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[verso-hebdo]
26-11-2015
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
John Giorno à Paris : pour découvrir l'Histoire
Le visiteur qui s'approche du Palais de Tokyo ces jours ci est abordé par des jeunes gens et jeunes filles en rollers qui lui donnent gentiment une feuille de couleur sur laquelle est reproduit un poème. Ils portent tous un tee-shirt avec une grande inscription : I love John Giorno (le mot love est donné par un coeur conçu par Scott King, qui n'a pas copié le logo original de Milton Glaser). C'est donc Giorno l'auteur du poème : pour ma part j'ai reçu She half-opened her eyes de 1970. Une note me précise que les jeunes en rollers reconstituent une performance de John Giorno à New York en 1969, Street Works (à l'époque, sept personnes dont Giorno distribuèrent 1.500 exemplaires en 10 minutes de deux poèmes du Kama Sutra of John Giorno). C'est ainsi que nous sommes invités à entrer dans l'exposition conçue par Ugo Rondinone, artiste suisse né en 1964 et actuel compagnon du poète américain. Formidable exposition en vérité, qui correspond bien à l'intention de Rondinone : « j'ai imaginé l'exposition en huit chapitres qui représentent chacun une facette de l'oeuvre foisonnante de Giorno. L'ensemble reflète son processus de travail et permet de comprendre la double influence de la culture américaine et du bouddhisme sur sa vie et son art. »

«influence de la culture américaine » : plutôt celle de la contre-culture, celle dite underground des années 60 dont le jeune John Giorno, 26 ans en 1962, allait devenir l'un des héros à la suite de sa rencontre avec Andy Warhol lors de la première exposition new-yorkaise de ce dernier, à la Stable Gallery d'Eleanor Ward. Il y a deux moments particulièrement forts : celui du chapitre 1, où Giorno, sur quatre écrans répartis sur les quatre murs d'une grande salle carrée, filmé par Ugo Rondinone en 2011 sur la scène du Palais des glaces à Paris en smoking blanc-chemise noire et en smoking noir-chemise blanche, les pieds nus, se livre « à un acte spirituel de transmission qui conjugue ironie mordante et sagesse bouddhiste ». Il interpelle le spectateur : « qu'Andy vienne ici/tombe amoureux de vous/et fasse de vous une superstar,/tout le monde peut avoir/un Andy/tout le monde peut... » Son Andy à lui, le vrai devenu un temps son amant (avant que ne lui succèdent notamment Jasper Johns, Robert Rauschenberg ou William Burroughs) en fit la « superstar » de son film mythique, tourné en 1963, Sleep, que l'on peut voir au chapitre 3, au moins en partie, puisqu'il dure plus de cinq heures.

Le deuxième moment fort est le chapitre 6. Plus de trente après le tournage de Sleep, Pierre Huyghe répète dans Sleeptalking (1998) les conditions de l'oeuvre originale et filme John Giorno en train de dormir. Le cadrage est le même, mais le poète a vieilli. Or Huyghe, par un fondu-enchaîné très progressif, revient à l'original et rend sa jeunesse à son sujet. Pendant ce temps, on entend la voix actuelle de Giorno qui raconte le contexte de création de Sleep et l'influence de la contre-culture américaine sur son oeuvre. Ce que l'on entend, et que l'on peut lire grâce à une traduction mise à la disposition des visiteurs, est passionnant. John Giorno y évoque la genèse de la technique littéraire du cut-up : « William Burroughs y est venu grâce à Brion Gysin. Brion Gysin a inventé cette technique qui consiste à découper une feuille de papier de 21,5 par 28 cm en trois colonnes, puis à réarranger le tout. Les mots s'imbriquent de façon fabuleuse... » La méthode personnelle de Giorno vient de là, mais aussi et surtout de ses amis peintres qui faisaient de « l'art trouvé » : « J'ai appris d'Andy, de Bob et de Jasper. Je me suis dit : s'ils peuvent le faire, je peux le faire, et j'ai utilisé l'image trouvée » (par exemple dans la publicité ou les journaux). Il a utilisé aussi la drogue (de préférence le LSD, alors que pour Warhol, c'était le speed, et pour Burroughs l'héroïne qui était pour lui une aide à la création). Il y a, dans les confidences de John Giorno, des moments drôles, quand il raconte les énormes difficultés de Warhol incapable de se servir correctement de sa camera Bolex pour tourner Sleep : « Andy a véritablement segmenté le temps réel par le moyen des reprises, etc, etc. Mais ce n'était pas son intention... C'était juste qu'il ne savait pas comment s'en sortir. » Au fil de ses confidences, John Giorno nous fait aussi comprendre comment la poésie concrète et le pop art se sont rejoints en lui tels des amants fusionnels. Une plongée dans l'Histoire racontée par un témoin et acteur passionnant : il l'a encore prouvé lors de sa performance du 18 novembre ; à 79 ans John Giorno n'a perdu ni sa verve ni sa mémoire.

Un numéro spécial de 216 pages de la revue Palais tient lieu de catalogue, avec notamment des poèmes de John Giorno traduits par Gérard-Georges Lemaire, son ami depuis 1975.

www.palaisdetokyo.com
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
26-11-2015
 
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Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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