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[verso-hebdo]
04-06-2015
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Futurs, sous la direction de Christine Poulain & de Guillaume Theulière, Musées de Marseille/Réunion des musées nationaux/Grand Palais, 208 p., 35 euro.

Qui trop embrasse mal étreint ! C'est ce qu'on me disait quand j'étais petit. C 'est un peu ce qui se passe avec cette exposition présentée au Centre de la Vieille Charité. La dernière partie avec les oeuvres d'Henri Matisse, d'Alexandre Calder, d'Auguste Herbin, mélangées à celle de Kupka et de Goncharova me semble un méli-mélo hors sujet, même si certains tableaux auraient pu très bien entrer dans la perspective des commissaires. On ressent trop le besoin de placer quelques noms célèbres autour de personnages qui ne sont pas franchement inconnus ! Mais laissons cette section de coté et voyons le reste. La première partie met en scène comment les avant-gardes historiques voyaient le monde urbain, de Grosz à Magritte. L'essai de G. Theulière nous fait passer de l'univers fantastique d'Odilon Redon à la cité moderne traité dans le style de la bande dessinée par Lichtenstein. C'est un peu trop elliptique. En revanche, « Souvenirs du futur » de Pascal Neveux est plus concentré sur un sujet précis : l'architecture utopique. Ce terme peut recouvrir plusieurs types d'architectures et plusieurs époques. Lui a privilégié la période des années 50 à 80 du siècle dernier, de Buckminster Fuller à Antti Lovag et son Palais-bulles. « La Guerre des mondes » d'Olivier Cousinou nous ramène à la sphère de l'illustration et de la bande dessinée. Il traite avant tout des représentations de la culture populaire. Enfin, le scaphandrier des nuages d'Arnauld Pierre examine tous les mondes d'explorer l'espace, de la Maternité cosmique de Prampolini au Space Mural de Robert McCall. Il y a d'ailleurs une sorte de contradiction entre les essais du catalogue, dont la plupart sont pertinents, et l'exposition qui se révèle beaucoup plus riche et dense, mais avec le même problème de définition des zones d'investigation. En conclusion, disons que ce n'est pas parfait, mais que l'exposition et son catalogue fournissent un excellent point de départ pour une meilleure connaissance du rapport entre l'homme moderne, la ville et la connaissance du monde sidéral....




Le Bleu de l'oeil, Claude Lévêque, musée Soulages, Rodez, 88 p., 22 euro.

Claude Lévêque fait partie de cette catégorie d'artistes de notre temps qui ont un intérêt indéniable, mais ne parviennent pas à l'excellence. C'est le cas aussi de Christian Boltanski (malgré d'indéniables réussites) et de François Morellet, pour ne citer qu'eux. Il y a toujours un moment de leur création, un cycle d'oeuvres qui les font déraper et qui réduisent la portée de leurs recherches. Dans le cas de Lévêque, ce sont ses tableaux avec le néon, qui paraissent être un joyeux mélange de Fontana, de Dan Flavin et de Ben. Mélange improbable, mais aussi une façon de se rallier des admirateurs de différents bords et donc d'obtenir un consensus, on aime ce que l'on connaît déjà. Des installations comme Le Mur aveugle à Rodez sont à pleurer car c'est une reprise un peu décalée du Vide et du Plein de Yves Klein. Un peu de Nouveau Réalisme, un peu de conceptuel, un peu d'humour dans le goût du jour et cela nous donne ce genre d'installations qui manque leur cible. Je me souviens de ce qu'il avait fait au pavillon Français de la Biennale de Venise il n'y a pas si longtemps : c'était presque bien, mais trop léché, trop bien construit pour quelque chose qui jouait avec l'idée de noir et d'anarchie. Bien sûr, il y a de belles choses dans cette expositions dont les Wild Horses (pourquoi ce titre est-il en anglais - parce que les Britanniques aiment les chevaux sans réserve ? ), mais cela ne suffit pas pour nous faire crier au génie. Il y a quelque chose dans la culture française qui n'arrive plus à s'exprimer. Après avoir dominé les arts depuis Poussin, Paris, qui est demeuré un centre de création important, n'est plus le centre du monde de l'art. Et cela est marqué par ces personnages qui sont capables et qui ont du talent, mais qui manipulent trop de références évidentes. Allons, Claude Lévêque, encore un effort pour être un grand artiste digne de ce nom !




Il y a des journalistes partout, Marc Dachy, « L'Infini », Gallimard, 192 p., 18 euro.

Etrange ouvrage que celui-là, que son auteur a sous-titré : « De quelques coupures de presse relatives à Tristan Tzara et André Breton ». On s'apprête à lire un essai qui concernerait la réception critique de l'auteur du Coeur à gaz et des Sept lampisteries. C'est d'ailleurs un versant de la question. Mais notre auteur a bien autre chose en tête : démontrer que la personne et que l'oeuvre de Tzara ont été occultées, et surtout par le biais de la presse. Mais alors, il ne s'agirait plus d'une question strictement journalistique, mais plutôt d'un refus concerté su grand fondateur du groupe Dada à Zurich en l'an 1917 ! Ce serait un peu comme si l'on écrivait une histoire de l'art récente en ne prenant appui que sur la réception critique (dans la presse de surcroît !). Ce serait oublier que les choses sont complexes. Tzara aurait-il été boycotté à cause de ses origines juives ou parce qu'il était roumain ? Cela ne pourrait être valable pour un ou deux cas mineurs. Parce qu'il a gêné la nature française du groupe dadaïste à Paris et, encore plus, la naissance du surréalisme ? C'est déjà plus crédible. Qu'il ait eu des démêlés à cause de son ralliement au PCF et à ses positions « staliniennes » ? C'est indiscutable. Mais toutes ces raisons ont-elles été à l'origine de la méconnaissance et de son rôle historique et de son oeuvre avant-gardiste ? La question devient encore plus déconcertante quand l'auteur évoque la personnalité de Breton. Celui-ci a peut-être été l'objet d'incompréhension, mais sa notoriété n'a jamais été démentie avant la fin de la guerre. Mais alors, les historiens ont pris le relais. Aussi curieux que cela puisse paraître, ce livre s'avère, en partie, un hommage aux Lettres françaises, un journal qui est demeuré fidèle à Tzara. La dernière question que pose l'auteur est, en définitive, la raison pour laquelle la poésie de Breton demeure peu reconnue. Mais doit-elle l'être plus qu'elle ne l'est aujourd'hui ? Quoi qu'il en soit, même si ces pages font songer au procès dadaïste contre Maurice Barrès, remplacé par la nébuleuse « journalistes » et valent surtout  pour nous pousser à mieux interpréter les faits en allant vérifier les sources, et les histoires fabriquées à partir de mille et une choses plus ou moins douteuses, dont les fameuses « coupures de presse ». Tout cela en fait en livre un tant soit peu dadaïste en dépit de son grand sérieux digne des thuriféraires bretonnants de Mélusine...




Le Feu et le récit, Giorgio Agamben, traduit de l'italien par Martin Rueff, « Bibliothèque » Rivages, 176 p., 16,50 euro.

Curieuse figure que celle de Giorgio Agamben ! Parfois, il écrit des pages passionnantes, qui éclairent d'une manière rare des choses qui ne nous viennent pas à l'esprit, d'autres fois, il verse dans la toutologie, cette science dont s'est emparée bon nombre d'intellectuels de succès. C'est le cas, par exemple, de son article sur le procès Eichmann, qui dérive sur la mort de Dieu. Hannah Arendt a su dire des phrases décisives et souvent dérangeantes à propos de ce procès très médiatisé. Agamben en est encore à s'interroger sur la faute et la peine. Il aurait pu appeler Franz Kafka à son secours ! Quand il s'interroge sur l'acte créateur (vaste question !), il choisit Les Ménines de Velàzquez. Ce n'est pas original (on songe tout de suite au texte de Michel Foucault dans les Mots et les choses), mais, au fond, pourquoi pas ? Après avoir déclaré que l'oeuvre manifeste la puissance, il godille entre Aristote (qui a dit bien autre chose sur l'art que ce qu'il nous sert) et Spinoza et sa jouissance apportée par le désir. Quelle déception ! Dans « Du livre à l'écran », cette fois nous sommes pris en tenaille entre Barthes et Giorgio Manganelli. Ce n'est d'ailleurs pas plus mal qu'autre chose (quoi que Barthes n'a pas eu beaucoup à dire sur « la préparation du roman »). A un moment donné, il revient au monde ancien, et oppose le volumen païen et hébraïque (la Thora) et le livre chrétien. Cette différentiation essentielle qu'il souligne à juste titre est née d'une bonne raison qu'il ne dit pas : la forme du livre des chrétiens est déterminé par la forme de la croix et peut ainsi se distinguer de tout ce qui l'a précédé non seulement par la forme, mais aussi dans la conception même de la forme. Après, il repart sur les diverses versions d'un texte et passe de Moravia à Calvino, sans oublier (cela va sans dire) Mallarmé, qui, soit dit en passant, n'est jamais allé au-delà d'un vague projet quand il a voulu concevoir le Livre, qui aurait dû être l'apothéose de sa recherche poétique. Il faut lire ce recueil car on peut y glaner pas mal de choses de valeur. Mais il faut aussi se garder d'en admettre toutes les conclusions.




Rappelez-vous cela, rappelez-vous bien tout, Radovan Ivsic, Gallimard, 118 p., 16,90 euro.

Ce livre est une petite merveille. En premier, c'est un parcours autobiographique des plus singuliers. Le poète croate Radovan Ivsic (1921-2009) nous narre sa vie dans la Yougoslavie de Tito, vivant loin de Zagreb, dans une cabane, en solitaire. Il se tient le plus à l'écart possible du monde qui, de toute façon, rejette son oeuvre. Le plus grande des hasards lui fait rencontre une archéologue qui se trouve dans l'impossibilité de rentrer chez elle en France. Il l'héberge. Celle-ci, pour le remercier, l'invite à Paris. Grâce à ce précieux viatique, il peut quitter son pays. Il ne met pas très longtemps à connaître des personnes qu'il admire et qu'il n'avait même pas rêvé de pouvoir rencontrer un jour, comme Benjamin Péret. Grâce à ce dernier, il est introduit dans le cercle d'André Breton. Il va alors participé aux rencontres au café Le Musset, puis dans le petit bistrot de la rue Vivienne et enfin à La Promenade de Vénus, près des Halles. Il est aussi introduit dans le saint des saint : l'appartement d'Elisa et d'André Breton. C'est sans nul doute le témoignage le plus passionnant qui soit sur les dernières années du groupe surréaliste jusqu'au décès de Breton survenu en 1966. C'est aussi un beau récit qui nous conduit de sa cabane de garde-chasse jusqu'à la rue Fontaine, en nous faisant découvrir les figures importantes et aussi celles secondaires de ce mouvement sur son déclin.




Wulf, Hamish Clayton, traduit de l'anglais (Nouvelle-Zélande) par Marc Sigala, Editions de la Différence, 272 p., 22 euro.

Il est rare de lire un premier roman qui sorte de l'ordinaire. Cette première oeuvre de Hamish Clayton est plus qu'une réussite, c'est une petite merveille. Il a été primé en 2012 dans son pays et ce n'est que justice. C'est vraiment une fiction qui est fascinante à plusieurs titres. Tout d'abord, cela donne le sentiment d'être un mélange de Joseph Conrad et de récits de voyages (l'auteur explique d'ailleurs qu'il s'est inspiré de faits réels et que certains de ses personnages ont bel et bien existé). L'aventure maritime, l'exploration de terres nouvelles, la découverte de peuples inconnus et de leur culture étrange et un peu effrayante, tout cela bien sûr est propice à la jubilation du lecteur. L'auteur nous relate l'expédition de l'Elizabeth, qui se rendit en Nouvelle-Zélande en 1830. Le narrateur n'est ni stupéfait, ni choqué par ce que ce monde lointain peut lui délivrer. Ce qui est frappant dans cette oeuvre de fiction, c'est l'esprit qui s'en dégage, le caractère un peu mystérieux et surtout vénéneux de ce périple. Les relations avec ces civilisations autochtones se révèlent délétères. Peu à peu, le héros comme ceux avec qui il voyage, surtout Cowell, qui est un navigateur expert et un passionné de cartographie, qui l'initie à cet univers. Tous semblent possédés peu à peu par les moeurs effrayantes (à nos yeux) de ces tribus qui se combattent sans la moindre pitié et pratiquent l'anthropophagie. Les hommes de l'Elizabeth sont en rapport avec le chef de l'une d'elles et assistent à ses expéditions guerrières. Venus pour tenter d'acheter du lin, l'équipage du navire anglais repart avec une autre cargaison : des objets, des armes, toutes sortes de choses qui appartiennent à cette civilisation que notre narrateur sait condamnée, par la venue des Occidentaux, mais aussi par leurs coutumes d'une haute cruauté. Rien à faire : cette histoire vous saisit et ne vous lâche plus. Pour un premier essai, c'est une formidable réussite.




Toute la lumière que nous ne pouvons voir, Anthony Doerr, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Valérie Malfroy, Albin Michel, 624 p., 23,50 euro.

Ce roman a eu un grand succès aux Etats-Unis. La presse parle d'un « roman majestueux ». Il semblerait qu'Anthony Doerr soit l'étoile montante au firmament de la littérature d'outre-Atlantique. Il est vrai que le roman est impressionnant, ne serait-ce que par son ampleur. Mais nous sommes bien loin de Faulkner, de Truman Capote, de Philip Roth, en somme de tous les auteurs qui nous ont fait rêver ou qui nous ont révéler les vérités bonnes ou mauvaises des Etats-Unis. Le talent ne lui manque pas. Il y a des parties très belles et d'autres assez recherchées. Mais un bon d'ombre d'entre elles sont dignes du roman feuilleton français du XIXe siècle et encore, pas à la hauteur de Victor Hugo et même pas d'Eugène Sue. Bien sûr il y a une Cosette, qui est une petite fille aveugle, Marie-Laure Leblanc, qui révèle des qualités rares et qui incarne le côté français avant et pendant la dernière guerre. Du côté allemand, il y a un orphelin, qui n'a plus que sa soeur, Werner Pfennig. Il a lui aussi des dons, en particulier pour tout ce qui touche aux questions d'électromagnétisme. Il va se retrouver dans une école où l'on forme des éléments d'élite pour le IIIe Reich. La guerre bien évidemment bouleverse leurs destins. Ils vivent l'un et l'autre d'innombrables péripéties. Les vicissitudes du conflit et l'occupation de la France vont faire que ces deux figures majeures du livre se rencontrent à Saint-Malo bombardé à outrance et défendu avec acharnement par les Allemands. Lui sera fait prisonnier dans les alentours et elle, elle pourra rentrer à Paris, se marier, avoir une fille. Je dois reconnaître que je me suis laissé prendre à ces histoires, avec toute une foule de personnages hauts en couleur qui gravitent autour de l'existence de nos deux jeunes héros. Mais il a des longueurs accablantes et puis des facilités, et dans le langage et dans les sentiments qu'entend inspirer l'écrivain dans ces pages. Les plagistes pourront s'en repaître, car c'est certainement un livre au-dessus de la moyenne du genre. Mais je dois tout de même déplorer qu'Anthony Doerr ait galvaudé son talent, qui est indéniable.




Coup de chaud à la Butte-aux-Cailles, Yves Tenret, Editions de la Différence, 192 p., 16 euro.

Plus que l'intrigue, c'est l'atmosphère de ce roman noir qui est surprenante. Le petit monde de ce quartier si particulier qui semble une sorte d'enclave - une ile même - dans le XIIIe Arrondissement de Paris est décrit avec un art et une saveur indéniable. Yves Tenret sait avec originalité nous entrainé dans les rues de ce coin de la capitale, qui paraît encore attaché à un lointain passé urbain et humain. Les personnages qui y surgissent sont l'expression de l'étrange brassage de peuples qui sont venus y échouer : des Nord Africains, des Chinois, des Coréens, des Gitans, et quelques Français de souche (comme on a coutume de la dire) qui s'y ancrent avec une énergie désespérée compte tenu de leur marginalité. C'est remarquable et on ne s'ennuie pas une seconde. C'est en plus divertissant et bizarre. L'histoire proprement dite repose sur des assassinats qui privent Walter de la présence de figures familières qui faisaient partie pour lui du paysage. La police ne parvient pas à découvrir l'auteur de ces meurtres. Et puis il y a l'affaire des salons de massage chinois et leur économie déconcertante. Tout cela se confond dans une sorte de bas-fond qui change ce quartier en un genre de cour des miracles. Walter tente de comprendre comment de telles horreurs ont pu être commises. Mais il ne parvient pas à percer le mystère. Il découvre avec horreur à la fin de cette ténébreuse affaire que c'est son meilleur ami, celui qu'on surnomme le Gros - un être un peu grotesque, envahissant, mais fidèle dans son amitié -, qui est le coupable. Cette révélation bouleverse Walter déjà profondément ébranlé par l'échec de son existence. C'est un bon livre, même si ce n'est pas un polar au sens propre du terme. La verve de cet écrivain est réjouissante et rare. Elle procure un plaisir fou au lecteur.




Ici meurent les loups, Stéphane Guyon, « Noire », La Différence, 258 p., 18 euro.

Drôle d'affaire ! Dans la première partie du livre, on ne comprend pas trop ce que veut faire l'auteur. Il nous fait connaître une fratrie et un une petite cellule familiale repliée sur elle-même. Les trois frères, Ladislas, Matthias et Stanislas, semblent bien différents des autres adolescents. Quelque chose de malsain se dégage de ce clan, mais il est assez difficile de dire quoi. Dans la deuxième partie du livre, nous faisons connaissance d'un frère, Samuel, et d'une soeur, qui habitent chez leur père. Ils avaient vu le corps de leur mère au fond du puits, plein de sang et lamentablement replié sur lui-même. Le frère est très attaché à sa cadette. Il entend la protéger. Mais il avait coutume de fuguer. Celle-ci est alors enlevée et conduite dans un sous-bois ou le jeune homme la menace de son fusil. Il la viole tout en lui envoyant une décharge dans la tête. L'enquête ne met pas longtemps à découvrir le coupable : c'est l'un des trois frères. Ce n'est pas tant l'enquête qui importe ici, mais l'étrange nature de ces êtres et de leur étrange manière de vivre. Cela dit, Stéphane Guyon, qui met sans cesse l'action en suspens, finit par nous captiver.
Gérard-Georges Lemaire
04-06-2015
 

Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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