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[verso-hebdo]
18-11-2021
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
Actualité de Romain Rolland
On parle beaucoup en ce moment du remarquable film de Xavier Giannoli, Illusions perdues, inspiré du chef-d'oeuvre d'Honoré de Balzac. Le roman et le film décrivent le monde de la presse, de la littérature et du théâtre sous la Restauration, et le choeur des commentateurs proclame la prodigieuse actualité des observations balzaciennes. Ainsi Alexandre Devecchio dans Le Figaro du 4 novembre écrivait : « Balzac demeure le grand peintre de la société d'hier, mais aussi de celle d'aujourd'hui. Il avait tout vu, tout compris : les fractures sociales (...), les relations incestueuses entre les médias, la politique et celui de l'argent... » C'est tout à fait vrai, et il me semble qu'un siècle après Balzac, Romain Rolland, en achevant en 1912 son monumental Jean-Christophe qui allait lui valoir le prix Nobel de littérature en 1915, rééditait l'exploit. En décrivant la vie du monde de l'art au début du XXe siècle, il mettait à nu les ressorts de la situation que nous vivons nous-mêmes plus d'un siècle après. Que l'on en juge par quelques citations, relevées par exemple page 1202 de l'édition Albin Michel de 2007 : « Qui a, plus que le travailleur de l'esprit, à souffrir de l'immoralité des conditions sociales, de l'inégalité scandaleuse des fortunes ? L'artiste meurt de faim, ou devient millionnaire, sans autre raison que les caprices de la mode et de ceux qui spéculent sur elle. Une société qui laisse périr son élite, ou qui la rémunère d'une façon extravagante, est un monstre : elle doit être détruite. » Je retrouve ici, quasiment identique, la première revendication des artistes plasticiens lors de leurs « états généraux » réunis à Créteil en novembre 1981. Ils étaient alors soulevés par l'espoir de profonds changements à la suite de l'élection de François Mitterrand. Jack Lang était venu les voir et les avait écoutés. On connaît ses louables initiatives par la suite, notamment dans le cadre de la décentralisation artistique. Mais quarante ans plus tard, les choses se sont plutôt aggravées ! Ecoutons encore Romain Rolland : « La Joconde ne vaut pas un million. Il n'y a aucun rapport entre une somme d'argent et une oeuvre d'art ; l'oeuvre n'est pas au-dessus, ni au-dessous : elle est en dehors ; il ne s'agit pas de la payer, il s'agit que l'artiste vive. »

Après un grave échec, Christophe a décidé de se remettre au travail (p. 487) : « il ne voulait plus rien avoir à faire avec les 'hommes de lettres' les bien nommés, les phraseurs, les bavards stériles, les journalistes, les critiques, les exploiteurs et les trafiquants de l'art. » Cela pourrait être du Balzac, n'est-il pas vrai ? Ce devrait surtout aussi venir sous la plume d'un écrivain indépendant et bien informé du XXIe siècle, qui serait capable de révéler les circuits, les réseaux et les combines qui forment les structures opaques de ce que l'on appelle l'art contemporain. Quelques uns s'y sont essayés dans les années 80-90 parce qu'ils étaient scandalisés par la réussite purement financière de personnages tels que Jeff Koons. Malheureusement ils l'ont fait avec maladresse car ils manquaient cruellement d'informations précises (j'ai pour ma part dénoncé leur échec dans Le Monde du 3 avril 1997). Oui, vraiment, Balzac et Romain Rolland sont toujours d'actualité quand ils décrivent le monde de l'art. Est-ce que cela veut dire que nous devons décidément nous résigner à la domination des exploiteurs et des trafiquants de l'art ? Qu'est-ce qu'une société, toujours fondamentalement la même, dans laquelle les véritables artistes ont tant de mal à vivre ?
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
18-11-2021
 

Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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