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[verso-hebdo]
25-02-2021
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Jim Dine, A Day Longer |
C'était le titre de l'exposition de Jim Dine qui vient de se clore à la galerie Templon. « Plongée saisissante dans un travail plus introspectif et audacieux que jamais » déclarait le communiqué de la galerie en soulignant que l'artiste avait réalisé l'essentiel des oeuvres dans son atelier de Montrouge pendant le confinement, et qu'il avait 85 ans (il est né le 16 juin 1935 à Cincinnati dans l'Ohio). Bonne occasion pour essayer de situer cet artiste difficilement classable. On se souvient que le Centre Pompidou lui a consacré une quasi-rétrospective en 2018 à la suite de la donation par l'artiste de 28 oeuvres. Il s'agissait de « saluer son geste » ; d'ailleurs, la France reconnaissante le fit alors chevalier de la Légion d'honneur ! Bel itinéraire pour celui qui, jeune diplômé de l'université de l'Ohio en 1957, avait rejoint Allan Kaprow, Claes Oldenburg et John Cage à New York pour inventer le happening. Leur première performance, The Smiling Worker, date de 1959. Cela avait peu à voir avec le travail des artistes pop qui allait apparaître en 1961-1962. En tant que peintre, Jim Dine regardera plutôt vers ses aînés Jasper Johns et Robert Rauschenberg : au départ, il est plus proche des néo dadaïstes que de Lichtenstein ou Warhol.
Il n'empêche : ses tableaux des années 60 sont régulièrement rattachés au pop art par la critique et les amateurs. La Tate Gallery de Londres conserve par exemple Rêve ambulant en talons hauts et foulée à quatre pieds de 1965. Des jambes roses de femmes, des souliers à talons haut sur un élégant fond gris. C'est frais, ironique, sensuel et cela suffit pour faire de Dine un artiste réputé pop malgré ses dénégations : il n'a jamais rien emprunté à la culture populaire ou à la publicité et il aimerait bien être considéré comme un « expressionniste romantique ». Le Musée National d'Art Moderne possède en effet The Garden of Eden de 2003, sorte de paravent de cinq panneaux supportant des jaillissements violemment colorés, particulièrement expressionniste. Mais il conserve aussi A Thin Kindergarten Picture de 1974, un élégant nuancier tout en longueur. Sous la peinture, appuyés contre la cimaise, une bonne vingtaine d'outils divers : souvenir de la quincaillerie du grand père qui l'a élevé. Il s'agit donc d'une installation autobiographique qui annonce l'état actuel de l'inspiration de l'artiste tel qu'il vient d'apparaître dans la galerie Templon remaniée par l'architecte Jean-Michel Wilmotte.
Dans l'espace principal, on était frappé par six peintures monumentales sur bois d'une épaisseur incroyable. Les superpositions de pigments permettaient de noyer quantités d'outils matérialisant peut-être des figures inquiétantes : Prophet in the Storm par exemple. Ce prophète dans la tempête résumait à lui seul l'appétit gargantuesque de peinture par un artiste octogénaire n'ayant rien perdu de sa vitalité et éprouvant le besoin de « compliquer sa peinture par l'adjonction sur le support de divers outils, bois de récupération, bottes, canettes indifférenciés et autres détritus ». On était décidément plus près de Tapiès que de Warhol. On pouvait aimer ou détester, mais il fallait bien saluer l'exploit. Depuis les expositions inaugurales chez Sidney Janis (1964 et 1967) jusqu'à A Day Longer, Jim Dine n'a jamais cherché à plaire. Il ne donne à voir que son indestructible force créatrice, et cela suffit.
www.templon.com
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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