Les artistes et les expos
En lisant les leçons de ténèbres
de Patrizia Patrizia Runfola :
la célébration de Beaugency
par Justine Lacoste

Mais où conduit la montée du Château, comme dans Kafka ? En tout cas la jeun fille a ôté par soumission son bizarre tricorne. J’ai repris par la suite ces dessins en xylographies. En l’absence du gris, le dessin noir et blanc y devient exclu. J’ai choisi deux scènes clefs du récit :la chambre et la nuit de Prague. Même choix pour les deux tableaux. Les contrastes d’ombre et de lumière des dessins y subsistent. La chambre a deux dominantes de couleurs :le rouge foncé et le vert foncé avec des glacis. Prague est nocturne, bleu –sombre du ciel et de l’eau avec une fantaisie, le vêtement rouge de la femme. J’ai fait voler dans le ciel des anges baroques. » Et alors je me tourne vers deux ouvrages de Gerardo Dicrola. Ce sont des plaques d’acier corrodées : l’une est le support d’une photographie de l’auteur paraissant rongée par le temps, s’effaçant et devenant de ce fait plus poignante encore, l’autre un cœur avec de l’or, un cour brisé rappelant le cour percé de poignard de Notre Dame des Sept Douleurs.

      Dans une minuscule abside, le visiteur est invité à voir les films vidéo d’artistes tels que Denise et Claude Jeanmart, d’Olivier de Champris de Solange Galazzo et de Didier Tolla. Chacun de ces films se révèlent une libre lecture – libre et fidèle portant – de ces pages brûlantes d’angoisse et de transports esthétiques.
De l’autre côté de l’église m’attendent les dessins de Didier Tolla. Ils dérivent de la bande dessinée et en dépassent le langage. Ils se caractérisent par des traits acérés et des figures exaspérées. La dimension fantastique des récits croisés des Leçons est aussi accentuée. Depuis peu, Tolla s’est ingénié à s’éloigner des travers de son travail de graphiste pour créer un univers à la mine de plomb ou à l’encre qui soit autonome. Cette série de dessins marque le début de cette échappée belle et de sa faculté de puiser en lui la faculté de produire des scènes qui sont le plus produit de son imagination. Il a choisi le chapitre intitulé « Les Vagues de la Terre » : « J’ai été captivé par toutes les descriptions de personnages en habit rouge, de situations irréelles jusqu’à leur transposition dans les grands portraits de Vélasquez. Tous ces personnages me transportent dans un monde imaginaire où l’aspect physique n’a plus une grande importance, mais où tout est simultanément esthétique et fantastique. Ces moments décrits reflètent des sentiments de solitude vertigineux sauvés par son imagination débordante et beaucoup de gaité. Une échéance est là, de plus en plus proche, mais ce monde qu’elle recrée autour d’elle me transporte dans cet espace que je retranscris : je tente alors de me couler dans ses pensées et de partager ces émotions par le truchement de ma main et de ce que mes sentiments lui dictent. »

Les artistes et les expos : En lisant les leçons de ténèbres de Patrizia Patrizia Runfola : la célébration de Beaugency par Justine Lacoste

mis en ligne le 14/01/2011
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