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[verso-hebdo]
01-09-2021
La chronique
de Pierre Corcos
Arles : conjoncture ou tendance ?
Disons-le sans ambages, les 52èmes Rencontres de la Photographie d'Arles (jusqu'au 26 septembre) n'ont guère répondu aux attentes auxquelles nous avaient habitués de précédentes éditions... Certes, la conjoncture peut en être la cause : cassure en 2020 - année blanche à cause de la pandémie -, 35 expositions seulement, au lieu des 50 en 2019 (année du 50ème anniversaire), budgets revus à la baisse, changement de direction, Christoph Wiesner succédant à l'excellent Sam Stourdzé (parti à la villa Médicis) et n'ayant sans doute pas encore bien trouvé ses marques... Mais il peut également s'agir de nouvelles orientations, que nous pourrions résumer ainsi : une préférence stratégique (étude marketing préalable ?) pour les questions sociétales - assez consensuelles, en tous cas auprès de la plupart des visiteurs de ces Rencontres - et une minoration, en thèmes abordés, du social, de l'économique (explosion des inégalités, misère dans le monde, paradis fiscaux, etc.), et des grands périls menaçant l'humanité (pandémie et zoonoses, réchauffement planétaire et événements climatiques extrêmes, extinction de la biodiversité, épuisement catastrophique des ressources, etc.). Or Christoph Wiesner nous dit : « Les Rencontres d'Arles prennent le pouls de l'état du monde »... Il suffit d'avoir gardé en mémoire par exemple les sujets graves, percutants abordés lors de la 50ème édition, en 2019 (cf. Verso Hebdo du 12-9-2019) ou lors d'éditions antérieures, pour se sentir quelque peu frustrés par un resserrement autour de thèmes liés à l'« éthos », à ce « politiquement correct » importé des Etats-Unis, thèmes rebattus dans certains médias. Frustrés aussi par le décalage entre les présentations et commentaires subtils, savants, ambitieux des multiples commissaires d'exposition et les photographies concernées, qui soit offrent peu d'intérêt, soit ne sont pas assez nombreuses pour qu'on en apprécie la proposition globale. Frustrés enfin par le nombre insuffisant de démarches formelles vraiment originales et novatrices, en dépit du nombre de jeunes artistes émergents sélectionnés, et de la visibilité offerte à des groupes, collectifs et associations de photographes.

Cependant les Rencontres de la Photographie d'Arles restent encore un événement culturel assez foisonnant pour qu'on garde toujours la possibilité de retenir telles expositions d'ensemble ou tels photographes. En assumant un choix très limité... Ainsi « Thawra ! », un exaltant travail collectif : le soulèvement populaire, en 2019 au Soudan, contre la dictature militaro-islamiste d'Omar el-Béchir, représenté par les photos expressives de huit jeunes Soudanais, qui diffusèrent leurs clichés sur les réseaux sociaux pendant ces dramatiques événements. Sit-in inventif, poésie dissidente, lectures partagées, solidarité quotidienne et admirable engagement des femmes... Les Soudanais veulent « faire peuple », alors que l'arabe et l'islam furent imposés par le régime pour diviser et opprimer. Une mosaïque d'images et un film d'Hind Medeb : nous faire humer cet invincible vent de liberté, sentir les courants ascensionnels de tout soulèvement. Le travail de Stephan Gladieu, quant à lui, évoque remarquablement la dictature communiste en Corée du Nord par la seule forme qu'il imprime à ses portraits (à la façon d'August Sanders) d'individus sociotypés. Ces photos en couleurs de personnages, le plus souvent en uniformes, posant frontalement, raides et sérieux devant des architectures et monuments écrasants, dans un cadre rigoureux et une lumière uniforme où ne subsiste généralement aucune ombre, suggèrent autant un régime totalitaire que l'imagerie de propagande qui l'escorte... Des portraits photographiques en couleurs de Pieter Hugo, nous avions déjà dit le plus grand bien (cf. Verso Hebdo du 19-3-2015), et le revoici dans cette éclatante rétrospective Être présent, qui rend l'âme charnelle et anime la chair de tous ses personnages, criants de vérité. Quelle vérité ? Leur énigme d'humains ! Et l'on ne sort pas indemne de toutes ces intimités... Sabine Weiss, 96 ans, doyenne aujourd'hui de la photographie dite « humaniste », a eu l'honneur d'une très grande exposition, Une vie de photographe, qui nous fait sentir, piqûre de mélancolie, à quel point son attitude d'artisan, son amour de la rue, des enfants, des animaux témoignent d'une époque chaleureuse et, semble-t-il, révolue. Le bel ensemble Jazz Power ! nous rappelle la vivacité des photographies (et notamment celles de Giuseppe Pino) publiées dans « Jazz Magazine » de 1954 à 1974, et comment la frénésie musicale a souvent pu croiser l'engagement politique... Intéressante, instructive relecture que celle sur Charlotte Perriand (1903-1999), Comment voulons-nous vivre ? car on y perçoit, à travers archives, cartes, fac-similés, photomontages en fresques, l'unité d'un combat esthétique multiforme pour un monde nouveau et accessible au plus grand nombre. Un prix d'humour cinglant pour Chow et Lin, Seuil de pauvreté, une suite caustique, critique de photographies (des morceaux, très inégaux, de poulets posés sur différents journaux) qui « examine, à travers le prisme universel de la nourriture, les choix quotidiens auxquels nous serions confrontés si nos revenus étaient équivalents au seuil de pauvreté »... Nous devons citer, pour finir, cette exposition pléthorique (50 artistes internationaux), encyclopédique, séductrice, Masculinités, visant surtout à la déconstruction, déjà bien entamée, d'un genre modélisé. Et cette autre, The New Black Vanguard, d'artistes noirs photographiant pour la Mode les corps noirs, et transformant ainsi les images culturelles... Ces dernières expositions et d'autres, « sociétales », deviendront-elles la tendance dominante dans les années à venir ? La prochaine édition nous répondra.
Pierre Corcos
corcos16@gmail.com
01-09-2021
 
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Verso n°136

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