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[verso-hebdo]
17-01-2019
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Dossier Supports/Surfaces, Jacques Lepage, édition de Rachel Stella, Ceysson, 24o p.

Le problème qu'a toujours soulevé l'éphémère groupe Supports/Surfaces est que son existence a été si brève (1966-1974) que les historiens d'art n'ont jamais entrepris d'en faire un ouvrage complet permettant de comprendre ce que ses membres ont voulu accomplir. De plus, les artistes impliqués dans cette aventure n'ont pas toujours continué à travailler dans cette optique. Cet ouvrage permet d'en suivre la chronologie et de pénétrer l'esprit quia dominé ces artistes qui ont décidé de rompre avec l'enseignement artistique, mais aussi avec de nombreux aspects de la « tradition du moderne ». Ils ne sont ni conceptuels, ni minimalistes, ni d'ailleurs ne se rapprochent d'aucun mouvement bien défini. Jacques Lepage a écrit ce livre il y a déjà longtemps, en 1978, mais les aléas de l'édition ont fait obstacle à sa parution à l'époque. Son intérêt repose sur le fait qu'il a suivi de très près le parcours de ces artistes révoltés et qu'il a contribué les faire connaître par diverses manifestations, comme Le Ve Festival des arts plastiques, Nice-Antibes, de décembre 1967 à janvier 1968. Dans son esprit, plusieurs choses sont associées au début : le groupe encore plus éphémère B. M. B. T. et l'Ecole de Nice, même au Nouveau Réalisme. En réalité, le groupe Supports/Surfaces n'existe pas encore, et ses premiers balbutiements dans l'atelier de Claude Viallat ou dans les écrits de Daniel Dezeuze. Peu à peu, une nouvelle forme d'expression s'affirme chez certains créateurs, qui commencent à exposer des oeuvres en rupture. On peut observer, en examinant les documents classés chronologiquement, que l'idée d'un groupe constitué ne s'est formulé qu'assez tard. On observe seulement que des artistes comme Alocco, Dolla, Saytour, Dezeuze, Pagès comment à exposer de plus en plus de conserve en 1969. Le manifeste « Pour un programme théorique pictural » rédigé par Dezeuze en collaboration avec Louis Cane en 197O peut être regardé comme un des principaux prolégomènes la constitution de ce nouveau mouvement. Mais déjà Pagès se désolidarise de ses camarades. En fait, le label Supports/Surfaces n'apparaît qu'à l'occasion de l'exposition qui est présentée à l'ARC du musée d'Art moderne de la ville de Paris à laquelle participent Bioulès, Devade, Dezeuze, Saytour, Valensi, Viallat à l'automne 197O.Les interventions publiques se multiplient et Jean Fournier est le premier galeriste parisien s'intéresser à l'un d'eux (Viallat). Louis Cane expose chez Daniel Templon et distribue un trac proclamant : « On décroche ». Une autre manifesttion intitulée « Art et prospective » a lieu dans cette même optique au théâtre de la Cité internationale universitaire de Paris au printemps 1971 accompagné d'une déclaration. Au même moment paraît un dossier dans le numéro inaugural de la revue VH1O1 et Daniel Dezeuze fait sa première exposition chez Yvon Lambert à Paris. La revue peinture : cahiers théoriques voir le jour, avec pour principal animateur Dezeuze. Marcelin Pleynet loue la recherche de Viallat dans son ou rage intitulé L'Enseignement de la peinture. Jean-Pierre Pincemin rejoint le groupe toujours au cours de cette année 71 si riche d'événements ; Quant Marc Devade, il publie un essai en 1972 dans la revue Tel Quel, « D'une peinture chromatique ». Cette même année, expositions, textes, catalogues se multiplient, mais c'est aussi l'année de la rupture : Daniel Dezeuze quitte le groupe au mois de juin ; Cela ne l'empêche d'exposition avec certains de ses compagnons de route. En 1973, c'est Louis Cane qui paraît tenir de flambeau de Supports/Surfaces, alors que Viallat ne cesse d'affirmer sa prédominance dans le milieu artistique. Une exposition Supports/Surfaces a lieu à Londres à l'ICA, mais sans Dezeuze, Saytour ni Viallat. On peut dire que l'année suivante, tout est terminé, non pour les protagonistes de cette aventure, mais pour le groupe proprement dit. Cette documentation ne remplace pas une véritable histoire de ce groupe qui, en si peu de temps, a marqué profondément l'art français. Mais elle est indispensable pour que cette histoire finisse par s'écrire une bonne fois pour toute après plusieurs tentatives fragmentaires.




Bucarelli-Roma, la Galerie c'est moi, Sophie Guermès, Les Editions du Littéraire, 166 p., 19 euros.

Sophie Guermès s'attachée à la figure ô combien prestigieuse en Italie de Palma Bucarelli (1910-1998). Mais en France, son nom n'est connu que quelques spécialistes de l'art de la péninsule pour son rôle dans la seconde partie du XXe siècle. Il me semble donc nécessaire de rappeler quelle a été sa carrière ; née à Rome, elle a fait des études brillantes à l'université La Sapienza où elle est diplômée en lettres. Elle passe ensuite le concours d'inspecteur des Antiquités et des Beaux-arts. Cela lui permet d'entrer à la Galleria Borghese. Elle est ensuite transférée à Naples et revient rapidement à Rome en 1937, cette fois pour travailler à la Galleria d'Arte Moderna, grâce à l'intervention de Paolo Monetti (qui deviendra son amant et qui l'épousera en 1963). Elle devient la directrice de cette institution en 1941. Pendant les années de guerre, elle a déployé une grande énergie pour cacher les oeuvres les plus importantes en d'autres lieux, comme le Castel San Angelo et le palais Farnese. Bien qu'ayant reçu une formation classique, elle s'est empressée de connaître le milieu artistique de son temps et a tout fait pour enrichir des collections qui étaient bien maigres. Elle parvient au cours de sa longue permanence dans ce musée à acheter ou à recevoir des donations pour lui donner une certaine stature. De plus, elle organise des expositions d'un certain relief, comme celles de Picasso en 1953, de Jackson Pollock en 1958, d'Alberto Burri en 1959 (l'acquisition d'un Grande Sacco de cet artiste pour le musée avait fait scandale peu avant), de Mark Rothko en 1962, de Paul Klee en 1970. Elle se crée de fortes amitiés, mais aussi de fortes inimités et jalousies, se distingue par son goût prononcé pour la mode (elle est considérée comme la femme la plus élégante de son époque) et par sa volonté au milieu de difficultés de toutes sortes. Elle est soutenue par de grands spécialistes comme Lionello Venturi et Gian Carlo Argan, qui a été un camarade d'études. Elle qui a admiré pendant sa jeunesse le peintre maniériste Francesco Salviati et, par la suite, elle a défendu l'art abstrait et même l'Arte povera, écrivant des monographies sur Jean Fautrier ou sur Giacometti. L'auteur a résumé ce parcours hors du commun en le présentant sous la forme d'un roman, qui parti d'un jour de l'année 1975 où Palma Bucarelli doit quitter son magnifique appartement de fonction. Elle nous fait revivre les moments importants de son existence et de sa passion de conservatrice à travers des promenades dans la Cité éternelle où elle presque toujours vécu. Sophie Guernès a su restituer les contours de la personnalité de Palma Bucarelli et à décrire tous les obstacles que cette femme peu commune, volontaire et d'une rare beauté a dû surmonter pour parvenir à s'imposer et à faire de la Galleria d'Arte Moderna un lieu prestigieux.




Enigmes et portraits dans la Sierra Madre, Ivan Alechine & Perig Pitrou, Yellow Now, 136 p., 15 euros.

Ce petit album est une vision du Mexique très particulière. Il s'éloigne de tous les clichés touristiques possibles. Il s'est engagé à nous fournir un tableau de la vie que mènent les habitants du centre du Tuxapan, comme les Huichols, descendants des Aztèques, qui vivent dans un territoire assez peu accueillant et loin des grands centres touchés par la modernité. Il a tenu à nous les montrer tels qu'ils se présentent dans leur vie quotidienne, mais encore plus dans leur relation singulière avec le sacré. Quand on regarde ces documents, on se rend compte que la religion catholique n'a pas été en mesure d'éradiquer les croyances ancestrales malgré toutes les pressions imaginables et la dure répression qui a eu lieu depuis l'arrivée des conquistadores. Ces cérémonies rituelles consistent souvent à exposer des objets (on voit une très jeune fille les sortir d'une valise) des offrandes et à se rassembler pour chanter en choeur. On peut aussi découvrir des temples à l'architecture sommaire, des lieux qui ont une signification transcendantale, mais également les gardiens du temple ou ceux qui s'y rendent lors d'une occasion spécifique. Le photographe nous fait découvrir un univers qu'on aurait cru balayer à jamais par les vents mauvais de l'histoire. Mais l'essentiel semble avoir survécu, sans doute sous des apparences peu glorieuses et peut-être simplifiées. Il a fait oeuvre d'ethnologue, mais n'a pas cherché à fournir de savantes explications. Il a désiré que cette survivance soit mise en scène devant nos yeux, non comme un spectacle, mais comme un témoignage nu de ce qui reste des grandes civilisations précolombiennes. Il y a encore les grottes magiques et les lieux où l'on fume le peyotl. Il fait comprendre à quel point le peuple a désiré ardemment préservé sa culture et ses croyances après le démembrement de l'immense et puissant empire aztèque. Ces régions désertiques ou presque en sont la démonstration au sein d'une communauté manifestement pauvre et isolée. C'est un très beau travail et une révélation du plus haut intérêt.




Notre Louvre, Jean-Marie Touratier, Galilée, 126 p., 17 euros.

Le titre évoque évidemment quelques grands livres du passé sur le grand musée parisien, comme celui rédigé par Théophile Gautier et Les Grandes heures du Louvre publiées par Léon-Paul Fargue en 1948. Jean-Marie Touratier, amateur du célèbre musée parisien depuis sa tendre enfance, n'a pas souhaité proposer sa propre visite dans le sens classique du terme, mais plutôt imaginer des destins qui se croisent dans ce lieu mythique, dans une relation fantasmatique entre les personnages et les tableaux et les sculptures. Tout commence par la rencontre, devant Le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault, entre deux jeunes gens qui tombent amoureux et l'ouvrage se conclue par la même scène avec ce couple bien plus âgé. On croise au cours de cette promenade hautement labyrinthique des figures en tous genres, de jeune femme qui est un des nombreux guides de l'endroit et des étrangers, ou une jeune et belle Japonaise -, des personnes qui n'ont pas grand chose en commun. Chacune vit cette relation profonde ou plus superficielle, intense ou amoureuse avec ces créations qui proviennent du temps jadis, d'aucunes fort connues, d'autres découvertes au détour d'une petite salle cachée sur laquelle le protagoniste est tombé par hasard. Il y a dans ces pages un certain humour au-delà d'un profond respect de l'art ancien et il est indispensable pour surmonter les embarras de la circulation entre les différents pavillons et les diverses sections. Touratier nous régale de mille et une façons d'aborder une oeuvre, selon la culture, l'histoire et les désirs de ses figures errantes dans ce vaste temple des arts. Le Louvre n'est d'ailleurs pas seulement un musée dans sa fiction, mais un endroit peu commun, romanesque, où ne nouent des intrigues, entre des individus qui le visitent, mais aussi entre l'un d'eux et un tableau de Rembrandt. Ou ce peut être la vision d'un voyageur se laissant porté par son goût de la découverte avec la formidable Vénus de Milo. En somme c'est tout sauf un roman et ce n'est pas non plus un récit bizarrement conçu. Non, c'est l'idée de ces chevauchements de regards et d'émotions et de profond engagement dans la quête d'une connivence soudaine entre un maître d'autrefois et un homme ou une femme de notre présent qui constitue la trame d'une intrigue, qui n'est pas celle de genres définis. L'auteur n'a pas chercher à dérouter en abolissant et l'histoire et les héros principaux. Il y a d'ores et déjà une tradition du moderne en littérature qui nous a entrainés dans ces méandres depuis au moins l'après-guerre. C'est en somme un Baedecker irréel et pluriel qu'il nous propose, un ouvrage inclassable qui nous montre comment un musée aussi prestigieux peut toucher par tel ou tel biais l'un d'entre nous, parfois parce qu'il le veut et, d'autres fois, à son corps défendant. Il ne faut oublier décor ce décor inaltéré toutes les fantaisies que ce lieu a inspirées, comme le film de Henri Desfontaines (1927)et celui qu'on a pu voir à la télévision sous le même titre, tourné par Claude Barma en 1965, avec Juliette Gréco. L'Opéra a eu son fantôme -, le Louvre devait avoir le sien ! Rien n'évoque ici ce monde fabuleux qui s'attache au palais et ces collections inépuisables, mais c'est une toile de fond pour le lecteur qui se met, avec ces héros de passage, à ajuster son regard sur telle toile ou telle sculpture et à imaginer comme eux d'autres rapports, bien au-delà de ce qu'on enseigne en la matière.




Les Cloches d'Einstein, Lajos Grentel, traduit du hongrois (Slovaquie) par Véronique Charaire, Ibolya Virag/ La Baconnière, 220 p., 10 euros.

Cette fois, Ibolya Virag ne nous présente pas un auteur connu de la littérature d'Europe centrale, qui a souvent été plongé dans le Purgatoire des lettres dans notre pays, mais un auteur vivant, né en 1948 à Levice. Sous ce titre assez drolatique, Lajos Grentel nous fait découvrir toutes les absurdités du temps du communisme, mais aussi de ce qui s'est déroulé par la suite. Tout commence par un mariage. Le narrateur et héros de l'histoire (qui de qualifie de « Moi inégalable » est un jeune homme qui tombe amoureux de Zsòfi. Ils s'aiment et tout semble merveilleux. Mais voilà, le père de la promise est un ponte du parti communiste. Il exige que son futur gendre y adhère (c'est la condition même de ces épousailles) et il lui trouve une place dans ce qu'il appelle un centre de recherche, qui a pourtant les apparences d'un grand atelier de couture, l'INA. Le voici donc propulsé dans un univers qui aurait un double sens ou une face cachée, d'autant plus qu'il est présenté comme un chercheur ! On lui demande un surnom et il choisit celui de Pierre le Grand (un de ses collègues s'appelle Microfilm !). Quant à son épouse, elle travaille dans un élevage expérimental de poules, lui aussi considéré comme un centre de recherche. Peu à peu, son mariage se désagrège -, de plus sa femme est stérile. Il rencontre une jeune femme, Dòra, dont il s'éprend, mais dont il se trouve rapidement séparé. Je ne veux pas raconter l'histoire par le menu, pour ne pas gâcher le plaisir du lecteur, mais j'indiquerai seulement que les choses se mettent au plus mal pour notre narrateur, qu'il est renvoyé de l'INA, qu'il connaît des soucis de toutes sortes ; en plus arrive la révolution, avec tout ce que cela comporte d'excès. Un peu comme le Josef K de Kafka, il est d'abord broyé par la machine répressive et, comme le personnage frondeur du soldat Chveik créé par Jaroslav Hasek, il est emporté par la tourmente des événements. Il est au bord de la folie. Son périple tumultueux se conclue par sa réhabilitation et il finit par choisir de travailler dans un zoo. L'humour irrésistible de l'auteur rend ce livre vraiment extraordinaire, car il parle de la société et de la communauté humaine de l'époque communiste et puis de celle qui a suivi, libérale, cynique et nationaliste, avec une verve et un sens prononcé de la caricature. Oui, Lajos Grentel, nous fait beaucoup rire, mais derrière ce rire, il y a le spectacle désolant d'un monde qui n'est que pure absurdité et écrasement de l'individualité. C'est vraiment un roman qui fait rire souvent tout en mettant en lumière la folie d'un régime.




Récits du monde. Explorer. Décrire. Imaginer, Gilles A. Tiberghien, Imec, 176 p., 28 euros.

L'Imec, en son lieu, l'abbaye d'Ardenne à Caen, organise depuis longtemps des expositions. Mais cette fois, elle a décidé de les organiser comme un cycle régulier et non plus comme des événements ponctuels. Le sujet choisit est vaste, peut-être trop même, mais il n'en possède pas moins son charme. Dans sa préface, le commissaire parle des revues de voyage, mais aussi des livres en prenant pour point de départ la naissance du tourisme. Cela lui épargne de parler des grands livres explorations (Il milione de Marco Polo étant le plus célèbre, mais pas le premier - on devrait alors remonter à Hérodote !) et aussi tous les ouvrages écrits par les grands écrivains du XIXe siècle (Chateaubriand, Gautier, Nodier, et tant d'autres, dont il ne fait que signaler l'existence). C'est un choix qui se justifie d'ailleurs car l'Imec se consacre à la littérature à partir du XXe siècle. Mais il oublie néanmoins le grand pionner de cette mode du tourisme qu'a été Mark Twain, dont la première oeuvre de ce genre est Le Voyage des innocents, paru en 1869, (qui est le premier d'une longue série) peut vraiment pas être exclu de ce contexte. G. A. Tiberghien nous explique très bien que l'illustration, sous forme de gravures ou de photographies, a tenu un rôle majeur dans cette affaire qui n'a cessé de se développer avec la multiplication des guides (qui existent depuis le XVIIe siècle), des cartes, des récits de voyages sans dessein scientifique. Cette question est développée dans la première section, « La fabrique d'un imaginaire » où là on se rend compte que les expéditions scientifiques ont contribué à cet engouement autant que les ouvrages de vulgarisation. Le seconde partie a été baptisé « exotisme », et on y retrouve aussi bien les écrits de Paul Gauguin que les romans de Pierre Loti. L'aventure vient en troisième position, avec les explorations extraordinaires du pôle Nord et du pôle Sud et l'apparition d'une littérature qui fait écho à ces hommes qui ont tenté de percer les mystères des régions les plus reculées du globe au risque de leur vie. La partie intitulée « Au coeur des ténèbres » nous fait découvrir l'Afrique noire, alors que découvertes et colonisation allaient de paire. Suit « Le regard anthropologique », qui est peut la correction faite par des savants chevronnés des premières observations : on étudie alors à fond les moeurs, les coutumes, les religions, la langue, de ces peuples rencontrés dans ces terres inexplorées. En fait, on fait la cartographie la plus complète possible du monde sans oublier le plus petit recoin de terre. De précieux documents nous éclairent sur la démarche de ces hommes e sciences ; le tout se termine par des « Evocations », où l'on trouve pêle-mêle des lettres, des livres de Jules Verne, des bandes dessinées, en somme tout ce qui a construire la représentation fantasmagorique des continents qui, peu à peu, ont révélé tous les mystères, sans pour autant abolir préjugés et idées reçues. L'exposition, telle qu'elle apparaît dans le catalogue, semble très belle et peut être intéressante pour différents publics. Mais je lui adresserai tout de même la même critique que j'ai pu faire l'encontre des expositions du Mucem de Marseille : qui trop embrasse, mal étreint... le sujet est trop vaste et finit par prendre en ligne de compte à peu près tous les domaines de la connaissance, de sa divulgation et de leurs répercutions sur la littérature, la presse et l'édition de vulgarisation. Est-ce pour cela un échec ? Non, loin s'en faut. Mais on reste un peu sur sa faim ! Quoi qu'il en soit le catalogue est remarquable et peut être une belle initiation au rite du voyage ! Les reproductions sont passionnantes, suggestives, et ouvrent de vastes horizons où la réalité se confond avec le rêve.




La Revue des revue, n°6o, Entr'vues, 128 p., 15,5o euros.

Cette revue, qui existe déjà depuis de longues années, a le mérite insigne de nous raconter l'histoire des revues en France et dans le monde. Ces publications, parfois très éphémères, ont souvent joué un rôle majeur dans la culture de leurs pays respectifs. Elles ont parfois été l'organe de mouvements littéraires, artistiques, musicaux et de la plupart des grands cercles d'avant-garde. Dans ce numéro, on trouve un article passionnant sur la revue Hispania, qui a eu une grande importance pour le monde culturel espagnol, mais aussi latino-américain Paris entre 1918 et 1922. Mikaël Lugan évoque la revue poétique L'ile sonnante, qui a été fondée en 19o9, dont j'ignorais jusqu'à l'existence ! Frédéric Gat nous parle aussi de la revue Vigile, publiée par Bernard Grasset, qui voit le jour en 193o au sein de laquelle François Mauriac a tenu une place particulière, et où collaboraient aussi Charles Du Bos et Paul Claudel ; c'est un lieu où se sont exprimés des intellectuels catholiques de premier plan qui ont combattu les postures réactionnaires des factions religieuses extrémistes qui dominaient à l'époque. D'autres pourront s'intéresser le périodique de grand format The Smart Set, qui a été la première véritable revue littéraire aux Etats-Unis. Née à la toute fin du XIXe siècle, elle a atteint des tirages impressionnants : jusqu'à 125.ooo exemplaires ! La Revue des revues contient d'autres trésors dans cette soixantième livraison, comme elle l'a fait depuis sa création. C'est un outil de travail très précieux, mais aussi, pour le dilettante, dans le sens premier du terme, pourra y fait mille découvertes passionnantes.



Monstres parisiens, Bada & Lalou, Editions du Regard, s. p., 1o euros.

Les Editions du Regard fêtent leurs quarante ans ! Cela méritent d'être salué car José Alvarez a apporté une contribution plus que remarquable la production d'ouvrage sur les arts plastiques et les arts appliqués, aussi des périodes anciennes, de l'âge moderne et aussi de notre temps. De Giulio Romano à Anselm Kiefer, en passant par l'UAM, cette maison s'est rapidement fait un nom dans cette sphère. Pour fêter l'événement, la maison a eu l'idée de publier un petit album en couleurs qui présente sous des formes zoomorphiques et quelques peu caricaturales des scènes de la vie parisienne. Une légende facétieuse accompagne chaque planche avec un humour qui n'est pas aigre, mais néanmoins tranchant et qui fait mouche. C'est là une représentation drolatique des moeurs qui dominent dans certains milieux de la capitale. Nous avons ainsi entre les mains un bel exemple de la caricature d'aujourd'hui, pleine de charme et de piquant ; et souhaitons beaucoup d'autres bougies à souffler pour les Editions du Regard, qui représente l'excellence dans la sphère de l'art !




Ici-bas, Babis Kanfilaptis / Eugène Savitzkaya, « Côté arts », Yellow Now, 80 p., 20 euros.

Nous voici confrontés à un bien curieux dialogue entre l'artiste et le poète, car ce premier, Babis Kanfilpatis mise sur des représentations réalistes, mais qui ne concernent que quelques objets bien spécifiques et réitérés. Il est question de paires de chaussures ou de pointes, et parfois d'un meuble. On ne voir jamais une figure complète. Ses compositions à l'huile ou au pastel ou encore au crayon sont bien mystérieuses, même si elles ne recherchent jamais les effets du fantastique ou de l'incongru : c'est la seule focalisation sur ces choses qui engendre cette sensation bizarre et même un tant soit peu inquiétante. La poésie d'Eugène Savitzkaya, toujours très concise, très elliptique, cherche à faire reposer la notion de densité sur une tension fragile du sens. Ainsi ces deux oeuvres se répondent, mais sans qu'on comprenne vraiment ce qui les relie de manière tangible. C'est une confrontation subtile et fine qui est chargée la fois d'une certaine étrangeté, mais aussi d'une sorte de mystère qui n'est pas pesant mais, au contraire, d'une certaine légèreté. Ce livre montre que le dialogue entre les arts plastiques et la poésie peut se traduire de bien des manières, mais avec profondeur et beaucoup de grâce.
Gérard-Georges Lemaire
17-01-2019
 
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Verso n°136

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Christophe Cartier au Musée Paul Delouvrier
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Auteurs: Estelle Pagès et Jean-Luc Chalumeau


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