Du 06-02-2016 au 12-03-2016
Love Story, Paper works from 1974La galerie TORRI est heureuse de vous convier au vernissage de l’exposition "Vera Molnar, Love Story, Paper works from 1974", le samedi 6 février 2016 à partir de 17h. L’exposition durera jusqu’au 12 mars 2016.
TORRI gallery would be delighted to welcome you for the openning of "Vera Molnar, Love Story, Paper works from 1974" on Saturday the 6th of February from 5pm. The exhibition will be on show till Saturday the 12th of March 2016.
L’oeuvre de Vera Molnar consiste, depuis plus de 70 ans, à produire des compositions visuelles abstraites sur une grande variété de supports et à l’aide de protocoles impliquant autant les règles classiques de composition de l’histoire de l’art, que la géométrie, les mathématiques ou l’informatique – tout cela avec une grande rigueur mais aussi un certain sens de l’humour, et la conscience que tout système ordonné existe nécessairement comme antagonisme imaginaire à l’un de ses contraires : désordre, irrationalité, accident. Attirée dans sa jeunesse par le projet communiste et les valeurs d’humanisme et d’égalité qu’il véhicule,Vera Molnar s’éduque en réaction à l’enseignement artistique classique qu’elle reçoit à l’académie des beaux arts de Budapest dont elle sort malgré tout diplômée d’histoire de l’art et d’esthétique au milieu des années 40. Son installation à Paris avec son mari François Molnar en 1947 lui permet de rencontrer et d’échanger avec des artistes modernes dont elle n’avait jusque là connaissance du travail que par de rares images ; notamment Sonia Delaunay et François Morellet. A cette époque, Molnar adopte alors définitivement l’abstraction à la fois comme grille de lecture, outil et sujet pour matérialiser sa vision de l’art en tant qu’émanation humaine instinctive d’un sens de l’ordre et de l’harmonie nécessaire au sein du chaos de l’humanité.(...)
Tracés précaires et malhabiles, formes éloignées ou parfois entrecroisées dont les angles piqués paraissent les seules certitudes : les deux carrés des “Love Stories” semblent danser timidement ou au contraire passionnément dans la solitude de la feuille de plotter perforée, leur pose figée répondant à la froideur d’une date et d’un titre attribués au hasard du moment de leur impression. A rebours des théories contemporaines sur le post-humain et du réalisme spéculatif, Molnar dit de l’ordinateur qu’il n’est rien sans le cerveau humain pour lui commander des combinaisons compliquées, un pantin surdoué mais sans finalité, démuni de volonté et pouvoir propres. Elle apprend à programmer directement sur la machine pour gagner en autonomie dans la réalisation de ses productions, dès que l’écran d’ordinateur apparaît ce qui, selon ses propres mots, va changer sa vie et sa façon de percevoir l’ensemble de son travail. A l’époque, maîtriser l’outil informatique permet juste à l’artiste de s’épargner de laborieuses heures à recombiner automatiquement des formes dans l’attente de la plus heureuse combinaison. Malgré tout, Molnar ne délaissera pas ses productions manuelles et les deux pratiques, automatisée et manuelle, cohabitent encore jusqu’à l’heure d’aujourd’hui (...)
Avec le recul, on peut voir dans les travaux de l’artiste de la période des “Love Stories” comme un pressentiment troublant de tendances de peinture qui vont révolutionner la peinture dans les années 80, le mouvement néo-géo en tête, avec ses fantasmes d’innovation pop et technologique qui conduiront des artistes comme Peter Halley, Albert Oehlen ou Christopher Wool à défier les notions d’originalité et de geste artistique pour sans doute générer le champ pictural tel que nous le pratiquons aujourd’hui, et dont le formalisme zombie serait le dernier avatar. Les séries précises de Molnar s’affirment alors comme les témoignages précieux d’un changement de paradigme autant visuel que civilisationnel étalé à l’échelle d’une vie, documents quasi intacts à la fraîcheur fascinante comme tout droits sortis, des millénaires plus tard, de la chambre secrète d’une pyramide oubliée.
Dorothée Dupuis
TORRI, Paris
7, rue Saint-Claude, 75003 Paris, ()
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