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[verso-hebdo]
25-01-2018
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Roue libre, Pierre Alechinsky, « Art & Artistes », Gallimard, 178 p., 24,50 euro.

Pierre Alechinsky a toujours écrit, un peu. Mais pas un instant pour expliquer ses tableaux ou ses dessins. Il le dit et le souligne. Non, il évoque des rencontres (comme celle d'André Breton et d'Elisa au début de l'ouvrage, en même temps que la découverte de son appartement avec son incroyable collection de peintures et de statuettes primitives). Quand il évoque la rue de la Verrerie, souvenir de la lecture de l'Amour fou, Il nous fait part de son amour pour le Paris ancien (même celui qui a disparu : il évoque ailleurs de la Cour des Miracles) ; puis il parle de la roue, celle de la sculpture de Giacometti, qui le conduit plus tard à citer une lettre de Christian Dotremont (son ami, le créateur des Logogrammes), qui lui décrit une scène avec un vélo... Des rêves se succèdent, entrecoupés de méditations sur ses fascinations ou ses passions - comme celle qu'il éprouve pour la flûte. Il fait état aussi de voyages, comme celui qu'il a fait à New York en 1968, et aussi des réminiscences, comme celles qui concernent ses amis du groupe Cobra et de leurs ambitions. La poésie s'entremêle étroitement à des marottes ou à des choses qui l'ont étonné et intéressé. Et, de manière récurrente apparaît par exemple la roue, celle qui l'obsède dans son travail, et celles qui apparaissent dans les travaux des peintres qu'il aime. L'ouvrage est richement illustré par certaines oeuvres de sa main, mais aussi de documents de toutes sortes, qui ont partie liée avec ses écrits. Ces pages sont destinées à mettre en scène un état d'esprit et aussi une culture que le créateur s'est faite pour alimenter sa création et lui offrir ses fondements. Le plaisir et la surprise sont omniprésents dans tout ce qu'Alechinsky nous raconte et nous révèle. Le plus surprenant sans doute est qu'il semble beaucoup plus marqué par le surréalisme que par les idées véhiculées par ses amis et lui-même au sein du groupe Cobra. C'est un beau livre de collages dans le temps et l'espace d'un esprit curieux et libre, avide de découvertes et prêt à recevoir les images les plus singulières pour que son propre univers en soit imprégné.




Sois artiste et tais-toi ! , Textes 1959-2017, Julio Le Parc, Exils, 240 p., 38 euro.

Né en 1928 à Mendoza (Argentine), Julio Le Parc s'est installé à Paris en 1958. Il y devient l'un des fondateurs de l'art cinétique avec Jesùs-Rafael Soto (1923-2005). Mais, en 1960, le concept de cinétisme ne lui suffisant pas, il crée avec quelques amis le GRAV, qui est un groupe marqué par la volonté de création collective (il y avait, entre autres, François Morellet, et Yvaral). En 1968, ses activités au sein de l'atelier des personnes lui valent d'être expulsé cinq mois hors de France ! Toutes ces manifestations hautement critiques et transgressives ont fait qu'on a perdu parfois le fil de sa propre création (cela dit, ces expériences font aussi partie de sa création). Dans ce livre, on peut lire ses déclarations, ses protestations, mais aussi ses spéculations sur l'art qui sont des plus intéressantes, en particulier le concept de surface-couleur et sur sa conception de la surface, des reliefs, du déplacement, des contorsions, de la lumière, des modulations, etc. Tout cela prouve qu'il a souhaité sortir de l'aspect purement formel du cinétisme (sans pourtant le nier tout à fait). Il a imaginé, au début des années 1970, des salles de jeux et des jeux-enquêtes, qui ont eu pour objet de dépasser le cadre strictement artistique de son art. La participation des spectateurs, déjà indispensable dans le cinétisme pur, prend dès lors une tout autre dimension. Elle se fait plus politique, dans le sens large du terme. Evidemment, cette pratique est une sorte de grand écart intellectuel étant donné les instruments dont il s'est servi. Mais cela a démontré que l'art ne pouvait se contenter d'une simple invention dans la perspective d'un modernisme radical. Il y a dans ce recueil des notes de sa main, mais aussi beaucoup d'entretiens et aussi une sorte d'autobiographie, faisant complètement abstraction de sa vie privée. Il décrit avec soin les ateliers qu'il a créés en Europe et en Amérique latine (en particulier à Cuba). Il parle aussi de ses compagnons de route et nous apprend beaucoup de choses non seulement sur ses relations avec eux, mais aussi sur ce qu'ils ont pu réaliser. Cet homme turbulent et provocateur n'a jamais perdu de sa vigueur et l'âge ne lui a pas fait renoncer à ses idées les plus corrosives. On peut suivre la ligne rouge de sa pensée, qui s'enrichit et se diversifie, mais qui ne change pas de cap. Il appelle ce parcours sa « longue marche ». Et c'est vrai !
Ce livre est indispensable pour ceux qui veulent comprendre l'oeuvre de Julio Le Parc, mais aussi la dynamique des arts, à cheval entre le modernisme, dont il est un des derniers représentants, et l'art contemporain. L'abondante illustration de ce volume complète les textes et leur donne tout leur sens par l'exemple.




Le Voyage d'hiver de Schubert, Ian Bostridge, traduit de l'anglais et de l'allemand par Denis-Armand Canal, Actes Sud, 450 p., 29 euro.

C'est un grand livre comme il s'en écrit assez peu sur la musique. Son auteur a fait ses études à Oxford et se destinait à devenir historien. Mais la musique, à travers les oeuvres de Benjamin Britten, l'a amené à entreprendre une carrière de soliste de haut niveau. Sa passion pour l'oeuvre de Franz Schubert (1797-1828), et surtout plus spécifiquement pour Le Voyage d'hiver, un lied inspiré par un poème de Wilhelm Müller est devenue telle qu'il a interprété cette dernière composition plus de cent vingt fois. C'est par un lied, Gut Nacht, qu'il commence son périple dans l'univers du grand compositeur. Et d'ailleurs, c'est chacun de ses lieder, en remontant dan le temps de la brève existence de l'artiste, qui donne l'ossature de son récit. Ce récit n'est pas dicté par une logique rigoureuses, de caractère historique, biographique, musicologique, mais plutôt par une série d'associations qui en appellent d'autres. C'est ainsi que Samuel Beckett, qui adorait Winterreise croise Jean-Jacques Rousseau ou Goethe, le premier que le musicien a traduit dans son langage, qui a inspiré Müller, en passant par des interprétations et adaptations plus modernes des oeuvres de Schubert. Le texte des poèmes qui ont servi à ce dernier pour les mettre en musique sont reproduits et sont eux aussi l'objet de commentaires nourris. Comme Gilles Deleuze aurait pu le dire, la construction est en forme de rhizome, qui ne cesse d'étendre ses ramifications ! Mais ce n'est pas pour autant que nous sommes perdus. A contraire, la moindre remarque sur ces recherches musicales sont éclairées par toutes ces références qui sont expliquées avec beaucoup de soin et de détails, et peuvent, à leur tour, donner lieu à une ou plusieurs nouvelles considérations, souvent imprévues. C'est baroque à souhait, mais plaisant à souhait : cette circumnavigation en spirales de la pensée de Ian Bostridge est éblouissante même si elle est vertigineuse. Sans fil d'Ariane, il nous fait découvrir le monde en le mettant en relation à différents moments de notre culture, de notre histoire, des moeurs et du goût. C'est l'antithèse la pédagogie de Pierre Boulez, si bien articulée et si limpide. Mais le résultat se révèle encore plus saisissant car, sans jamais verser dans la vulgarisation, ni même dans d'extrapolations floues et ineptes. Tout est fait pour nous aider à comprendre la conception musicale inédite de Schubert et ce qu'il a représenté au début du XIXe siècle et ce qu'il a pu représenter par la suite jusqu'à nos jours. Dans ce gros livre, il prouve que l'érudition la plus pointue peut s'allier étroitement au sentiment et à l'intuition et ouvrir une véritable de Pandore, qui n'apporte que des bienfaits au lecteur.




Lima l'horrible, Sebastiàn Salazar Bondy, traduit de l'espagnol par Jean-Luc Campario, préface de Mario Vargas Llosa, postface d'Ina Salazar, Alia, 192 p., 8,50 euro.

Cet ouvrage écrit par l'écrivain péruvien Sebastiàn Salazar Bondy (1924-1965) est on ne peut plus remarquable. Que le prix Nobel Mario Vargas Llosa lui ait écrit une longue préface n'est donc pas une pure convention : il y fait l 'éloge de ce grand auteur, qui a su s'affirmer autant dans la poésie que dans le théâtre, compilant plusieurs anthologie de la poésie péruvienne et rédigeant aussi des livres pour enfants. Lima la horribile a paru en 1964 et a été maintes fois réédité. Cet essai est curieux car ce n'est pas une histoire au sens strict de la capitale de son pays ni même une promenade poétique à la manière de Fargue, de Breton ou Aragon dans les rues de Paris. C'est une sorte de radioscopie assez cruelle de la vérité de cette Ville des rois créée en 1535 sur l'ordre de Francisco Pizarro, elle n'a fait qu'accumuler des préjugés, des mensonges, des légendes sans fondement. L'auteur la considère comme une cité pervertie dès sa fondation. Il voit dans sa géographie discriminatoire, ses différentes formes de racisme, dans le mythe du créolisme (criollismo), qui s'est métamorphosé en une identité locale n'ayant plus rien à voir avec ses origines réelles, sur l'histoire truquée des grandes familles, sur sa difficulté à faire naître sa culture propre. La manière dont S. S. Bondy l'a écrit est vraiment fascinante. Et, passionné d'art, il le conclut en parlant d'une sorte d' « inhibition picturale ». Il rappelle que la peinture coloniale y a fleuri comme dans les autres pays voisins (par exemple, la Colombie), comme le prouvent les tableaux de l'école de Cuzco, qui sont des merveilles. Il souligne qu'il n'y avait pas de peinture autre que dans les arts appliqués dans les différents peuples indigènes, mais ajoute qu'on ignore comment cela aurait pu se développer dans un autre contexte. Donc cet art est l'émanation de la culture espagnole, mais eut un caractère spécifique : celui de ne pas coller à la réalité. Avec l'avènement de la République, seul Pancho Fierro a fait des dessins pus proches de la société de son temps et rappelant aussi le passé de la domination hispanique. Aujourd'hui encore, ce sont les tableaux de la période coloniales qui sont recherchés par les collectionneurs : selon lui, l'art péruvien n'est pas parvenu vraiment à naître. Rien que ce chapitre devrait convaincre le lecteur de se procurer ce livre d'une espèce peu commune.




N. N., Gyula Krùdy, traduit du hongrois par Ibolya Viràg, Ibolya Viràg / La Baconnière, 224 p., 10 euro.

Dernier jour à Budapest, Sàndor Marài, traduit du hongrois par Catherine Fay, Albin Michel, 256 p., 19 euro.


Qui se souvent de Gulya Krùdy (1878-1933) ? Pas grand monde. Et si Sandor Marài ne s'était emparé du personnage (de l'écrivain), peut-être serait-il demeuré dans les limbes. En écrivant Sindbad revient chez lui - paru en français sous le titre de Sindbad, ou la nostalgie, chez Ibolya Viràg / La Baconnière - le grand auteur hongrois remémore le livre qui a fait découvrir Krùdy à ses compatriotes, Sindbad ou la nostalgie (paru chez le même éditeur). Imre Kertèsz a également manifesté tout l'intérêt qu'il porte à cet écrivain « ...je suis à Paris, où les jours de pluie n'ont pas cessé de se succéder depuis deux mois au moins. Ces épatantes pluies m'ont donné envie de rester en Europe, plus que jamais. Et comme toujours dans ces cas-là, l'occasion a fait le larron. Mon amie hongroise Ibolya Virág venait de donner aux éditions La Baconnière une traduction merveilleuse de ce petit livre magique écrit en 1922 par l'écrivain hongrois Gyula Krúdy, N.N. : il ne me restait plus qu'à accrocher à ma porte « Fermé pour cause d'inventaire » et attendre au chaud l'arrivée du vrai printemps. Chère Ibolya, qui a toujours l'air d'arriver de l'Orient Express, enveloppée de zibeline de Sibérie et du rire le plus joyeux que je connaisse à Paris. Pourquoi Wes Anderson ne l'a-t-il pas appelée pour son film ? On ne se voit guère, mais elle est là quand il faut. Ce livre précieux, je l'ai lu, relu et j'ai pensé que Krúdy était l'écrivain de la mélancolie heureuse. C'est très rare, un écrivain qui écrit pour le bonheur et non son contraire, dame Tristesse. Je pourrais vous citer des dizaines de passages à l'appui de ce que je vous écris là. Je me contenterai de glisser sous votre porte l'image de cette « aube d'été venant d'arriver comme la roulotte carillonnante des comédiens »... Ce livre a de singulier de ne répondre à aucun genre littéraire précis. C'est une sorte d'aventure picaresque, mais sans faits magistraux ou grandiloquents. Ce sont des souvenirs qui sont racontés comme des contes, sans ordre, donc sans continuité, mais qui, de spires narratives en spires dans le temps, finissent par se renoués les uns aux autres à mesure qu'on progresse dans la lecture du livre. A travers ces récits décousus, on découvre la beauté de la Hongrie, ses lieux huppés et ses villages tristes et miséreux, sa nature puissante, et sa modernité dans la capitale, et on découvre aussi des figures fascinâtes. Ce n'est pas seulement une évocation nostalgique de la Hongrie sortie meurtrie et dépecée après la Grande Guerre, déchirée par la Révolution et par la répression qui a suivi. Dans N. N., rien ne figure directement. On a l'impression que le pays traversé de long en large par les héros, où il rencontre des figures aimées, mais aussi des figures pittoresques, comme les Tziganes avec leurs sempiternels instruments, la Juive qui vit à l'orée de son village et qui vend du vin, le prisonnier Sòvàgò qui ne quitte pas sa prison alors que ses gardiens s'efforcent de le laisser partir, toutes sortes de personnages du monde paysan mais aussi des citadins, des artisans, des êtres humbles et curieux exerçant des petits métiers, des femmes, aussi, surtout Jùliska, qui tiennent une place centrale dans ces histoires à dormir debout, avec ses auberges presque médiévales et ces superbes stations thermales évoquant le temps jadis, ces rues de Budapest, ces paysages d'hiver et ces printemps) efflorescents Ce livre est somptueux, et sa bizarrerie n'est pas faite pour nous déplaire car elle est saturée de poésie. En 1940, Sàndor Màrai publie un roman qui rend hommage à Gyula Krùdy, à travers le personnage de Sindbad, qu'il avait tant aimé et auquel il avait donné le titre d'un de ses nombreux romans. Dans ce livre, Dernier jour à Budapest, il a imaginé un personnage de fiction qui a bien des points commun avec l'écrivain qu'il admire tant. Sindbad (Krùdy travesti en son personnage), est, sous la plume de Màrai, une sorte de dandy déchu, qui vit désormais dans sa modeste demeure d'Odbuda (une des trois villes qui se sont fédérées pour créer Budapest), toujours en quête d'argent pour échapper à se ses dettes, à sa difficultés à vivre, à son peu de succès auprès des éditeurs et des directeurs de journaux. Sindbad, bien que fort désargenté, s'offre le luxe d'un périple en calèche dans la cité bien-aimée au beau milieu des automobiles qui l'ont désormais envahie. Il y revoit les paysages urbains de son passé et puis rencontre un ami, Artùr, qui lui narre son existence de piéton de Budapest et d'amateur de ses bains et de tous les plaisirs qu'elle a pu lui offrir. Sindbad navigue, oui, mais pas sur les flots : il vogue sur les océans de la nostalgie. Il va revisiter les grands cafés littéraires d'autrefois, le Chicago ou le Valerià, où il retrouve les grands romanciers, poètes et journalistes qui ont hanté ces lieux et leur ont donné leurs lettres de noblesse et aussi cette patine intellectuelle et existentielle. C'est l'une des parties les plus saisissante de ce beau livre. C'est aussi l'évocation d'un grand moment de la littérature moderne hongroise avec Ferenczi et la poétesse Margit Kaffka. Voilà une oeuvre mémorable, mélancolique et pourtant joyeuse, qui mérite de figurer dans les annales comme le grand livre du Budapest de la première moitié du XXe siècle.




Massacre des Innocents, Marc Biancarelli, Actes Sud, 304 p., 21 euro.

La littérature maritime est pleine de ces récits épouvantables où des naufrageurs allumaient des feux pour attirer les navires vers des récifs pour qu'ils y chavirent afin de s'emparer de leur cargaison. Ce roman n'a pas pour sujet une affaire de ce genre, mais de quelque chose d'une nature aussi terrible. Dans ce nouveau roman de Marc Biancarelli, il s'agit simplement d'un naufrage, celui du Batavia, navire de commerce, à la suite d'une violente tempête. Une grande partie des passagers sont abandonnés sur une île, dans les parages de l'Australie. L'action se déroule au Siècle d'or et tous les personnages sont originaires des Provinces Unies. L'auteur donne une date : 1629. L'auteur a tenu à mettre en avant ce qu'était la culture hollandaise de ce temps, dans ses bons et ses mauvais aspects, en composant des tableaux, dont certains font penser à Breughel le Jeune et d'autres à Ruysdael. Il veut dépeindre un monde qui est saisi par une contagion sans remède et délirante : l'appât immodéré du gain qui règne à d'Amsterdam à Anvers, qui efface toute conscience et érige la richesse en valeur suprême. Le destin des naufragés ne se limite pas à être livrés à leur sort sur cette terre ingrate et lointaine, mais aussi d'être gouverné, dépouillés et massacrés le cas échéant par des êtres sans scrupules, sanguinaires et avides. C'est Jeronymus Cornelisz qui ordonne ces atrocités. Mais ses menées cruelles sont finalement contrecarrées par un militaire de carrière, Weybbe Hayes, qui trouve sa rédemption d'homme de guerre et de mort dans l'organisation de la survie de certains de ces malheureux. Il y a ici une conception qui ne correspond pas tout à fait à ce que ce petit pays industrieux et ambitieux, le plus puissant alors sur les mers, portait en son sein. Il avait ses valeurs, qui n'était plus celles dupasse et n'avaient rien de charitables et de chevaleresques, puisque tout reposait sur le profit. Mais pas sur ce culte du démoniaque qu'on retrouve dans les coupe-jarrets à la solde de Cornelisz. Quoi qu'il en soit ce livre révèle une puissance dans l'évocation de ce drame et aussi dans celle de la société hollandaise de ce temps. Je ne crois pas que Marc Biancarelli ait chois cette date au hasard : c'est la fin de l'horrible Guerre de Trente ans et la signature de la paix d'Alès, marquant la victoire de Louis XIII et de Richelieu sur les protestants. Le roi et son ministre se sont montrés magnanimes avec les huguenots une fois les dernières place de sûreté protestantes tombées. En somme l'écrivain a écrit une histoire qui est un conte sur la vérité de l'Europe en ces temps troublés par le mélange de guerre de religion et de guerre pour le pouvoir. L'ouvrage a du souffle et l'auteur est capable de brosser des scènes puissantes et qui laissent un signe dans l'imaginaire du lecteur. Le Massacre des innocents se termine par une Vue de Delft peinte en 1643 (donc pas celle de Vermeer, exécutée vers 1660). Il n'ignore pas que c'est le siège de la Compagnie néerlandaise des Indes. Là, les personnages s'interrogent sur la conclusion de la guerre entre la France et l'Espagne ; c'est alors qu'on apprend que Weybbe Hayes, parti en soudard, était rentré chez lui en héros.
Gérard-Georges Lemaire
25-01-2018
 
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