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[verso-hebdo]
22-09-2022
La chronique
de Pierre Corcos
Les exploits du photojournalisme
La liste funèbre des vingt (photo)journalistes ukrainiens tués depuis 2014 dans leur combat héroïque pour l'image, Jean-François Leroy la déroule au tout début de son éditorial présentant le 34ème festival international du photojournalisme, clos le 11 septembre à Perpignan. Le directeur de « Visa pour l'Image » a-t-il besoin de nous rappeler que le photojournalisme reste souvent dangereux, pour que l'on continue à lui accorder de la valeur, lors même que cette profession (cf. Verso Hebdo du 30/9/21) est gravement menacée ? Le succès en tous cas de cette dernière édition montre que, nonobstant les chaînes d'info télé en continu, les réseaux sociaux et la presse écrite, le public a encore besoin de s'arrêter sur des photos, d'adhérer à la ligne fiable d'un reportage, et de mettre sur les mots abstraits de vives images. Les inquiétudes persistantes mais confuses, principalement sur la guerre en Ukraine mais aussi la dégradation rapide de notre planète, rencontrent ici des images qui leur donnent corps. On apprécie également des reportages qui dessillent le regard sur d'autres sujets, méconnus, mais on regrette l'absence de certains thèmes politico-économiques.

Le festival a récompensé plusieurs photographes pour leur reportage sur l'Ukraine en guerre, qui occupe cette année une place prépondérante. Ainsi le Visa d'or News a été attribué aux ukrainiens Evgueniy Maloletka et Mstyslav Chernov (Associated Press) pour leurs images percutantes sur le piège infernal de Marioupol, où 300 000 habitants essayaient de survivre, continuellement bombardés par les forces russes. Ils furent les seuls à pouvoir transmettre vidéos et photos au monde extérieur, horrifié. La peur, la mort omniprésente, le désespoir halluciné, une organisation héroïque sous un déluge de feu nous sont rendus par des images qui montrent autant qu'elles suggèrent. Sur le même thème, Lucas Barioulet (prix Rémi-Ochlik) pour Le Monde a voulu révéler, à travers les différentes conduites des uns et des autres, le quotidien de cette guerre. Son texte de présentation (très important dans Visa pour l'Image, tout comme les lignes de commentaires sous la photo) est au moins aussi juste que ses clichés s'avèrent judicieux, et par exemple toutes les émotions qu'il saisit sur les visages... Daniel Berehulak pour The New York Times s'est rendu à Boutcha après le retrait des troupes russes. Les cadavres de civils abattus sans raison et abandonnés dans cette ville martyre témoignent, à charge, de crimes contre l'humanité. C'est une justification supplémentaire du photojournalisme que de servir à documenter d'éventuels procès à venir... Pour mettre en perspective historique ce conflit, Sergueï Supinsky a couvert tous les événements qui, depuis 1991, rappellent le parcours entravé de l'Ukraine vers l'indépendance et la démocratie. Ce reportage pédagogique a d'autant plus d'importance que l'oubli menace toujours les visiteurs, bombardés d'informations tous azimuts. Elena Chernyshova, quant à elle, nous montre comment, dès les premières semaines de l'invasion, les médias indépendants russes furent muselés, les opposants arrêtés ou violemment réprimés, tandis que de grandes messes nationalistes soudain se multipliaient pour conquérir le soutien de la population... Avec tout ce qui précède, on croira sans doute qu'ici le thème majeur, et le plus bouleversant, reste lié aux violents conflits : guerre d'Ukraine, reconquête de Kaboul par les talibans (Andrew Quilty), mais aussi rébellion contre la junte militaire en Birmanie (Siegfried Modola), guerre en Irak, Syrie, etc. (Goran Tomasevic). Mais tous ces conflits restent locaux. Or une tragédie sourde et lente concerne l'humanité entière, et c'est la dégradation fatale de son environnement. Ainsi, trois photoreportages (nous en aurions souhaité davantage), très documentés, laissent aux visiteurs une impression pénible et durable : celui d'Alain Ernoult sur la sixième grande extinction des espèces (photographies admirables en noir et blanc d'espèces en voie d'extinction), celui de George Steinmetz sur la pêche industrielle et la délirante surproduction halieutique, celui enfin de Brend Stirton (Prix Visa d'or Magazine) sur le commerce de la viande sauvage, à l'origine probable des épidémies qui se multiplient. Pour le dire autrement, il y a toujours eu des guerres, mais il n'y a jamais eu pareille menace globale sur l'humanité... Quant aux photoreportages sur la « misère du monde » comme il va, ils ont donné lieu au travail admirable, tant au niveau des images que de leur mise en forme, de Sameer Al-Doumy de l'AFP (Visa d'or humanitaire du CICR) sur les « routes de la mort », c'est-à-dire la tragédie de tous ces migrants qui essayent illégalement de traverser la Manche pour atteindre le Royaume-Uni. On pense également au reportage saisissant de Valerio Bispuri sur la misère des asiles d'aliénés au Kenya, Bénin, Togo, etc., la pénurie de moyens jetant les malades dans l'abandon le plus horrible. Enfin l'on évoquera les photographies poignantes d'Ana Maria Arévalo Gosen sur les prisons de femmes au Venezuela, Salvador, Guatemala... Mais le photoreportage, c'est aussi un regard subjectif promené sur le monde, et par exemple celui, compassionnel, d'Eugene Richards ou celui, plus esthétisant, de Françoise Huguier. Si nous n'avons pas tout cité, il nous semble injuste, pour finir, de ne pas réserver une mention spéciale à Paolo Woods (présent en Arles, il y a sept ans à propos des paradis fiscaux) qui, avec Arnaud Robert, nous offre un regard drôle, intelligent, réflexif et critique sur le bonheur dans la société de consommation, la panacée inquiétante des « pilules du bonheur » et enfin la toute-puissance de l'industrie pharmaceutique.
Pierre Corcos
corcos16@gmail.com
22-09-2022
 

Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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