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[verso-hebdo]
08-02-2018
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Napoléon, la maison de l'empereur, sous la direction de Sylvain Cordier, Musée des Beaux-Arts de Montréal / Hazan, 352 p., 45 euro.

Assez curieusement, on ne reconnaît pas à Napoléon Ier le même statut de patron des arts comme on a pu le faire pour Louis XIV. Cela va jusqu'à lui attribuer la fondation d'institutions, comme l'Académie française, qui a pourtant vue le jour sous le règne de son père et sous la haute autorité de Mazarin, grand collectionneur et propriétaire de la plus grande bibliothèque d'Europe. Il est vrai que le Roi Soleil incarne le Grand Siècle et la culture classique des Molière, Corneille Racine, Jean de La Fontaine, Boileau, Lully, Marin Marais, Le Vau, Le Nôtre, parmi d'autres illustres créateurs de ce temps et qui ont été à son service. Napoléon, lui, s'est souvent mis à dos les grands auteurs de son temps, Madame de Staël et Chateaubriand. Le seul grand écrivain qui lui soit resté fidèle est Stendhal. Mais dans le domaine de l'architecture, de la décoration, des arts plastiques, il a joué un rôle éminent en s'entourant des meilleurs élèves de David, dont le baron Gros et le baron Gérard, et David lui-même, bien sûr. Ce grand ouvrage est consacré au style que le consul, puis l'empereur, a choisi pour ses propres demeures, surtout la Malmaison qui peut être considéré son manifeste esthétique, et qui sera imité par tous. Il a été sensible au néoclassicisme théorisé par Winckelmann et Raphael Mengs, et appliqué par le grand sculpteur Antonio Canova qu'il admirait (celui-ci a érigé la figure de Napoléon en empereur romain dans la cour de l'Accademia di Belle Arti di Brera à Milan). Mais il a ajouté quelques notes personnelles, comme l'omniprésence de formes égyptiennes pour rappeler sa longue campagne d'Egypte, et aussi de symboles de son pouvoir, comme l'aigle et les abeilles. En somme, s'il a pu regarder du côté de Grèce, c'est plutôt de Rome antique que venait la plus forte influence. Il ne repousse pas l'esprit des Néo-Grecs et l'on voit que les grands services produits pour lui par la manufacture de Sèvres peuvent avoir des décors inspirés des vases qu'ion disait alors « étrusques ». Mais l'idée générale était plus voisine de la Rome impériale. Le mobilier ne se caractérise, pas plus que celui de Louis XIV, par sa légèreté formelle. Il a une allure pompeuse et solennelle et donc une certaine lourdeur. Il faut aller dans le détail pour découvrir un lutrin délicieux et de superbes objets cultuels de la chapelle de l'empereur qui échappe à ce style fastueux, mais un peu empesé. Ce livre constitue une sorte d'encyclopédie très bien documentée des arts majeurs et mineurs qui ont été favorisés par Napoléon, et qui ont rapidement façonné le goût de toute une époque, et pas seulement en France. Et l'on ne reste pas enfermé entre les murs de la Maison : on fait, à la fin, une escapade au théâtre, et l'on assiste au départ de l'empereur, à son retour en 1815, à son exil définitif et à sa mort. En somme, cet homme a laissé une empreinte profonde dans l'histoire des arts et de l'architecture comme de l'urbanisme, comme le montrent ses nombreuses fontaines ornant les rues et les places de la capitale. Ce fort volume est indispensable pour tous ceux qui désirent connaître en profondeur le Premier Empire.




L'Impressionnisme entre art et science, la lumière au prisme d'Augustin Fresnel, sous la direction de Gérard Mourou, Michel Menu, Monica Preti, Hermann, 212 p., 22 euro.

Isaac Newton a formulé à la fin du XVIIe siècle une théorie de la lumière et de la couleur qui a fait l'objet de nombreuses discussions contradictoires pendant plus d'un siècle et Goethe s'y était encore appliqué avec sa Théorie de la couleur en 1811. Quand on nous a enseigné l'impressionnisme à l'université, ce nouvel entendement de la peinture semblait n'avoir que pour source les spéculations de Michel-Eugène Chevreul sur les contrastes simultanés, qu'il élargit dans plusieurs ouvrages sur la question et la constitution d'un Atlas des couleurs. Mais les choses ne sont pas si simples que cela : tout d'abord, l'impressionnisme n'est pas l'application de recettes inspirées par la science, même si les recherches faites dans la seconde moitié du XIXe siècle ont joué un rôle ; ensuite il y a eu des précédents fondamentaux dont on a fait abstraction. Ce livre est consacré aux recherches d'Augustin Fresnel (1788-1827). Après des études d'ingénieur, il s'éloigne de cette carrière pour travailler auprès de François Arago. Il s'intéresse dès lors à l'étude des interférences lumineuses et découvre la notion de longueur d'onde, qui prolonge les intuitions de Thomas Young. Il est opposé à la théorie corpusculaire de Newton encore en vigueur pour en arriver à une théorie ondulatoire de la lumière, produit une lumière polarisée et dévoile ses formules sur la réfraction. Fresnel a accompli une véritable révolution copernicienne dans ce domaine. Ses fameux principes trouvent leur source chez Aristote, qui pensait la lumière se diffusait comme un ébranlement dans un milieu déterminé. Il a aussi examiné les travaux de savants arabes comme Ibn Salh, qu'on associe à Descartes, et Alhazen. En somme, il poursuit une longue tradition scientifique. Dans cet ouvrage, les auteurs insistent sur un point précis : le lien étroit entre la science et les arts plastiques, et cela depuis le début de la Renaissance. Ils montent aussi qu'il y a une dimension métaphysique reconnue dans la peinture hollandaise par la suite. Turner avait une passion pour la connaissance scientifique et a fréquenté, entre autres, Michael Faraday et l'astronome William Herschell, profondément frappé par ses travaux sur la surface du soleil publiés en 1801. John Constable a également contribué à ce nouveau rapport avec la science. La conjonction et l'admiration pour ces deux peintres anglais et les réflexions de Fresnel vont faire avancer de manière draconienne la réalité de la peinture après plusieurs grandes métamorphoses (Delacroix, Courbet, l'école de Barbizon). Les essais qui sont réunis dans ce livre rendent accessibles ces nouvelles conceptions et aussi les rapports entre Fresnel et Ampère. En somme, pas question ici de dire que Fresnel a été l'inventeur d'une école de peinture, mais qu'il a contribué à sa formation. C'est absolument passionnant !




Pastels du XVIe au XXIe siècle, sous la direction de Sylvie Wuhrmann & Aurélie Couvreur, Fondation de l'Hermitage, Lausanne / La Bibliothèque des Arts, 224 p., CHF 54.

Il n'y a pas si longtemps, l'amateur d'art a pu avoir le bonheur de voir une superbe exposition de pastels des collections du musée d'Orsay. L'exposition présentée aujourd'hui à la Fondation de l'Hermitage à Lausanne n'est pas moins merveilleuse. Le pastel a un je ne sais quoi de magique. Déjà pour la simple raison qu'il se situe entre le dessin et la peinture ; parfois c'est un dessin plus développé, d'autres fois, presque une peinture. Surtout pour les siècles passés, le pastel avait autant la spontanéité du dessin et déjà la construction d'un tableau. La première partie du parcours commence par une jolie Tête de jeune femme ((1585-1590), oeuvre de Federico Barocci accompagné d'un essai de Nathalie Strasser qui s'interroger sur le fait de colorier ou de colorer. En effet, un pastel peut, comme dans ce cas, être un dessin classique mis ensuite en couleur. Baroccci aurait découvert cette technique en découvrant des planches du Corrège. Léonard de Vinci, peut-on apprendre, l'aurait apprise de Jean de Paris et s'en serait servi pour l'exécution de La Cène à Milan. Cette section montre aussi de beaux exemples de Jacopo da Ponte, d'Ippolito Leoni et de Giovanni Martinelli. En ce qui concerne le Siècle des Lumières, on découvre d'abord deux étranges Têtes de vieillards (des têtes d'Orientaux) de Lorenzo Tiepolo et un portrait de Rosalba Carriera, qui n'a jamais utilisé que cette technique. En France, Maurice Quentin de La Tour Il faut aussi ne pas oublier Claude Pougin de Saint Aubin, immense dessinateur, ni Madame Vigée Le Brun, qui est présente par un petit paysage alpin. Elle y a excellé pour représenter ses contemporains. Et le Suisse Jean-Etienne Liotard y a eu aussi recours, voyageur impénitent jusqu'à Istanbul et la Moldavie ; il n'en s'est pas servi seulement pour des portraits, mais aussi pour des natures mortes. En ce qui concerne le XIXe siècle, c'est l'impressionnisme qui est mis en valeur avec des pièces d'Eugène Boudin, d'Alfred Sisley, qui a beaucoup employé cette technique (surtout des rives de fleuves ou de rivières et des bords de mer), et, bien entendu, Eugène Degas, avec ses danseuses assises, dont nous parle Olivier Masson. Celui-ci a fait aussi des nus, des scènes de genre, des portraits. Ensuite, viennent des exemples de Berthe Morisot, de Whistler, de Giuseppe de Nittis. James Tissot, Helleu, Zandomeneghi viennent clore ce périple dans ce siècle si riche. On peut aussi découvrir les Nabis, Maurice Denis, Edouard Vuillard, Albert Marquet à ses débuts, Louis Anquetin, Steinlen, Segantini, Giovanni Giacometti, Cunot Amiet, pour ne citer qu'eux. Le symbolisme s'impose avec Odilon Redon, Jean Deville, Lucien Lévy-Dhurmer, Fernand Khnopff. Le siècle dernier est moins développé : c'est Paul Klee, qui est mis en exergue. Il n'y a sinon que Kirchner, Picasso, Mirò. Le reste, jusqu'à notre époque est moins intéressant, à part Aurélie Neumours. Mais peu importe, l'ensemble est une joie pour l'oeil et l'esprit. Le catalogue n'est pas seulement la trace d'une exposition pleine d'intérêt, mais aussi une source d'informations précieuses sur l'évolution de cette technique.




Les Chercheurs de lumière, Révolutions minuscules, Sévérine Jouve, préface de François Dominique, Editions  Amarante, 160 p., 16 euro.

Etrange roman que celui de Séverine Jouve -, étrange mais aussi fascinant. Il échappe à tous les poncifs de la littérature actuelle (Dieu soit loué !) et se distingue donc de la triste production romanesque française, qui devient de plus en plus stéréotypée et académique, en dépit des outrances et des audaces avec des stratagèmes cousus de fil blanc et déjà usés jusqu'à la corde. Il est divisé en trois parties, qui correspondent chacune à un art (l'écriture, la peinture et la musique) et cela dans un ordre décroissant, non en ce qui concerne l'importance de ces arts, mais simplement dans leur longueur. Ce decrescendo est voulu car c'est dans la première partie que se joue l'essentiel de l'intrigue. Celle-ci se déroule pour l'essentiel en un lieu privilégié, qui est la terrasse d'une demeure baptisée « La Chaussée », qui semble appartenir à une vision symboliste. La narratrice y vient pour y voir sa grand-mère, Pauline Sandre, pendant les vacances. Elle d'abord sous le charme de cette femme âgée, qui a conservé toute sa beauté intérieure et aussi un sens aigu de l'esthétique. C'est là que notre héroïne fait son éducation sentimentale, qui serait plus exactement son éducation esthétique. Elle y découvre Marcel Schwob ou Stéphane Mallarmé. Et Les différentes pièces que nous découvrons font songer, de loin, à la villa que se fait construire le Des Eisseintes de J.-K. Huysmans dans A rebours. Là, rien d'aussi extravagant, mais il y a le singulier salon vert, des meubles avec des figures de femmes, un divan profond où lire avec délectation. Pauline Sandre est décrite comme une « sensualiste » qui aime la Nature, et donc une certaine idée de la peinture, la musique, les livres. Tout se qu'elle touche prend aussitôt une dimension artistique. Elle est le premier mentor de la petite fille, puis de l'adolescente. Elle lui recommande de lire le Lys rouge d'Anatole France. D'autres personnages apparaissent et contribuent à sa formation -, des hommes cette fois. Mais ils n'ont pas l'influence qu'a pu avoir cette dame devenue vieille aux yeux usés. Tout cet univers peut faire songer à des tableaux de grands artistes symbolistes, mais complètement intégrés dans la réalité. Il se produit un effet de stéréotypie un peu décalée, comme si l'imaginaire et la réalité tangible ne cessaient de s'interpénétrer. Et c'est cette façon de procéder qui rend ce roman si poétique et si fort, car on ne navigue pas sur les flots d'un univers onirique, mais le rêve est ancré dans le vernaculaire. C'est là qu'elle a la révélation de ce tableau d'Edvard Munch, Clair de lune (1893), qui va l'inspirer pour le reste de l'existence dans ce rapport renversé entre la lumière et les ténèbres. La seconde partie de l'ouvrage concerne un peintre à la recherche d'autres chemins pour sa création. Des souvenirs d'enfance traversent le présent et une recherche sur laquelle semble veiller le mysterieux poète de Montpeyroux. Il se dégage une philosophie de la peinture fondée sur la sensation mais aussi d'une expression précise, bien tranchée. Un tableau frappe la narratrice et lui fournit une clef pour voir ce qui l'entoure. Encore d'autres souvenirs heureux et des livres à n'en plus finir. On comprend que ce roman n'est pas le récit d'une vie, mais d'une lente et difficile initiation au mode vie que sous-tendent les arts qui enrichissent expliquent le monde. Elle s'arrête devant une toile baptisée La Table des matières, bien énigmatique qu'elle trouve dans la librairie d'Issigeac. La troisième partie devrait concerner la musique, à l'enseigne de Grieg. Mais il s'agit plutôt d'une fusion entre ces différentes sources d'émotion et donc ce connaissance, Tout se déroule dans un monde qui a un caractère digne de Proust, par la subtilité des descriptions, le jeu subtil de la lumière, les échanges entre les protagonistes. Non, Séverine Jouve ne copie pas Proust ni ne tente de s'élever à son grand projet littéraire. Elle s'en est inspirée pour toutes ces scènes d'intérieur et tous ces paysages, qui ne cessent d'interférer les uns sur les autres, comme ses personnages le font les uns sur les autres. Il n'y a pas d'histoire dans le sens classique. C'est une variation qui joue dans l'espace et le temps de la mémoire pour que le lecteur puisse percevoir les choses et les êtres avec un autre oeil, une autre oreille, une autre intelligence, une autre sensibilité. C'est un petit bijou littéraire digne de Rodenbach et d'A la recherche du temps perdu. Et dans un perspective qui n'appartient qu'à elle.




Le Goût des passions, Delphine Chaume, « Le Petit Mercure », Mercure de France, 126 p., 8 euro.

Le sujet est vaste, pour ne pas dire immense. L'auteur a fait son possible pour embrasser l'ensemble du sujet. Mais Delphine Chaune a voulu lier littérature et passion, comme si elle ne faisait qu'une seule et même entité. C'est une erreur. La passion criminelle n'est pas forcément littéraire, elle d'abord du ressort de la morale et de la justice. Après quoi, la littérature peut s'en emparer à sa guise. Bien l'amour est la première des passions à laquelle on pense et l'auteur a fait de même : André Breton avec son « amour fou » et Lucrèce avec ses vertiges, Stendhal et Casanova présentent leur vision de la chose. L'auteur les associe à Herman Melville, qui a présenté un cas de folie métaphysique (une sorte de mystique dévoyée) dans Moby Dick. On a ensuite le bonheur de trouver des lettres de Goethe tirées de son Werther, une méditation de Chateaubriand tirée elle son Atala, et puis, pêle-mêle, un fragment de l'Amant de Marguerite Duras, un poème de Charles Baudelaire et un court fragment de Vingt-quatre heures de la vie d'une femme de Stefen Zweig. Le choix des oeuvres citées est assez judicieux, même si elles ne parviennent pas dans leur ensemble à couvrir le vaste champ des passions humaines. De plus, la construction du volume est trop floue. Mais le lecteur avisé pourra y trouver son bonheur et trouver un texte exemplaire pour chaque passion dont il aura cure.




Le Nom de Dieu et la théorie kabbalistique du langage, Gershom Scholem, traduit de l'allemand et présenté par Thomas Piel, Allia, 128 p., 8 euro.

Le mathématicien Gershom Scholem avait eu l'intention d'étudier cette question dès 1919, mais a repoussé cette étude et la rédaction de cet ouvrage à un demi-siècle plus tard : le livre a paru en 1970. Cet ouvrage est essentiel pour comprendre comment les érudit de la Kabbale sont parvenus à travers le temps et des approches souvent différentes et même opposées. Son idée de base est que la Torah ne prend pas un instant en considération d'un point de vue ésotérique le nom de Dieu, qui est pourtant imprononçable et qui est désigné par plusieurs termes qui s'y réfèrent. Les kabbalistes se sont penchés sur la nature secrète et centrale de ce nom, qui ne compte que quatre lettres dans l'alphabet hébraïque. Ce nom est la source de toute connaissance. Cette attitude a pour conséquence que le langage est la réalité du monde, qu'il le contient dans toute son expansion, qui dérive de ces quatre lettres fondamentales. Il s'agit bien sûr d'une posture mystique, mais en même temps d'une posture qui a sa rationalité. La qualité de ce livre est d'être d'une grande clarté, exposé avec intelligence, permettant de comprendre cette question très complexe même par un profane de la question. Il expose tous ce que les grands auteurs ont pu déclarer et parvient synthétiser cette longue histoire qui est celle d'une linguistique sacrée. Il met l'accent sur le fait que ce langage du divin n'a pas de grammaire pour la «  science prophétique ». Il explique aussi les contradictions inhérentes à cette science. La mystique du langage serait la voie royale pour tendre vers le divin.




L'Affreux du Panthéon, Bruno Fulgini, « La petite vermillon », La Table Ronde, 144 p., 7,10 euro.

Connaît-on vraiment l'histoire du Panthéon ? Pas sûr et même le Parisien le plus épris de sa ville natale ne sait pas tout de l'histoire tourmentée de cet édifice prestigieux, qui a d'abord été conçu comme une église devant abriter la châsse de sainte Geneviève et prendre son nom. L'architecte Jacques-Germain Soufflot en a dressé les plans en 1756, qui étaient d'inspiration néoclassique, mais en recherchant la légèreté des constructions gothiques et la splendeur des architectures grecques. Il a aussi été inspiré par les techniques byzantines pour les coupoles et du Panthéon de Rome pour l'extérieur. C'est le grand sculpteur David d'Angers qui a réalisé le fronton avec des figures de grands hommes de l'histoire de France. C'est Louis XV qui l'avait désiré an 1744, lorsqu'il a été miraculeusement guéri par un médecin juif. On dit qu'il aurait voulu en faire un mausolée pour les Bourbons. La Révolution lui a attribué une autre destination alors que l'édifice venait à peine d'être achevé en 1790 : le culte des grands hommes, une idée avancée par Quatremère de Quincy et approuvée par l'Assemblée. Après quoi, sa destination changea plusieurs fois, redevenu une église, puis redevenant le temple réservé aux cultes de ceux qui ont honoré la Nation. Dans ce charmant petit livre, Bruno Fulgini choisit pour guide Claude-Ambroise Régnier, ministre de la justice, devenu duc de Massa par la volonté de Napoléon Ier. D'ailleurs, peut-on apprendre au fil du plaisant récit de cet homme qui a été loin d'être un modèle de probité, que bien des personnages accueillis en ce lieu n'ont pas été mémorables. Bien sûr, on songe Voltaire et à Rousseau, et aux martyrs de la Révolution. Mirabeau y est enseveli, puis retiré peu après, comme Lepeltier de Saint-Fargeau, Picot de Dampierre et Marat. René Descartes devait y trouver sa dernière demeure, mais jamais on ne concrétisa le transfert et l'on se contenta d'une plaque, tout comme pour Bara et Viala. Des personnalités étrangères, qui ont ralliées au Premier Empire, s'y sont retrouvées, comme le banquier suisse Jean-Frédéric Perrégaux ou le dernier doge de la République ligurienne, Girolamo-Luigi Durazzo. Et même un cardinal italien ! Victor Hugo et Jean Jaurès y sont inhumés, tout comme Jean Moulin, mais Robert Desnos et Max Jacob n'y ont qu'une inscription. L'endroit est comble de mystères, d'anecdotes curieuses et aussi d'une débauche de peintures de la main du baron Gros, de Puvis de Chavannes, mais aussi de Léon Bonnat et d'Alexandre Cabanel. Ce livre procure un vrai plaisir de lecture ; il nous entraine dans les arcanes les plus singulières de notre histoire.
Gérard-Georges Lemaire
08-02-2018
 
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