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[verso-hebdo]
07-06-2023
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Le Bleu, Valérie Mettais, un coffret + un livret, Editions Hazan, 25, 95 euro.

Cet ouvrage est tout l'opposé du Noir que j'avais publié chez le même éditeur il y a déjà un certain nombre d'années. C'était un fort volume catonné avec un long essai. Ici, la présentation de Valérie Mettais se limite à quelques pages suivies de la liste des oeuvres reproduites. Et d'un très bref commentaire sur chacune d'elles D'autre part, il se borne à une période limitée de notre histoire de l'art, l'antiquité n'étant représentée que par une oeuvre égyptienne la déesse Hator) et ne reprend son cours qu'au XIIIe siècle. Le voyage qui nous est offert se clôt avec Piet Mondrian et Yves Klein.
Cela nous conduit à un jugement contradictoire. D'un côté », on est séduit par cette succession de peinture où l'on croise Fra Angelico Joseph Bosch, Antonello da Messina, Johannes Vermeer, John Constable, Hokusaï (le seul créateur oriental dans ce recueil) , et puis grand nombre d'impressionnistes et de postimpressionnistes jusqu'à Paul Cézanne. La modernité est réduite par la force des choses à quelques exemples célèbres comme les peinture de Vassili Kandinsky et de Franz Marc. Les commentaires sont justes, mais un peu trop courts. Ce qui nous amène à ce qui pourrait sembler une anthologie de tableaux plus qu'à une étude approfondie de ce que le bleu a pu représenter dans le développement des arts plastiques en Europe. Il faut donc prendre ce Bleu comme une vision panoramique à travers un choix de compositions représentatives (mais pas exhaustive) de l'usage de cette couleur.
C'est fait pour qui aime les arts plastiques, mais n'en a pas une connaissance sérieuse de ses mille aspects au fil des siècles. Ce n'en est pas moins un beau livre, qui séduira un public peu averti- ce qui est déjà une très bonne chose. Donc il convient de prendre cette édition pour ce qu'elle est, appartenant plus au rayon des cadeaux qu'à celui des recherches sur ce que les peintres ont pu faire par le passé. Je ne jetterai pas la pierre contre l'éditeur car le coffret est très beau. Mais j'aimerais qu'à l'avenir il donne plus de place à une histoire détaillée de la couleur choisie.




Le Rouge, Valérie Mettais, un coffret + un livret, Editions Hazan, 25, 95 euro.

Les mêmes considérations que pour Le Bleu peuvent s'appliquer à ce volume. Le principe est identique. La seule différence est que l'auteur a fait débuter son anthologie à la préhistoire. Nous parcourons les époques de l'art européen jusqu'à la période moderne en passant la plupart du temps par des peintres connus. C'est plaisant à consulter, mais demeure le fait que les explications sont un peu aigres et que la préface proprement dite est franchement mince.
De Rogier van der Weyden à Kazimir Malevitch, nous découvrons des créations de Grünewald, du Titien, de Brueghel, du Caravage, de Rubens, de Rembrandt, pour arriver à Delacroix, Whistler ou Claude Monet. Ici, seul domine le plaisir de passer en revue des tableaux où le rouge tient une place importante dans le dispositif chromatique de l'ensemble. C'est un livre fait pour le divertissement, non pour l'éducation. Mais on peut très bien s'en satisfaire si l'on n'est pas un amateur averti de l'art occidental. C'est une sorte d'initiation. A mon avis, il serait bien de concevoir un livret avec une présentation plus développée et qui nous fasse mieux comprendre tous les aspects de cette couleur, ses signification et l'évolution de son usage. Et puis les commentaires concernant chacune des oeuvres demeurent trop sommaires.
Bien sûr, ces ouvrages sont conçus selon des principes identiques et ne laissent pas beaucoup de marge au texte. Mais un léger réajustement serait des plus indispensable. Cela dit, ce coffret est bien fait et mérite d'être consulté pour avoir la faculté de découvrir toutes les nuances de rouge que présentent les oeuvres reproduites.




L'Eminence grise, études de religion et de politique, Aldous Huxley, traduit de l'anglais par Jules Castier, « le goût de l'histoire », Les Belles Lettres, 360 p., 16, 90 euro.

Aldous Huxley (1894-1964) est devenu célèbre pour ses romans de science-fiction, en particulier Le Meilleur des mondes. Il a écrit sur de nombreux sujets et s'est beaucoup attaché à la spiritualité orientale. Il a même expérimenté les produits stupéfiants et en a parlé dans des ouvrages tels que Les Portes de la perception. Il s'est installé à Hollywood en 1937. Cet ouvrage, qui est la seule biographie qu'il n'ait jamais écrit, a paru à New York en 1941. On est surpris en le lisant de sa volonté de plonger en profondeur dans les arcanes de la religion catholique.
Il s'est passionné pour les transformations théologique du début du XVIIe siècle. Le père Joseph a joué un rôle non indifférent dans l'histoire de France comme conseiller de Richelieu, et exécuteur de ses oeuvres. François Leclerc de Tremblay est issu d'une très bonne famille : il est le fils du président des requêtes du Parlement. Il a fait d'excellentes études et a esquissé une carrière militaire. Mais c'est finalement une vocation religieuse qui l'a fait changer d'orientation et il est devenu capucin. Mieux encore, il a l'intention de fonder un ordre nouveau à l'abbaye de Fontevaud et écrit de la poésie mystique.
Il a quitté l'ordre des capucins en 1599 et a alors enseigné la philosophie. Devenu intime du duc de Nevers, il participe à des missions diplomatiques. Il a aussi participé à des opérations militaires et a assisté au siège de La Rochelle. Sa vie est particulièrement mouvementée et riche car il a composé plusieurs oeuvres poétiques. Le travail accomplit ici par Huxley est absolument remarquable car on voit apparaître sous nos yeux un personnage éminent de notre passé, qui a été le seul à avoir une telle familiarité avec Richelieu (et aussi un tel ascendant) avec qui il partageait ses conceptions sur la politique et l'art de la guerre. Il ne cesse de nous surprendre et aussi de nous intriguer car il offre un éclairage neuf sur les débuts du règne de Louis XIII et sur les grandes options adoptées par Richelieu. En plus c'est écrit de manière remarquable et la figure si énigmatique de ce père Joseph prend soudain une ampleur considérable.
Pour la plupart d'entre nous, c'est une figure de second plan et parfois une ombre. On se rend compte qu'il a été un des acteurs de la vie politique française quand Richelieu avait le pouvoir en main. C'est une lecture des plus recommandables. Cette vie est vraiment étonnante et mérite d'être connue. Aldous Huxley a su lui restituer toute sa grandeur alors qu'il est demeuré le plus souvent dans l'ombre.




La Troisième horloge, Robert Lebel, préface de Jérôme Duwa, L'Atelier contemporain, 480 p., 25 euro.

L'introduction de Jérôme Duwa nous fait découvrir le personnage, qui a eu une vie très remplie et qui a touché à de nombreux registres. Il a connu bon nombre d'artistes américains de la génération montante et les surréalistes, André Breton en premier lieu, alors qu'il s'était exilé à New York à partir de 1940 (il y est resté tout le long de la dernière guerre). Il a été écrivain, produisant des essais, des articles, des proses et du théâtre, sans oublier la poésie. Dans ce volume, on trouve la seconde partie de son oeuvre, qui est celle de la création. On y trouve des oeuvres qui n'ont pas été publiées de son vivant.
Le premier recueil de nature poétique (mais on est loin de la poésie classique !) est Le Masque à lames, paru en 1943 chez Hémisphères, petite officie d'édition dirigée par Yvan Goll. Jusqu'alors il n'avait publié que des préfaces pour des expositions - Courbet et les Fauves. Sa production est abondante, surtout à partir des années cinquante. Après avoir écrit un essai sur Léonard de Vinci (1952) il a composé des monographies (par exemple Marcel Duchamp, Dorothea Tanning et René Magritte), des histoires des avant-gardes, surtout du courant dadaïste et du surréalisme et puis, bien sûr, des oeuvres de son cru.
Un de ses livres qui a le plus marqué est La Double Vue (Le Soleil Noir, 1964). Quelle que soit la forme adoptée, ses écrits ont été élaborée dans la plus pure veine surréaliste et fait de lui l'un des proches de Breton. Ce choix a sans doute limité son champ d'action littéraire car tous ces textes ont déjà, pour cette époque, un caractère un peu désuet. S'il a collaboré avec des officines de vente aux enchères, a été lui-même marchand de tableaux quelque temps, il a surtout été un collectionneur particulièrement avisé. Si cet imposant recueil ne nous révèle pas un écrivain d'une portée exceptionnelle, il nous permet de connaître l'un des plus ardents compagnons de route des surréalistes, ou tout du moins du dernier carré réuni autour de l'incontournable meneur du groupe.
Cela dit L'Oiseau Caramel est un livre qui se lit avec plaisir et dénote son talent qui a peu à peu pu se révéler avec plus de liberté. Lebel n'a jamais renié sa passion et les oeuvres qu'il a achetées constituent la plus importante collection privée en France (on dit qu'elle devrait être donnée au Centre Pompidou par son fils). C'est une édition digne d'éloges, mais, ayant bien tout pesé, nous ne voyions hélas pas une révélation. Le surréalisme a été l'un des courants les plus importants du XXe siècle et a essaimé dans le monde entier. Ce recueil a tout de même le mérite de donner une place plus conséquente à Robert Lebel dans cette affaire qui a duré des décennies et aussi de montrer que son engagement n'a pas été superficiel. Il a incarné cette « esthétique » avec une réelle conviction.




La Trilogie de Corfou, Gerald Durrell, traduit de l'anglais, La Table Ronde, 878 p., 24 euro.

Gerald Durrell(1925-1995) est le frère cadet de Lawrence Durrell, qui a écrit Le Quatuor d'Alexandrie. Sa famille a vécu à Corfou entre 1935 et 1939. Il a écrit bon nombre de roman, un nombre impressionnant d'ouvrages autobiographiques. Mais son activité principale a été l'étude du monde animal et sa protection. Il a fait de nombreuses expéditions sur tous les continents, se rendant au Cameroun comme au Paraguay. C'est donc comme zoologue qu'il a souhaité le plus être considéré. On a un peu oublié son oeuvre littéraire, mais son oeuvre scientifique demeure une référence incontournable.
Cette Trilogie de Corfou, qui a été publiée entre 1956 et 1978, comprend trois volumes : Ma famille et autres animaux, Oiseaux, bêtes et autres animaux, Le Jardin des dieux, confond étroitement ses souvenirs et la découverte du monde animal. Ce jeu entre les membres de sa famille, des amis et de ses découvertes dans le jardin de la villa est admirable. En effet, le savant et le biographe n'engendrent pas une confusion de genres. Au contraire. On est immédiatement charmé par son style, très raffiné et séduisant et par la finesse de son écriture. Si le sujet pouvait paraît un peu étroit, avec lui, il devient immense. Il a su rendre la beauté de son univers en Grèce, et a très bien su restituer le mode d'existence des animaux, des plus modestes insectes aux oiseaux les plus somptueux. Il a un don rare pour entrer dans le détail des choses sans jamais devenir ennuyeux.
On a l'impression que la découverte d'une colonie de fourmi l'a incité à traduire en détail le mode de vie de ces insectes au point d'introduire un petit livre sur ce sujet dans son livre. Mais sans en rompre la logique intérieure et son fil d'Ariane. Je dois avouer que j'ai été émerveillé par sa façon de construire ces trois ouvrages, qui se lisent avec un réel bonheur, même si l'on n'est pas un amoureux éperdu de la nature. De plus il a pu insérer les habitants de la villa dans ce cadre superbe et riche d'enseignement. C'est un cas unique et cette réussite littéraire peut s'adresser à toutes sortes de lecteurs, du jeune adolescent et au plus difficile amateur de romans. Malgré la longueur de ces textes, il n'est jamais ennuyeux et n'impose pas une manière de considérer les choses. La liberté de ton qu'il a su avoir en composant ces trois volumes autorise une approche jubilante. On se plaît à le suivre dans ses pérégrinations savantes ou à faire connaissance de la petite société où il évolue. C'est là une des plus belles surprises qu'il m'est été donné d'avoir ces derniers mois. Gerald Durrell, qui est très loin de la conception de la littérature qu'a développé son frère désormais célèbre, mais ne peut être considéré comme lui étant inférieur : il est seulement très différent. Il est donc urgent de se plonger dans sa prose et de la goûter.
Gérard-Georges Lemaire
07-06-2023
 

Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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