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[verso-hebdo]
27-03-2014
La chronique
de Pierre Corcos
Guidi l'anti-guide, Adams et Adama
La psychologie de la forme ou Gestalttheorie (Wertheimer, Koffka, Guillaume) met en valeur ces formes prégnantes qui s'imposent à notre perception, selon certaines lois, sur ces structures qui, dans un fond indifférencié, captent notre regard... Par ailleurs, les psychologues et linguistes savent que nous percevons surtout ce que nous pouvons nommer : ainsi, dans une forêt, le botaniste distingue des plantes que l'ignorant ne voit même pas. Enfin, notre perception est influencée par notre mémoire, nos intérêts...
Si bien qu'au final, un lieu indifférencié, ne pouvant point être aisément qualifié, qui ne s'inscrit pas dans le registre d'une mémoire collective ou individuelle, et pour lequel il n'existe pas un intérêt guidé par l'anecdote ou le tourisme par exemple, on ne le verra pas, tout simplement ! Puisqu'on ne le voit pas, on ne le photographie pas, bien entendu. Et, comme ce type de lieu n'est pas photographié, il a encore moins de chances de s'inscrire dans une mémoire de l'image, et donc d'être vu par la suite.

Ce type de lieu est justement ce que photographie Guido Guidi... Guido Guidi est une figure importante de la photographie contemporaine italienne. Jusqu'au 27 avril, la Fondation Henri Cartier-Bresson présente une importante exposition, Veramente, de ce photographe qui s'intéresse aux marges des territoires, aux lieux désaffectés, aux espaces intermédiaires ou « déterritorialisés » (aurait écrit Deleuze). Et paradoxalement, dans un pays saturé d'art, de monuments, de sites archéologiques et de villes-musées, Guido Guidi, l'anti-guide, promène son appareil dans les espaces périphériques : « les périphéries des villes étaient des sortes de zone libre qui offraient des possibilités infinies », note ce photographe, né en 1941 à Cesena au Nord-Est de l'Italie. Son lieu de naissance jouera sans doute comme une incitation artistique : il s'agit en effet de « la lisière agricole d'une banlieue traversée par une autoroute »... Le type même de (non)lieu qui n'intéresse aucun guide touristique, et a priori aucun photographe d'art ! Après s'être essayé à la peinture et avoir reçu une formation d'architecte, Guido Guidi devient photographe pour le département d'urbanisme de l'université de Venise. Il se focalise sur le paysage contemporain et ses modifications, observant ces « espaces transitoires en cours d'industrialisation » (formule extraite de la série In between cities). Photographies en noir et blanc d'abord, puis travail à la chambre noire avec un film grand format couleur... Guidi, bien sûr, s'inscrit dans une démarche documentariste, mais aussi dans la mouvance néo-réaliste, dont il reconnaît d'ailleurs l'influence. Il conduit en fait le réalisme jusqu'à son extrême logique, dépassant l'emphase misérabiliste (finissant par être une trahison du réel) de cette esthétique. En effet, le banal, le prosaïque, l'ordinaire, l'anesthétique restent plus près du réel quotidien... Enfin, proche en cela du cinéaste Antonioni, qui filmait des espaces indéfinis où évoluaient des personnages en crise, Guidi traduit par la photo le doute existentiel, marque de notre liberté. Car « travailler sur une zone frontière signifie travailler sans certitude, et être forcé d'observer des situations non codifiées, ouvertes... », rappelle Guidi. Plus qu'une esthétique du banal et de la désaffection sans doute, cette recherche sans guide, intuitive, resterait la meilleure leçon du photographe.

Adama est un mot hébreu signifiant la Terre. Il suffit de regarder les photographies de l'américain Robert Adams et de lire les textes qu'il compose, pour se persuader qu'un lien à la fois biblique, spirituel et bien entendu écologique s'est noué entre ce photographe et la Terre que, pleinement, il habite. La grande exposition (jusqu'au 18 mai) que le Jeu de Paume consacre à Robert Adams, L'endroit où nous vivons, montre la relation dégradée entre l'homme occidental et la nature. Voici quarante ans que ce photographe, né en 1937, braque son appareil sur la géographie de l'Ouest américain. Mais là où un Salgado nous faisait voir, un peu partout dans le monde, une nature encore intacte et somptueuse, Adams, dans d'austères photographies en noir et blanc, nous montre à la fois la beauté ineffable de la mer, des arbres, du ciel, de paysages à peu près indemnes, mais aussi la violente laideur, la brutalité de nos agressions à l'égard de l'environnement. « Le paysage est, pour nous, l'endroit où nous vivons. De sorte que si nous en avons fait mauvais usage, nous ne pouvons pas le rejeter sans nous rejeter nous-mêmes », écrit Robert Adams. Ces proliférations industrielles, commerciales, résidentielles sur les édeniques paysages californiens - cancer sur un corps féminin encore splendide - remuent le spectateur, dont la conscience citoyenne peut s'éveiller...
« Je vois ce que je crois. » : Robert Adams dit avoir trouvé dans cette phrase du poète américain Theodore Roethke le sésame qu'il cherchait.
Pierre Corcos
27-03-2014
 
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Verso n°136

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