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[verso-hebdo]
14-01-2016
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

La Part de l'ange, Journal 2012-2015, Jean Clair, Gallimard, 420 p., 26 euro.

Comme un certain nombre de ses pairs historiens d'art et critiques (je songe à André Chastel et à Daniel Arase), Jean Clair s'est placé dans une optique littéraire dans ses écrits les plus savants. C'est une tradition dans ce domaine de recherche qui doit beaucoup aux hommes de lettres depuis Denis Diderot qui ont pratiqué l'art de la critique en France d'abord et puis dans une grande partie de l'Europe. Dans le cas de Jean Clair, cette tentation de joindre la connaissance historique à l'art de l'écriture s'est développée au point où il a choisi de se laisser aller à ce démon en dehors du champ spécifique de ses recherches. Tout a commencé dès 1962 avec les Chemins détournées et s'est poursuivi avec Journal atrabilaire (2006) et Dialogue avec les morts (2011). Ce nouveau journal permet à l'auteur de se laisser aller en toute liberté à la digression. Pas de plan, pas de vision globalisante. Ses intentions ne sont pas encyclopédistes. Nous somme loin des Essais de Montaigne, même si on pourrait deviner quelque similitude dans les principes. Au fond, la modernité lui sert à quelque chose de précis : ne pas avoir besoin de se référer à un genre et à un style précis. L'aspect le plus curieux de ce journal est que ce n'est pas tout à fait un journal ! Il s'agirait plutôt de confessions et de confidences, de réflexions sur soi-même et sur le monde qui entoure l'auteur et qui ne cesse de l'intriguer, et aussi de souvenirs qui remontent à la surface de la conscience et qui alimentent ses pensées. IL y a chez lui une nostalgie qui est comme une hantise protectrice et une maladie solidement ancrée, allant jusqu'à l'absurde, et une terreur de ce que la technologie la plus avancée peut proposer, pas uniquement sur le plan scientifique, mais dans l'esprit des êtres humains. C'est étrange pour un individu tel que lui qui a fait la biographie de Marcel Duchamp en en faisant un savant au fait des mathématiques les plus avancées ! Quoi qu'il en soit l'écrivain procède de paradoxe en paradoxe sans le moindre trouble. Et malgré ses contradictions, son esprit tourné vers le passé qui seul le rassure et le séduit, ses provocations parfois excessifs en ce qui concerne l'art d'aujourd'hui, on se laisse faire car il a quelque chose du magicien et dans ses propos et dans son écriture. Ce qui nous importe le plus, ce n'est pas son « dévoilement » (très relatif), mais sa façon de narrer ce qui le concerne de manière intime. Le rêve, par exemple : il considère avec tristesse que Sigmund Freud a retirer au rêve une part de sa poésie, et pourtant l'on sait parfaitement qu'il respecte les théories freudiennes et les a utilisées maintes fois dans ses réflexions sur l'art. En somme, ce livre est le livre le plus idiosyncrasique qui puisse exister et pourtant il nous touche et il peut nous plaire en dépit de ce que nous avons dit précédemment. Ce n'est pas une question de goût qui est ici en jeu, mais un certain exercice de l'intelligence et la reconnaissance de grandes faiblesses et de profondes lacunes au sein d'une culture qui personne de censé ne saurait mettre en doute.




Luigi Russolo e la musica futurista, Giovanni Lista, Mudima, Milan, 192 p.

Dans ce volume, on trouve surtout les écrits et un choix de lettres de ce grand musicien qui a été l'un des fondateurs du futurisme dans la sphère des arts. Luigi Russolo (1885-1947) est issu d'une famille de musiciens (son père est organiste).Mais c'est en tant que peintre qu'il se fait connaître d'Umberto Boccioni et de Marinetti en 1909, quand il expose à la Famiglia artistica de Milan. Il adhère au groupe futuriste l'année suivante et est l'un des rédacteurs du Manifeste des peintres futuristes en février 1910 et du Manifeste technique de la peinture futuriste (avril). Cela ne l'empêche pas de poursuivre ses spéculations musicales et, dans un dialogue nourri avec son ami Francesco Balilla Pratella, il en arrive à concevoir une théorie de la musique « bruitiste » et rédige un petit livre résumant sa pensée sur la question : l'Art des bruits, publié en 1913. Ce qui l'amène à imaginer des instruments de musique d'un genre nouveau, qu'il réalise avec l'aide d'Ugo Piatti, les intonarumorori, qu'il présente lors de soirées futuristes. En 1914, le premier concert futuriste donné à Paris provoque un charivari endiablé invraisemblable. Ses conceptions sont observées avec bienveillances (sans être nécessairement acceptées) par l'élite musicale de son temps (Stravinsky, Milhaud, Ravel) et aussi par des artistes tels que Piet Mondrian. Antifasciste notoire, il doit rompre en 1921 avec Marinetti et s'exile en France. La plupart de ses instruments sont détruits quand les fascistes attaque le cinéma Studio 28 où est projeté L'Age d'Or de Luis Bunel et Salvador Dalì en 1930 en même temps que l'exposition des oeuvres de Joan Mirò, Man Ray et Tanguy accrochée dans le hall. Ce fort volume est très riche de documents permettant de mieux connaître ce peintre et ce musicien assez mal connu finalement en dépit de son rôle historique.




L'Incendie de la maison de George Orwell, Andrew Erwin, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marc Weitzmann, « Littérature étrangère », Editions Joelle Losfeld, 248 p., 22 euro.

Le héros de cette histoire plutôt curieuse, Ray, est un passionné de George Orwell. Mais au lieu de partir en quête de ses sources littéraires ou de ses inspirations romanesques, il s'est intéressé de près au monde qu'il a décrit et à tenter d'appliquer les méthodes coercitives qu'il avait pu imaginer en détail pour décrire le futur dans notre propre univers et, dans son cas, dans la région de Chicago. Ses méthodes de vente ont du succès et lui permettent de vivre de manière confortable. Mais tout ce qu'il avait réussi à édifier s'écroule quand sa femme le quitte parce qu'il a une relation avec sa secrétaire. Il décide alors de partir loin, très loin, dans le sombre nord de l'Ecosse, sur l'île de Jura où Orwell avait écrit ce livre qui allait le rendre célèbre en 1949. Il découvre un microcosme baroque coupé du reste de la civilisation un peu sauvage, où le décor gothique n'a pas été touché par la modernité. C'est l'antithèse de ce qu'e l'écrivain britannique a voulu mettre en scène dans son roman ! Et les gens qui habitent ce lieu ne sont pas des fervents du progrès, mais des personnages sortis des temps anciens, qui cultivent des marottes un peu dépassées,  croient encore à des légendes anciennes, comme celle du loup-garou ou à l'esprit des époques lointaines qui faisaient de l'Ecosse une terre sauvage et indépendante. Tout en se plongeant dans les pages de toute l'oeuvre d'Orwell et en revenant sur son passé américain irrémédiablement perdu, Ray découvre un autre continent humain, où il n'y a pas bien entendu l'emprise de Big Brother, mais où le contrôle n'en est pas moins important du fait de l'exiguïté des lieux et du petit nombre d'habitants. Ce livre est plaisant à lire et est une belle méditation à partir d'un livre mythique du XXe siècle. C'est écrit de manière originale et avec un mélange de poésie échevelée et d'ironie burlesque. Le vent de folie qui règne sur cette île n'est pas si aberrant que cela. En somme, Andrew Ervin, en dépit de quelques défauts, a réussi assez bien la composition de son premier roman.




Le Zélote, Reza Aslan, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marie-France de Paloméra, « Folio », Gallimard, 464 p., 8,00 euro.

La personnalité de l'auteur est intéressante étant donné le sujet qu'il a choisi de traiter : la vie de Jésus en son temps. D'origine iranienne, il est né musulman, s'est converti au christianisme pendant son adolescence et puis est revenu à l'Islam. Mais, comme chacun sait, le Coran cite la figure de Jésus seize fois et en fait un des prophètes précédant Mahomet. C'est son rôle qui diffère selon les grandes religions monothéistes : pour les juifs, il n'est rien, un exalté parmi d'autres à l'époque, pour les chrétiens, il est le messie, pour les musulmans il est l'un des derniers prophètes annonçant la venue de celui qui apportera aux hommes la vérité du Coran. Son ambition est bien loin de celle d'Ernest Renan, qui a voulu redonner au Christ sa véritable dimension humaine et historique en provoquant le plus grand scandale du XIXe siècle en France (et bien au-delà de ses frontières). Resa Aslan, avec beaucoup d'ouverture d'esprit et de liberté, parvient à resituer Jésus de Nazareth dans un contexte historique et théologique bien particulier. C'est une phase critique dans le pays de Juda et dans l'éphémère royaume d'Israël, avec la multiplication de mouvements politico-religieux de toutes sortes ; il montre que contrairement à la légende chrétienne, Hérode s'est révélé un roi très capable et qui est parvenu à éviter le pire avec les occupants romains. Jésus s'est opposé lui aussi aux zélotes, mais a fini par contribuer par son enseignement à faire penser au peuple juif qu'il devait se libérer de la tutelle des rabbins rétrogrades et de celle des païens qui voulaient imposer un polythéisme qui incluait l'empereur parmi les dieux. Jésus ne parlait jamais de la libération de Jérusalem sur le plan politique, mais il y est bien entré en roi le jour des Rameaux (certains apôtres en ont fait un descendant de David par sa mère Marie, dont c'est le second rôle importants dans les Actes). Cette étude n'apporte pas de nouveautés, ni de thèses hasardeuses, mais est une excellente introduction à la problématique religieuse qui va conduire à la bataille de Massada et à la destruction de Jérusalem, tout comme elle est utile pour comprendre la place de Jésus chez ses disciples et chez les musulmans.
Gérard-Georges Lemaire
14-01-2016
 
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