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[verso-hebdo]
26-11-2015
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Lucien Clergue, les premiers albums, sous la direction de François Hebel et de Christian Lacroix, RMN Grand Palais, s. p., 35 euro.

Lucien Clergue (1934-2014) est le dernier des grands photographes français du XXe siècle. Sa disparition clôt symboliquement une époque qui a été aussi celle de Cartier-Bresson et de Brassaï. Arlésien, il a été initié à la corrida très jeune. Et c'est justement ses photographies de corridas qui ont présidé à la naissance de son amitié avec Pablo Picasso, un aficionado, en 1953. Celui-ci lui met le pied à l'étrier et l'encourage. Quoi qu'il en soit, son premier livre, qui a paru en 1957 chez Pierre Seghers n'a rien à voir avec les taureaux et les banderilles, des habits de lumière et les muletas: il s'agit des Corps mémorables, qui est accompagné d'un poème liminaire de Jean Cocteau, accompagné de textes poétiques de Paul Eluard et dont la couverture a été illustrée par Picasso. Ses premiers nus féminins remontent aux années 1956. Ils sont en général associés à la mer. Mais la magie des courses de taureaux ne cesse de le hanter et, en 1963, il réunis ses meilleurs clichés et fait paraître un album baptisé Toros Muertos, avec une postface de Cocteau. D'autres ouvrages lui font suite sur ce thème : Plaza de Toros (1964) et El Cordobès (1965). Ce que nous fait découvrir ou redécouvrir cette exposition, ce sont les autres sujets qui l'ont passionnés, comme par exemple les gitans, dont il a fait de nombreux portraits de groupe et dont il a voulu exalter la culture. Ces photographies des gens du voyage sont touchantes et parfois très drôles ou très dérangeantes. En Camargue, les gitans sont chez eux quand ils se retrouvent aux rendez-vous annuels de Sainte-Marie-la-Mer. Si l'on peut dire que Brassaï et que Cartier-Bresson avait choisi une sorte de réalisme magique, Clergue, dans ses « reportages » se révélait plus cru, d'un réalisme plus direct, sans fard. A la suite de peintre comme Carrache, Rembrandt ou Soutine, il s'est employé à peindre des charognes, avec une rare obstination à partir de 1956. Flamands roses, raies, chiens tout un bestiaire de la mort est imprimé sur le papier sensible et immortalisé. Quand il photographie le petit monde de Picasso, il ne cherche pas à rendre le peintre désormais célèbre et mythique, mais un homme entouré de personnes qui lui sont chers, dans une intimité où rien n'est mis en place. Il en est de même avec Jean Cocteau. Seul Saint-John Perse est enveloppé d'un peu de mystère. Avec la femme, dans sa nudité, il ne va pas conquérir une beauté formelle, mais une beauté charnelle, sensuelle, à la limite de l'érotisme. Et pourtant, quand il le veut, il peut se révéler un « abstrait » puriste, surtout quand il dépeint le désert et, en général, le sable. Donc voilà une excellente occasion de mieux connaître ce créateur très connu, mais mal connu. La gloire joue parfois ce genre de mauvais tour.



André Masson, de Marseille à l'exil américain, sous la direction de Claude Miglietti, Lienart Musée Cantini/Musées de Marseille, 72 p., 19 euro.

Cette exposition d'André Masson a deux mobiles principaux. Le premier est de remémorer le séjour d'André Masson à Marseille avec les surréalistes qui voulaient quitter la France après la défaite et l'armistice ; le second est de rendre hommage à Varian Fry, cet employé au consulat américain qui a fait tout pour faire fuir, de manière légale ou non, tous les écrivains, musiciens et artistes qui fuyaient le nazisme grâce à l'Emergency Rescue Comittee. A part les oeuvres qui appartiennent au musée, l'essentiel cette exposition est constitué des oeuvres possédées par les descendants de l'artiste. On peut y découvrir des oeuvres réalisées dans la ville phocéenne, en particulier des cadavres exquis surréalistes, car André Breton avait reconstitué un groupe dans l'attente du départ. C'est alors qu'est exécuté le fameux jeu de Tarot de Marseille, qui est une oeuvre collective. Masson, lui ne pourra quitter le territoire qu'en mars 1941 pour se rendre à New York (à l'époque les Etats-Unis n'était pas encore entrée en guerre). On peut découvrir dessins d'une période précédente, comme Massacre (1931-1933), le Portrait de Goethe (1938), qui sera suivi de celui de Kleist et d'Hölderlin en 1939 et enfin de Novalis (dont il fait plusieurs versions) en 1941. Cet hommage aux grands poètes allemands est issu des événements tragiques que vivait alors l'Europe. Masson médite aussi sur la question de l'art dans cette période et publie «  Peindre est une gageure » dans Les Cahiers du Sud. La découverte de la Martinique en compagnie d'André Breton et de Wifredo Lam a été pour lui une révélation essentielle, qui va changer le cours de son travail artistique. Paysage Martinique, Paysage Caraïbe et le dessin préparatoire pour Antille (1941-1942) dont il fait la version définitive en 1943 en sont la démonstration. La guerre est aussi un thème qui le hante et qui semble être la poursuite des encres telles que Massacre. Enfin, quelques papiers et toiles exécutés après son retour en France (il ne rentre qu'en avril 1945) montrent le cheminement de sa pensée. Le Terrier et La Chute des corps (2960) en sont les plus belles expressions. Ainsi, le musée Cantini permet de mieux comprendre le parcours d'un artiste dont la valeur ne me paraît pas encore être tout à fait reconnue.




L'Effet Sherlock Holmes, Victor L. Stoichita, « Essais, écrits sur l'art », Hazan, 256 p., 25 euro.

Je dois dire que j'ai éprouvé une certaine difficulté à suivre le raisonnement de l'auteur et cela dès le début de l'ouvrage. En effet, il commence par examiner un tableau célèbre d'Edouard Manet, Le Chemin de fer (1874). On y voit sur le pont de l'Europe une mère assise et sa petite fille, qui nous tourne le dos pour regarder un train qui passe, dont on n'aperçoit que la fumée de la locomotive. Il considère le tableau « divisé et cohérent » et évoque le fait que Manet a choisi de l'exposer au Salon et non avec les artistes indépendants chez Nadar. Mais, cela, nous le savons bien : Manet a toujours considéré le Salon comme le seul champ de bataille pour un peintre, malgré toutes ses déconvenues. Suit un chapitre consacré à la Via Crucis du Maestro dell'Osservanza je dois dire ne pas avoir compris ce qu'il a voulu expliquer, surtout qu'il poursuit avec le Caravage et Wolfgang Heimbach. Passons. Après vient le problème de l 'écran chez les impressionnistes. Là encore, je n'arrive pas à suivre la logique de Victor L. Stoichita. Qu'il affirme Adolf Menzel soit le chainon manquant dans cette affaire est absolument une énigme dans cette optique. Que vient faire le grand artiste allemand qui a surtout peint les épisodes de la vie de Frédéric le Grand ? Mystère ! Pour lui, c'est la nature de l'écran qui change. Soit. Mais ce n'est pas une nouveauté. Le « cadrage » est modifié (pas toujours) et les artistes ont désiré obtenir des points de vue différents de ceux de leurs aînés. Cela on le sait depuis des lustres. Et puis parler d'écran, même si les artistes ont employé ce terme alors, peut aujourd'hui produire des ambiguïtés fâcheuses. Là, je me suis arrêté. Je me suis dit que nous nous égarions complètement. Reste le titre qui est divertissant. Mais nous abandonnerons l'auteur à ses divagations.



Lyon Renaissance, art et humanisme, Somogy/Musée des Beaux -arts de Lyon

J'ai toujours en tête ce que Patrizia Runfola, l'auteur des Leçons de ténèbres, m'avait appris il y a longtemps : Lyon appartient au triangle magique avec Prague et Turin. Mais que l'ancienne capitale des Gaules ait été un des grands foyers de l'humanisme, je l'ignorais complètement. L'exposition nous montre peu de grandes oeuvres d'art, religieuses ou profanes, ce qui peut sembler étonnant à partir du moment où l'on sait que le roi de France (d'abord Charles VIII, Louis XII, puis François Ier) venait souvent dans cette ville avec toute sa Cour à cause des campagnes d'Italie qui se sont succédées depuis 1494. La raison nous est expliqué dans ce catalogue d'une richesse impressionnante : de nombreux Réformés étaient venus s'installer ici car il n'y avait ni parlement ni université pour contrôler les choix des habitants en terme de religion. En 1562, ces protestants, qui représentaient un bon tiers de la population, y ont pris le pouvoir. S'en suivent de désastreuses destructions et presque toute la peinture sacrée a disparu ainsi que la sculpture. Puis la répression catholique a été tout aussi dommageable et a causé le départ d'artistes et d'hommes de lettres. Le grand graveur Pierre Eskrich s'est par exemple enfui à Genève. Donc il est difficile de se faire une idée précise de ce qu'a été le XVIe siècle dans ce contexte troublé, sinon à travers les arts appliqués (l'émail l'ébénisterie, l'orfèvrerie, la poterie, la gravure, entre autres). Je découvre aussi que ce fut un foyer intellectuel très vivant et que l'imprimerie s'y était développée de manière spectaculaire. Un des graveurs célèbres qui y a exercé son talent est Bernard Salomon, qui a illustré la Bible, les Métamorphoses d'Ovide, et bien d'autres ouvrages anciens. Ainsi a-t-on le plaisir de se familiariser avec un monde qui nous était étranger alors qu'il était si près de nous. Ce catalogue constitue une véritable encyclopédie où sont réunis des personnages jusque là peu connus, mais aussi de grandes gloires, comme Louis Labé (1524-1566), surnommée la « Belle Cordière (elle était la fille d'un cordier), une des plus grandes poétesse de cette période (elle a écrit le Débat de Folie d'Amour et de Folie, qui a inspiré Jean de la Fontaine). On ne doit pas non plus oublier Maurice Scèves (1501-1564), qui a été le chef de file de la dite Ecole lyonnaise de poésie, et auteur de Délie, objet de plus hautes vertus. Il contient des textes qui abordent chaque domaine avec soin et en détail, des illustrations superbes qui nous font oublier la frustration de voir peu de peinture en dehors des beaux et austères portraits de Corneille de Lyon peintre originaire des Provinces-Unies -, c'est pourquoi on l'a appelé Corneille de La Haye en son temps (vers 1500-1575) ; il était si réputé que ses panneaux étaient surnommés des « corneilles ». Une publication à ne pas rater pour connaître mieux ce qu'a été la France de la Renaissance et une grande ville qui reste bien méconnue.




Accattone, Pier Paolo Pasolini, tome 1 préface par Carlo Levi, textes de Pasolini et scénario di film, 222 p., tome 2, Dossier Accattone, textes de H. Joubert-Laurencin, Ph. Alain Michaud, F. Galluzzi, Ch. Caujolle et P. P. Pasolini, 176 p., les deux vol. 44 euro.

Premier volume de la collection de Philippe-Alain Michaud aux Editions Macula, cet important dossier sur le film de Pasolini Accattone, présenté en 1961 à la Mostra de Venise. C'est le premier film de l'auteur de Ragazzi di vita. Il avait été scénariste, et avec signé » le scénario du Bel Antonio de Mario Soldati, d'après le roman de Vittorio Brancati. C'est un film étrange et dans son texte, Carlo Levi le souligne et indique aussi que le jeune metteur en scène y a introduit des techniques du grand cinéma expérimental de l'entre-deux-guerres. Mais l'esprit demeure malgré tout celui du néoréalisme italien, qui s'est imposé après la guerre autant dans la littérature que dans le cinéma. Vittorio De Sica, Giuseppe de Santis et Roberto Rossellini en ont été les grands auteurs, alors que tout les distingue l'un de l'autre. Dans son écriture, Pasolini, joue lui aussi cette carte, qui semble la carte maîtresse du moment. Quand ce film est tourné, cette grande et fructueuse période s'achève et Pasolini semble le dernier à adopter cette esthétique. Il ne l'a pas renié par la suite sinon plus tard avec ses interprétations de Chaucer, de Pétrone ou la création de sa Médée. Au fond, cette esthétique lui allait comme un gant pour servir ses desseins. Il y avait chez lui plusieurs individus, l'un était un penseur original, l'autre un militant communiste. Et puis il voulait tout faire à la fois : le romancier, le poète, l'essayiste, le cinéaste, le dramaturge et le metteur en scène de théâtre, le journaliste, et bien autres choses encore. C'est une sorte de boulimie qui le poussait à aborder tous les domaines, parfois de front. Quoi qu'il en soit, Accattone est une oeuvre qui a marqué les esprits en son temps et qui reste un des piliers du grand cinéma italien. Ce copieux dossier est d'abord un imposant outil de travail qui permet de connaître le film tel qu'il a été pensé par Pasolini, avec ses nombreuses pages de son journal intime (plutôt un journal de travail !) et le scénario. Et puis d'en examiner toutes facettes grâce à ces essais réunis dans le second volume, où l'on trouve aussi un entretien vraiment éclairant sur l'élaboration de ce personnage et du monde sordide et pourtant merveilleux des banlieues sordides de Rome à l'époque où la ville connaissait une croissance énorme. Tout est réuni ici pour comprendre le film. Dommage que le film n'accompagne pas ces deux forts volumes ! Mais on ne peut pas tout avoir...




Cadeaux de Noël, Colette, « Ecrits », L'Herne, 152 p., 15 euro.

La préface est tout à fait convenable à un détail près : je ne pense pas qu'on puise parler de Colette comme d'une « écrivaine » ! En dehors de cela, Frédéric Maget nous brosse le portrait de Colette enfant qui est intéressant car nous apprenons qu'elle a été élevée dans un milieu athée. Elle n'a donc jamais connu un vrai Noël traditionnel ! Hors ce livre recueille une certain nombre de textes courts sur cette fête, que l'auteur a produit la plupart du temps pour des magazines littéraires ou de mode. Et Colette en a produit beaucoup ! Et quelle richesse d'imagination ! Elle fait de temps à autre des références à ses jeunes années et à Sido, sa mère, omniprésente dans ses romans, la figure emblématique de son oeuvre en prose. Toutes ces pages sont charmantes, d'aucunes évoque des souvenirs, d'autres sont inventées, mais elles sont toujours d'une incroyable diversité d'esprit et d'écriture. Colette avait un don singulier de savoir à la fois s'exprimer de manière directe et d'introduire dans sa prose une dose légère, mais irrésistible de sophistication. Bien sûr, elle ne met pas l'accent sur l'aspect religieux de ces festivités, mais sur la famille et les petits enfants qui y sont en théorie gâtés. Ces écrits vont de 1909 à 1955 et leur nombre va crescendo car elle se consacre de plus en plus au journalisme à partir de la fin des années trente. C'est drôle, émouvant, elle sait toujours le coeur des Français et elle dépeint avec précisions des choses qu'elle n'a pas connues comme si elle avait vécu des réveillons depuis ses plus tendres années ! Mais son oeuvre est une reconstruction de son histoire personnelle, une sorte d'autobiographie mi réelle, mi rêvée. Et comme elle a une manière de voir les choses de manière très concrète (ce qui n'exclue pas la poésie), ces petits tableaux sont très vivants et très crédibles. Ce sont de petits bijoux d'écriture.




La Famille Karnovski, Israël Joshua Singer, traduit du yiddish par Monique Charbonnel, 768 p., 9,50 euro.

Israël Joshua Singer (1893-1944) a eu un frère cadet un peu encombrant et qui a fait de l'ombre à sa carrière par sa verve incroyable. Mais il n'en est pas moins un écrivain de grande valeur. Comme son frère Isaac Bashevis, il a choisi d'écrire en yiddish, à une époque où la persécution des Juifs en Europe ne s'était pas transformée en une extermination. Dans ce livre, qu'il a fait paraître un an avant sa disparition aux Etats-Unis où il était réfugié en 1934. Commencée en 1922, sa carrière s'est d'abord développée en Pologne puis à New York. Ce livre a pour vocation de raconter l'histoire de ces Juifs qui se sont retrouvés de l'autre côté de l'Atlantique et qui ont éprouvé toutes les peines du monde à s'adapter dans le monde américain, qui est pourtant un monde d'émigrés plus ou moins récents. Le fils du docteur Karnovski, Jegor, qui ne parvient pas à passer les examens pour exercer sa profession à cause de la langue, renie son père et n'a plus d'autre idée que de ne plus n'avoir de relation symbolique qu'avec sa mère allemande et donc « aryenne ». Il tente d'échapper au cercle de famille, mais ne rencontre que des obstacles et, d'échec en échec, finit par revenir et assassine le vieux docteur Zerbe, qui avait un faible pour lui. Une fin peut-être un peu trop mélodramatique pour un livre qui ne l'est pas malgré les événements plutôt graves qui pousse ce petit monde à quitter l'Europe. Mais revenons au début de ce grand livre. Nous sommes à Berlin. La famille Karnovski a décidé de partir de Pologne pour aller vivre à Berlin. Le jeune David affait ses études de médecine et fait une brillante carrière grâce à l'aide du professeur Landau, qui le présente à son collègue Halévy. Georg Karnovski est l'archétype du Juif qui veut à tout prix s'assimiler. Il refuse d'épouser la famille du riche marchand de tissus Salomon Bourak, dont la fille Ita est éperdument amoureuse d'une jeune et blonde Allemande dont il va avoir un fils mais qu'il ne parvient pas à épouser. La montée du nazisme et l'arrivé eau pouvoir d'Adolf Hitler va bientôt rendre la vie des Juifs impossible. La carrière de Georg est brisée. Les affaires de Bourak périclitent. Et pour tous, c'est désormais une vie de sous-hommes qui s'offre à eux, en marge de la société. Toutes ces histoires complexes qui unissent ces personnes qui pensaient mener une vie normale dans un pays moderne servent à l'auteur à montrer ce qui s'est passé sur le continent européen en prélude à la Shoah. Singer est parvenu à construire un roman dans un roman, car le destin de tous ses personnages est dépeint avec force détails et se révèle passionnant en soi. Et il raconte aussi les drames qu'a entrainé l'antisémitisme viscéral de cette idéologie néfaste du national-socialisme qui gagne quasiment toute la population allemande. D'autres écrivains de grand talent raconteront après lui des choses tout à fait pertinentes sur la situation des Juifs aux Etats-Unis - je pense à Saul Bellow et à Philip Roth. Mais ils n'ont pas connu comme les frères Singer ce passage de l'Ancien Continent au Nouveau. C'est un roman merveilleux, avec cette manière si subtile de parler des rapports entre les membres d'une famille et puis de montrer comment cette famille vit son rapport avec le reste de ses congénères et des Berlinois non Juifs.




Ce chien ton serviteur, Rudyard Kipling, traduit de l'anglais par Jacques Valette, illustrations de Madeleine Charléty, L'Herne, 144 p., 12 euro.

C'est un ouvrage inconnu de Kipling, prix Nobel de littérature en 1907. Beaucoup d'enfants ont lu un jour ou l'autre le Livre de la jungle (1894), Kim (12901) ou Capitaine courageux (1897). Ce petit livre destiné lui aussi aux jeunes lecteurs a paru en 1930 et s'intitule The Servant a Dog, Told by Boots. Ces ouvrages (assez nombreux) ont contribué à le rendre extraordinairement populaire. Ce dernier est différent car il ne parle ni d'aventures ni de contrées exotique (l'Inde en premier lieu). C'est une très amusante histoire de petits chiens, qui voient le monde de leurs maîtres avec leur vision particulière. Les relations qu'ils entretiennent les uns avec les autres sont très charmantes et pleines de saveur. Kipling était particulièrement doué dans ce domaine. Il avait un rapport profond avec le monde de l'enfance. Et cela lui permettait de laisser libre cours à une forme d'humour très fine. Ces animaux domestiques et bien fort bien élevés, et le narrateur Botte, fils ce Sandale d'Ecosse, relate tous les événements qui se passent dans son microcosme, avec les maîtres des uns et des autres de s es compagnons et le Chat de la Cuisine ! Même les adultes auront du plaisir à lire ce livre accompagné d'illustrations désuètes mais néanmoins délicieuses.
Gérard-Georges Lemaire
26-11-2015
 
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