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[verso-hebdo]
12-11-2009
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Comment (plutôt bien) dépenser 400.000 euros à la FIAC |
La FIAC 2009 s’éloigne, et le Centre National des Arts Plastiques révèle comment il a utilisé sa cagnotte de 400.000 euros dépensée parmi les stands (pour 24 pièces, soit 16.670 euros chaque en moyenne, mais, comme toujours, le détail n’est pas donné). Il est de bon ton, chaque année, de ricaner un peu à propos des choix de la commission d’achat (pléthorique), toujours suspectée de s’agenouiller devant le marché sous prétexte de le « soutenir ».
Laissons de côté ces controverses trop convenues : pourquoi ne pas reconnaître qu’il y a d’heureuses surprises dans le panier du CNAC cette année ?
Au nom de l’Etat, les acheteurs ont principalement accompagné des valeurs confirmées, mais aussi retenu des valeurs montantes. Prenons-en deux de chaque sorte.
Valeur confirmée, la sino-luxembourgeoise Su Mei Tse, Lion d’or à la Biennale de Venise 2003, dont on se souvient de l’hélice de 9 m 50 d’envergure : il est bon que les collections publiques possèdent d’elle une vidéo couleur avec son Open Score, 2007, achetée à la galerie Serge Le Borgne. Su Mei Tse est une protégée de Marie-Claude Baud, dont on sait qu’elle est devenue le grand manitou de l’art contemporain à Luxembourg : cette acquisition officielle a dû lui faire plaisir…
Valeur confirmée, le déjà célèbre Adel Abdessemed, né en 1971, lui aussi mis en vedette par la Biennale de Venise 2003 à l’occasion de laquelle il filma une performance un peu particulière (neuf couples copulant dans une galerie). On connaît par ailleurs son squelette de 17 mètres de long, dénommé Habibi. L’Etat ne sera pas trop en retard par rapport à M. François Pinault, collectionneur enthousiaste d’Abdessemed, puisqu’il possède désormais, de cet artiste, Histoire du silence, une installation comprenant un ukulélé dans un cadre métallique associé à une vidéo couleur de trois secondes en boucle (achat à la Dvir galerie, Tel Aviv).
Valeur montante, Rachel Labastie, née en 1978, qui interroge avec beaucoup de sensibilité les formes contemporaines d’aliénation et explore la dimension fantasmatique des sciences occultes. Son œuvre intitulée Entraves (2008), une installation murale de neuf éléments en porcelaine, était certainement une des plus intéressantes de la FIAC : on peut féliciter le CNAC de l’avoir achetée à la galerie La B.A.N.K.
Valeur montante, enfin, Aurélien Froment, né en 1976, qui explore de manière poétique le pouvoir sémantique des images, ce qui est attesté par Pacific Palissades (2008) , un diptyque de photographies acquis auprès de la Motive Gallery d’Amsterdam.
J’aurais pu citer encore plusieurs artistes intéressants, aussi bien confirmés (Pascal Convert) qu’en phase ascendante (Julien Prévieux, déjà connu pour ses malicieuses « lettres de non- motivation » adressées aux entreprises), mais j’en ai dit assez pour que l’on ait compris que le CNAC a plutôt bien fait son travail : rendre compte, par ses acquisitions, de l’actualité de l’art contemporain telle qu’elle est dessinée par une foire. Resterait à savoir si une organisation comme la FIAC, qui ose demander 28 euros pour simplement laisser voir par le tout-venant ce que propose le marché (il faut que les collectionneurs sérieux ne soient pas importunés par une foule désargentée), est bien représentative de la réalité de la création artistique en train de se faire…
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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