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[verso-hebdo]
24-09-2015
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
Le retour de Monsieur Gustavo
On annonce une exposition Antonio Segui, du 24 septembre au 31 octobre, à la galerie Laurent Strouk. Je suis frappé par le fait que l'invitation est un «Senor Gustavo » découpé dans du carton épais, ce qui me renvoie à Arcueil, en 1967, lorsque j'ai visité pour la première fois l'atelier du peintre argentin qui déjà découpait son petit bonhomme emblématique dans du contreplaqué : quelle fidélité à lui-même ! Segui peignait ses petits Gustavo de couleurs fraîches et transparentes, les mêmes que je retrouve en 2015 dans des tableaux récents comme Hombre al agua ou Tener Carisma (avec cependant une large bande centrale en noir et blanc dans ce dernier cas). L'art de Segui, à la veille des soubresauts de 1968, ne se présentait pas comme « politique » et il aurait en effet été difficile de donner au petit personnage invariablement chapeauté une signification susceptible de l'inscrire dans l'actualité. C'était déjà cette figure que Segui dessinait en 1963, quand il représentait l'Argentine à la 3e biennale de Paris, et il les peint donc toujours aujourd'hui. L'évolution imperceptible de son style s'accommode fort bien de la permanence du sujet : ce curieux quidam en chapeau mou, affublé d'une fine moustache latino-américaine, qui traverse toujours des villes indéterminées au pas de course.

« Le senor Gustavo est un des éléments que j'utilise dans l'architecture du tableau. J'essaie, en rassemblant un certain nombre d'éléments, de construire quelque chose qu'on peut appeler un tableau. Je ne raconte pas une histoire, je laisse faire le spectateur. Mes préoccupations sont uniquement picturales et plastiques, j'ai la prétention de faire des tableaux. La lecture de mes tableaux n'est donc ni claire ni ambiguë » (in catalogue de l'exposition Antonio Segui, Présence contemporaine, Aix-en-Provence, 1985). Il n'empêche : Gustavo n'est pas apparu sur la scène de l'art à n'importe quel moment. En 1963, l'Ecole de Paris, comme on disait encore, s'épuisait dans l'artificiel combat d'une « figuration » bon chic bon genre dont les héros se nommaient Carzou, Yves Brayer ou Bernard Buffet, contre une « abstraction » académisée avec en particulier Georges Mathieu. Cette fausse alternative qui condamnait la peinture en France à un désolant surplace, quelques critiques la refusèrent, dont Alain Jouffroy appelant à la renaissance d'une figuration vivante : « Pour qu'un dépassement ait lieu, le sujet est nécessaire ; sa présence vivante et provocante doit stimuler, exalter le peintre » écrivait-il dans Une Révolution du regard (Gallimard).

Des artistes de toutes nationalités l'entendirent : Gilles Aillaud, Bernard Rancillac, Eduardo Arroyo, Vladimir Velickovic et Antonio Segui en particulier. Par eux, le renouveau de la figuration fut affirmé à Paris. La peinture de Segui, quant à elle, ne donne pas figure au monde, elle figure un monde. Elle n'est, aujourd'hui comme hier, ni « pour » ni « contre » quoi que ce soit, politiquement et plastiquement, mais elle parle d'autre chose d'une manière qui a fortement contribué à disqualifier définitivement la vieille Ecole de Paris. Antonio Segui est venu à la peinture, non pour décrire le monde, mais pour dire son monde, qui vient tout droit de l'enfance. Il a précieusement conservé quelque uns de ces jouets en bois que l'on achetait dans les foires de l'Argentine d'avant 1940 : viatique pour le long voyage d'un peintre qui n'a jamais voulu perdre ses racines. Le senor Gustavo, répété depuis plus de cinquante ans sur la totalité de la surface de chaque tableau, appartient bien à l'univers formel des jouets populaires vendus du côté de Cordoba, la ville natale de Segui. Bien entendu, il y a un autre élément fondamental dans toute oeuvre du peintre : la couleur donnée par la technique acrylique. Ce n'est pas par hasard que Segui a baptisé naguère une série de tableaux « textures ». La matière pigmentaire est essentielle chez ce grand coloriste qui sert plus la couleur qu'il ne s'en sert. C'est le secret de sa longévité, car les amateurs de la vraie peinture ne l'ont jamais délaissé. Au contraire.

www.laurentstrouk.com
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
24-09-2015
 
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Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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"Rêves, ou c'est la mort qui vient"
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