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[verso-hebdo]
03-03-2022
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Tiziano e l'immagine della donna nel Cinquecento veneziano, sous la direction de Sylvia Ferino-Pagden, Palazzo Reale, Milano - Kunst Historisches Museum, Vienne, Editions Skira, 374 p., 42 euro.

La période prise en considération ici - le XVIe siècle - est considérée comme le point culminant de la Renaissance italienne et aussi sa fin éblouissante, et Venise a été sans aucun doute le centre le plus brillant. Dans ce contexte, Titien est l'artiste pris pour paradigme de tous ces grands créateurs qui ont lui donné un lustre dans toute l'Europe. Pourquoi ? Parce que Tiziano Vecelli (1488-1576), né à Cadore, il a été bientôt été regardé comme le meilleur portraitiste de sa génération - il est l'auteur, parmi bien d'autres, des portraits de François Ier et de Philippe II d'Espagne. Il a aussi fait montre d'une qualité hors du commun dans son colorito). Ses grandes Vénus alanguies après desquelles des seigneurs s'asseyaient plaisamment (un thème que Pablo Picasso a repris aussi à la fin de sa vie) ont hissé au plus haut de son art pictural la traduction de sa sensualité. Aussi parce qu'il a bien fallu choisir un thème, le sujet étant tellement vaste, on a cru bon d'en attribuer un à cette grande exposition, dans le goût du jour : l'image de la femme ! C'est sans doute un sacrifice un peu contestable à la mode, mais on est loin de restreindre la question, bien au contraire : on trouve dans ces salles des portraits de la main de Titien, de Jacopo Tintoret, de Bernardino Licinio, de Palma il Vecchio, de Giorgione, de Paolo Veronese, de Lorenzo Lotto, pour ne citer que les plus connus.
Tout l'intérêt de cette manifestation, mais aussi de ce fort catalogue, qui se révèle d'ailleurs d'un intérêt certain car il trait en détail des questions comme celle de la mode : les robes de ces dames de haute société sont traitées avec un soin inouï et le spectateur peut en découvrir le moindre détail, nature du tissu, la plus petite broderie, le renflement des manches quand c'est le cas. Et puis on voit apparaître de superbes colliers, bracelets, chaînes, Les coiffures sont aussi magnifiques. En sorte que l'ouvrage se change en un dictionnaire des arts appliqués. De plus ces peintres très habiles, exaltent la beauté de ces dames, mais, parfois, introduisent un petit défaut sur l'épiderme, ou installent des couches de fard plus accentuée sur certains endroits du visage. En de rares occasions, des seins menus sont dévoilés, en particulier ceux d'un buste d'une demoiselle très jeune et qui ressemblent beaucoup à ceux de l'autoportrait de la fille du peintre, Marisa Robusti dite la Tintoretta.
En somme, ils se sont appliqués à les rendre aussi belles et charmantes que possible, à l'exception de quelques matrones ou femmes à la mine peu plaisante. Certaines d'entre elles atteignent une grande beauté comme Giovane donna con pellicia du Titien dont on ne sait si le visage est encore ingénu ou s'il est déjà malicieux (circa15341536). Quelques héroïnes sont issues de l'Histoire sainte Pas question d'oublier les très juvéniles Madones et les Eve du Paradis terrestre . Et il ne faut pas non plus oublier Lucrezia et Tarquino. Et il faut songer à Suzanne et les vieillards, un sujet que Tintoret a si bien rendu. A noter que cet événement a permis de réunir des copies d'atelier ou de confronter différentes versions du même tableau. A la fin du parcours, on a rassemblé quelques lettrés et humanistes, tel Benedetto Varchi peint par Titien vers 1540 ou Domenico Cagnoni, que dépeint Veronica Gambara.
Evidemment, on retrouve dans ce petit ce petit cénacle L'Arétin dessiné de de la main du Titien. Si l'on veut bien laisser de côté le clin d'oeil à la monde intellectuelle du temps présent, ce voyage parmi tous ces nus sérieux ou souriants est une merveilleuse occasion de pénétrer dans l'intimité de toutes ces figures qui ont été illustres et de contempler non seulement leur beauté, mais aussi leur goût et leur esprit que l'artiste a su si bien affiler avec son pinceau. Et puis ne peut que demeurer ébloui devant le portrait d'Isabelle d'Este en noir du Titien (circa 1534-1536). L'ouvrage nous apprend mille et une choses nous permettant de mieux comprendre comment vivaient ces femmes de la noblesse et aussi quelles étaient leurs manières de transformer une robe, devenue de forme assez simple, en un incroyable involucre de leurs formes, sans la moindre trace d'ostentation. En fait, en dépit de la richesse des étoffes et de leur raffinement, la simplicité est plutôt de mise, tout comme d'ailleurs dans leurs coiffures - la description et la mise en triomphe de leur beauté ne sont pas sublimées dans ces tableaux, elles sont uniquement mises en exergue et leur sensualité n'est le plus souvent que suggérée - bien sûr, elle s'impose, avec douceur et délicatesse. Au fond, on doit corriger de toute urgence quelques notions erronées héritées de nos vieux livres illustrés en noir et blanc et aussi quelques idées reçues sur cette grande période flamboyante qui peut toujours nous faire rêver ! C'est une incroyable complicité (et une intimité profonde) de l'art de la peinture et de l'art de se présenter aux yeux des autres, superbe et désirée, parfois plus ou moins dénudéees, mais jamais aguicheuse ou vulgaire - et presque chaque fois avec une grâce et un charme inégalable. Le luxe est dans cette culture, un élément de la pensée.




Le Festin, Margaret Kennedy, traduit de l'anglais par Denise Van Mopé, préface de Cathy Rentzenrink, Quai Voltaire, 480 p., 24 euro.

Dans ce roman, Margaret Kennedy (1896-1967) nous convie à revenir en arrière dans le temps : tout commence pendant le mois de septembre 1947, quand le révérend Seddon séjourne chez le révérend Bott en Cornouailles. On surprend les deux ecclésiastiques en train de jouer aux échecs.
Mais Bott doit renoncer à ce plaisir car il doit rédiger une oraison funèbre. Un pan de la haute falaise s'était effondré sur l'hôtel, qui était un ancien manoir, dans les alentours de St. Sody et il y avait eu des victimes. Il n'y aura pas de funérailles car on n'a pas retrouvé les corps des personnes disparues à jamais lors de cette tragédie. L'auteur remonte dans le temps et raconte la dernière semaine de l'existence des clients de cet établissement complètement détruit.Le rideau est tiré et on découvre le décor : lady Eirine Gilford annonce son arrivée à Pendizack à son amie Lady Siddal. Dans le chapitre suivant, nous découvrons une lettre envoyée par Miss Dorothy Ellis à Miss Gertrude Hill. Elle se plaint des conditions de vie dans cet hôtel de Porthmerryn. Cette missive est suivie d'un extrait du journal de Monsieur Paley, où il parle de la famille Siddal. Mais Paley s'intéresse surtout à la petite bonne, Nancibel Thomas. Peu à peu on comprend les relations que ces personnages entretiennent les uns avec les autres. Mais nous ne saurons jamais que des brides de ces rapports plus ou moins heureux.
Rien de particulièrement reluisant en général ! Tout ce petit monde se hausse le col, ou s'imagine être une autre personnalité que chacun croît avoir, mais rarement s'est retrouvé dans une situation sociale plus ou moins embarrassante, même d'aucuns sont plutôt désargentés. Les trames s'enchevêtrent et les récits n'ont rien de particulièrement dramatique. Le livre étant divisé en journées, du lundi, au vendredi, chacune de ces journées est riche en événements de toutes sortes. C'est ce qui fait l'attrait de ce roman, qui est dépourvu d'un fil rouge : c'est une accumulation de choses qui permet de saisir le lien de telle ou telle personne à une famille ou à un groupe d'amis ou de relations. La chute de la falaise met un terme à toutes ces histoires qui paraissaient devoir durer longtemps et avoir des conséquences innombrables.
Margaret Kennedy montre ses qualités majeures dans Le Festin : sa capacité de nouer des intrigues de toutes sortes dans un espace narratif restreint, son goût pour les situations compliquées, souvent embrouillées, mais aussi son sens de l'humour et de la dérision. Elle perçoit l'existence des êtres humains comme un jeu curieux et parfois dangereux. Elle sait aussi mettre en relief le caractère dérisoire d'une certaine société qui se considère au-dessus des autres. Dans le cas présent, nous ne connaîtrons que trop bien la conclusion de ces destins, comme si le roman n'avait eu aucune raison d'être, car les passions, les désirs, les illusions et les désillusions des uns et des autres connaîtront une fin désastreuse et cruelle. Bien sûr, le style et la conception romanesque de Margaret Kennedy peuvent sembler un peu suranné à nos yeux, mais n'est pas dépourvu de charme. Mais son ouvrage a du caractère et fait la démonstration de sa grande valeur comme auteur. Elle s'amuse d'ailleurs à inclure une femme de lettres parmi les personnages ayant pris une chambre dans cette ancienne demeure seigneuriale.




Le Bon sens, Michel Bernard, « La Petite Vermillon », La Table ronde, 138 p., 7, 30 euro.

L'épopée de Jeanne d'Arc et son supplice nous ont laissé une impression si forte depuis l'école communale qu'on ne s'est guerre intéressé de la suite du règne de Charles VII, qui passait pour un être méprisable. Or, les années qui ont suivi la mort de la sainte guerrière, il s'est montré à la hauteur de son rang et a commencé à reprendre divers territoires de la France tombés aux mains des Anglais, dont la ville de Rouen. Charles VII parvient à s'emparer de la Normandie, puis de la Guyenne deux ans après le siège de Bordeaux : les Anglais rembarquent en 1453. Sa victoire est totale, malgré toutes les difficultés, les complots et les révoltes. Il n'y a plus que Calais qui soit aux mains de l'ennemi britannique. Cette date marque la fin de la guerre de cent ans. Le personnage qui se fait le véhicule de toutes les nouvelles de cette épque est un ecclésiastique nommé Guillaume Machon.
Au fil des événements, nous retrouvons tous les personnages de cette reconquête victorieuse qui a vu apparaître un personnage encore imprévisible à l'époque de Jeanne d'Arc en armes. Sa jolie maîtresse, Agnès Sorel, qui est si jeune morte en couches, l'excellent portraitiste Jeans Fouquet, et les compagnons du roi se montrant de brillants compagnons d'armes, toutes les figures notables de cette période qui a rendu le roi mémorable. La France a changé complètement de physionomie. Elle est entrée désormais dans la Renaissance. Le roi songe alors à la malheureuse pucelle qu'il a abandonnée lâchement alors qu'il l'avait sauvé de la déchéance et qu'il a fini par continuer à enquêter méticuleusement, avec piété et reconnaissance sur le sujet pour leur rendre hommage.
Charles VII a continué à retracer en détail l'histoire de la Pucelle d'Orléans, depuis sa première rencontre jusqu'à sa mort. C'est un roman a représenté une rare reconstitution historique et récit romanesque. Une belle réussite, car il est bien difficile de conjuguer l'histoire dans sa nudité et dans sa légende.




Les Anarchistes, Alexander Ilichevsky, traduit du russe par Hélène Sinany, « Du monde entier », Gallimard, 230 p., 23 euro.

Le roman russe, depuis l'effondrement de l'empire, a, pour ce que je peux en savoir (qui n'est pas énorme, je l'avoue), présente souvent des caractéristiques assez voisines : une écriture volontairement brouillonne (en tout cas, pas le moins du monde classique), une histoire présentant des personnages marginaux, une trame assez décousue, beaucoup de burlesque et tragicomique, un récit peu logique, embrouillé, ou carrément abracadabrant. Les Anarchistes portent un titre qui vaut mieux qu'un long discours. Le personnage principal, Piotr Solomine, décide un beau jour de tout laisser derrière lui pour se rendre dans la campagne afin d'y peindre tout son saoul. Il s'installe au bord d'une rivière, qui se nomme Oka (on ne peut pas penser à un cadre idéal comme celui de Giverny). Il tombe très amoureux de Katia - un amour pour le moins tourmenté. Leur univers se peuple de personnages pittoresques, qui sont des hommes des bois qui se mêlent aux fantômes et aux êtres légendaires dans ces régions sont particulièrement riches. Si les épisodes sont nombreux, souvent gazis, parfois tristes, ils ne sont pas toujours reliés par un fil d'Ariane : ils s'emboîtent à la qui mieux mieux à un vague histoire centrale qui est en fait des moments de l'existence de Piotr et de Katia, et l'affaire se termine quand ils disparaissent.
Ce mélange de raffinement apporté par la peinture et de sauvagerie imposée par ce mode d'existence non loin de Kalouge, c'est-à-dire dans un coin du monde inconnu de tous et difficilement accessible fait tout le charme de cet univers hors du monde. Leur petit monde (Doubrovine, le moine Evmeni venu pour la restauration d'une chapelle, Kapelkine, Tchourckine, et quelques autres à compter sur les doigts de la main) change un microcosme et la modernité qu'ils ont voulu chasser en fait demeure en eux depuis longtemps : c'est leur idée de l'âge d'or qui est une idée moderniste ! Le déroulement des faits ne compte pas beaucoup ici. Seuls comptes des instants choisis et précieux qui leur font croire qu'ils vivent au sein d'une sorte de paradis terrestre loin de la civilisation. Ces pages nous font comprendre la mentalité qui est sortie des événements de la fin du siècle dernier.
Gérard-Georges Lemaire
03-03-2022
 
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Verso n°136

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