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[verso-hebdo]
08-11-2012
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Marc Giai-Miniet, l’autre maître des boîtes |
Il y avait de nombreuses raisons de visiter l’exposition Quelques instants plus tard, art contemporain et bande dessinée au Couvent des Cordeliers à Paris (c’est fini depuis le 7 novembre, mais la prochaine session de rattrapage est à Angoulême, Cité internationale de la Bande dessinée, du 23 novembre 2012 au 3 février 2013 : vaudra le voyage). Il s’agit d’une importante et réussie série de rencontres créatives entre dessinateurs de bande dessinée et peintres, chaque « couple » étant invité à concevoir et réaliser deux œuvres à quatre mains. Ces quarante peintres et quarante dessinateurs n’ont pas rivalisé d’inventions concurrentes. Ils ont plutôt découvert ensemble, au contraire, des modalités inattendues de leurs arts respectifs où, cependant ils se reconnaissent à parité dans une bonne humeur communicative. Je voudrais m’arrêter sur le cas particulièrement remarquable du tandem Marc Giai-Miniet (le plasticien) et Jacques de Loustal (le dessinateur de BD) avec leur œuvre commune : Scène de crime. Une Boîte de 88 x 92 cm entourée par quatre dessins de 38 x 30,5 cm.
J’ai titré cette lettre « l’autre maître des boîtes » car il existe en France un prodigieux inventeur-réalisateur de boîtes, Gilles Ghez, dont la démarche a fort peu de rapports avec celle de Giai-Miniet, sauf un, essentiel : il s’exprime par le moyen de boîtes qu’il emplit depuis plus de trente ans des figures et des décors de son monde personnel, irréductible à tout autre. Que sont les boîtes de Marc Giai-Miniet ? L’artiste, qui n’a commencé à en faire qu’en 1993, répond : « le théâtre d’un drame potentiel ». Nous voyons en coupe une maison étrange : une pièce en rez-de-chaussée emplie de livres réalisés avec une précision maniaque et au-dessous, trois étages de sous-sols de plus en plus anxiogènes, jusqu’au plus profond, très étrange, où git une sorte de chaudière en forme de sous-marin rouillé. Ces quatre niveaux sont déserts, et il incombe à Loustal d’imaginer les personnages qui tout-à-l’heure les occupaient, et le drame qu’ils ont vécu. L’ensemble de l’œuvre attire irrésistiblement l’attention, littéralement elle captive. Une réussite plastique et narrative complète devant laquelle on perd la notion du temps.
Giai-Miniet a expliqué que ses boîtes sont apparues dans son travail de peintre comme un prolongement naturel et nécessaire, et en sont devenues un élément indissociable, « son double ludique » précise-t-il. Il s’agirait d’une réminiscence de son goût du théâtre quand il était adolescent et peut-être même d’un retour de l’enfance occupée à jouer au train électrique sous la table de la salle-à-manger familiale. « Au fil du travail, les constructions devenant de plus en plus grandes, les personnages ont disparu et des livres, des bibliothèques entières ont pris place conjointement aux laboratoires, aux salles de stockage ou d’interrogatoire, aux cellules, escaliers, coursives, fours, égouts ou quais ». Au même moment que Quelques instants plus tard, la galerie Lefor Openo présentait une exposition personnelle de Giai-Miniet sous le titre L’ennemi de l’intérieur, avec des boîtes, des peintures et des aquarelles qui offraient une bonne vue d’ensemble de l’œuvre de cet artiste hors-normes qui se pose depuis toujours la question de savoir « qu’est-ce que l’homme ?». Ses silhouettes humaines basculent vite « au monstre, au non fini de l’état larvaire encore ténébreux et limbique... » Le ballet cruel et existentiel de la peinture est équilibré par les boîtes désertes (mais inquiétantes). Giai-Miniet passionne et questionne : impossible de rester indifférent devant ses inventions qui ne ressemblent à rien de connu. ( www.marc-giai-miniet.com)
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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