logo visuelimage.com
 
 
 
Les [Verso-hebdo] antérieurs
  1 2 3 4 Suite

30-04-2025

24-04-2025

17-04-2025

10-04-2025

27-03-2025

20-03-2025

13-03-2025

06-03-2025

27-02-2025

20-02-2025

 
[verso-hebdo]
30-04-2025
La chronique
de Pierre Corcos
Dessins en Arles
Au commencement était le graphe... Ce trait, cette ligne que l'humain inscrit sur une surface. Virtuellement dessin et/ou écriture (représentation graphique figurative : le pictogramme ; écriture formant un dessin : le calligramme). Pression, vitesse, épaisseur, continuité ou interruption... Toutes ces caractéristiques s'observent aussi bien dans le graphe écriture (graphologie) ou le graphe dessin. On peut reconnaître le scripteur ou le dessinateur à son trait. Signature sismographique en quelque sorte ! Et ce en deçà de ce qu'il écrit ou représente. Il convient de garder ces fondamentaux à l'esprit lorsqu'on regarde des dessins.
En dehors de traditions ou normes esthétiques qui s'imposent (estampes japonaises, « ligne claire » dans la B.D. belge, etc.), la ligne, comme expression pure, peut s'émanciper de la représentation (Francine Simonin, Jean Scheurer, John Bunion Murray), elle peut se faire à la fois gribouillage expressif et dessin figuratif (Alan Vega), elle peut vagabonder dans l'ondulation (Fabien Verschaere) ou se contracter dans l'extrême minutie (Michel Roux), etc., etc... Mais où peut-on voir/lire les oeuvres de ces différents artistes cités en exemple ?

Jusqu'au 11 mai, dans le Festival du Dessin d'Arles... Il en est à sa troisième édition et vaut le déplacement. Une quarantaine d'expositions, plus d'un millier d'oeuvres visibles en de superbes lieux d'une ville si attachante (Espace Van Gogh, Palais de l'Archevêché, église Sainte-Anne, musée Réattu, chapelle du museon Arlaten, etc.), et dans une variété de styles, démarches, techniques et genres qui doit convaincre les publics de l'importance du dessin, du geste graphique, en un temps où les installations en art contemporain et le numérique peuvent le marginaliser. Frédéric Pajak, dessinateur, écrivain et directeur des éditions « Les Cahiers dessinés » et Véra Michalski, présidente du groupe éditorial Libella en Suisse, à l'origine de ce festival, ont relevé le défi de l'exigence jointe à la popularité (plus de 140 000 visiteurs l'an dernier). On peut juste constater que certaines dimensions critiques, politiques, érotiques ont été, pour un lissage consensuel, rabotées. Mais, dessins d'art ancien ou contemporain, d'humour ou de voyage (« travel books »), d'art brut ou classique, de collections privées ou d'archives de la Bibliothèque nationale, de grands artistes ou d'inconnus, d'architectes ou de cuisiniers (dans la série de ces différents métiers qui recourent au dessin), cet afflux et ce brassage d'oeuvres à majorité française (mais il y a aussi des Suisses, des Belges, des Polonais) suffisent à combler les visiteurs. Lesquels, dans leur immense majorité, ne sont ni collectionneurs ni spécialistes. Ils découvrent, en lisant les présentations rédigées par les artistes eux-mêmes de leur travail, ce qu'est leur rapport au dessin. Et cette excellente initiative montre qu'il ne s'agit pas seulement pour eux d'un choix esthétique (« le dessin pour moi, c'est le trait », affirme Philippe Mohlitz par exemple), d'une façon d'aborder le réel, tenter de le maîtriser par un jeu de lignes et de hachures ou de se défendre contre lui par des figures de l'imaginaire, mais encore – ce qui est troublant, émouvant – d'un art de vivre, voire d'une attitude existentielle... Jeu, fuite, ascèse, rêverie, vagabondage, le dessin, par son potentiel d'immédiateté créatrice (un crayon et un bout de papier suffisent) reste au plus près de soi... Cette compréhension du dessin comme expressivité intime rend compte sans doute de l'exceptionnelle qualité de la collection Antoine de Galbert, dont un choix de dessins nous est proposé. Si par malchance l'on ne disposait que d'un temps limité en Arles pour ne voir qu'une seule exposition, alors c'est là qu'il faudrait courir. Il ne s'agit pas en effet d'un éclectisme bien pensé, s'étendant à l'horizontale d'un même plan lisse, mais d'un paysage heurté, chaotique, périlleux qui secoue le visiteur. Tel dessin de Stéphane Mandelbaum (cf. Verso Hebdo du 21-3-2019), Jean Rustin, Jérôme Zonder, Fred Deux, Louis Soutter, Yoshifumi Hayashi, Patrick Van Caeckenberger vous rappelle que cette expressivité intime peut incliner au monstrueux, à l'extrême. Enjeu, et prix à payer du dessin !
Mais le dessin génère de telles passions, à la limite parfois de la... démangeaison, qu'il peut entraîner, puisque le temps ne compte plus, à la démesure. Il suffit de voir les arbres dessinés dans leurs moindres détails, au crayon sur du papier journal vierge, par l'Allemande Gudrun von Maltzan, et comprendre que les chiffres sur le côté correspondent aux heures passées sur une minuscule partie, ou bien de dénombrer tous les détails accumulés, dessinés au burin dans ses compositions pléthoriques par Philippe Mohlitz (1941-2019) ou encore d'imaginer la patience qu'il a fallu à Pascale Hémery pour dessiner, au fusain sur papier vélin, une ville entière en surplomb, ou enfin d'apprécier comment Diana Quinby explore graphiquement son corps par un jeu infini de traits, pour éclairer d'une autre façon la phrase célèbre d'Ingres : « Le dessin est la probité de l'art ». Cependant le travail ne peut pas être la valeur absolue du dessin. L'idée qui fuse et l'ellipse graphique l'accompagnant gardent toute leur place. Aussi le festival a-t-il consacré beaucoup de place au dessin d'humour et à ses plus grands artistes. Dommage qu'il soit en perte de vitesse, tout comme le dessin de presse ! Cet excellent festival n'a-t-il pas aussi pour but de ranimer des pratiques en voie d'extinction ?
Pierre Corcos
corcos16@gmail.com
30-04-2025
 

Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

visuelimage.com c'est aussi

Afin de pouvoir annoncer vos expositions en cours et à venir dans notre agenda culturel, envoyez nous, votre programme, et tout autre document contenant des informations sur votre actualité à : info@visuelimage.com
ou par la poste :
visuelimage.com 18, quai du Louvre 75001 Paris France

À bientôt.
La rédaction

Si vous désirez vous désinscrire de cette liste de diffusion, renvoyez simplement ce mail en précisant dans l'objet "désinscription".

     


Christophe Cartier au Musée Paul Delouvrier
du 6 au 28 Octobre 2012
Peintures 2007 - 2012
Auteurs: Estelle Pagès et Jean-Luc Chalumeau


Christophe Cartier / Gisèle Didi
D'une main peindre...
Préface de Jean-Pierre Maurel


Christophe Cartier

"Rêves, ou c'est la mort qui vient"
édité aux éditions du manuscrit.com