours commencé il y a un demi-siècle. « Bien que je sois impliqué, comme tout artiste, dans la définition d'un monde meilleur, je ne me sens pas engagé au sens avantgardiste du terme. Ce qui est en jeu, c'est une nouvelle acception de la notion de vide. La physique moderne démontre que le vide est l'état latent de la réalité et la matière ordinaire. L'état manifeste de cette même réalité. » Vous avez bien compris ? Surtout notez que « cela n'a rien à voir avec le Néant, ni avec la haine du corps et de ses représentations. » Vous voilà armé pour aller voir les skis revisités par Daniel Dezeuze.

www.templon.com
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
16-12-2021
 
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Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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