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[verso-hebdo]
12-10-2017
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Le monde irréductible de Klara Kristalova |
Emmanuel Perrotin est connu dans le monde entier pour avoir créé la galerie qui porte son nom, maintenant installée à New York, Hong Kong, Seoul et Tokyo outre Paris, défendant partout les couleurs de l'art le plus contemporain, de Wim Delvoye à Maurizio Cattelan (Toiletpaper) en passant par Paola Pivi. La surprise de la rentrée aura été le ralliement pour un mois de la galerie Perrotin de Paris à une forme d'expression très différente : l'art de la tchèque Klara Kristalova va en effet bien au-delà du « contemporain » tel que l'entend le marché. C'est de l'art intemporel, appelons-le moderne, qu'elle nous a présenté sous le titre Camouflage, dans un environnement végétal signé par le fleuriste Thierry Boutemy censé rappeler le cadre naturel de l'atelier de Kristalova qui s'est installée dans la campagne suédoise.
Dans ses dessins, ses céramiques et ses bronzes, l'artiste évoque des paysages et des personnages étranges, venus des profondeurs de son être : figures hybrides à corps féminin et têtes d'oiseaux, humains portant des masques d'animaux, jeunes femmes au double visage ressemblant toutes à son autoportrait en porcelaine émaillée (Me and I, 2017). S'il est vrai que la loi fondamentale de l'objet esthétique est l'adéquation de l'apparaître à l'être, voici de l'art au sens le plus constant depuis des siècles. Nous y découvrons que si le profond a souvent quelque étrangeté, c'est qu'il n'est tel qu'à condition de nous dépayser. L'art de Klara Kristalova a le pouvoir de nous arracher aux habitudes qui sont le corps du moi superficiel pour nous mettre en face d'un monde neuf qui veut un regard neuf. Ainsi sommes-nous devant la femme-fleur un peu triste qui nous regarde sagement (In the garden, porcelaine émaillée, 2017). La même ne nous regarde plus dans une autre oeuvre, elle est vue de profil et se trouve enfermée dans une menaçante prolifération végétale (Cage, grès émaillé, 2017).
Du coup, nous nous intéressons à ce personnage si mystérieusement vivant. Nous comprenons que ce qui distingue l'art authentique de sa parodie, c'est que la volonté d'étonner y reste au service de la volonté de signifier, et que l'étrange aiguise l'attention. Or l'étrange, chez Kristalova, n'est pas l'arbitraire. Il parait nécessaire par rapport à la conscience que nous prenons de l'objet esthétique. Ce que les oeuvres de Klara Kristalova réclament de nous n'est pas tant d'être comprises (il n' y a sans doute rien à comprendre dans le vraisemblable autoportrait partiellement occulté de l'Encre et aquarelle sur papier portant le titre de l'exposition, Camouflage) que d'être éprouvées dans leur profondeur propre comme témoignages sur un monde irréductible à tout autre, celui de l'artiste. Curieuse magie de l'art : l'étrange ne peut être expliqué par du caché, parce que l'objet esthétique ne cache rien : même « camouflé » le sens de l'oeuvre est là, tout entier, et s'il fait mystère, c'est un mystère en pleine lumière. Il y a longtemps qu'une artiste aussi originale et convaincante n'avait pas été révélée en France. C'est tout à l'honneur de la galerie Perrotin de l'avoir permis.
www.perrotin.com/fr/artists/klara_kristalova:29#news
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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