Bibliothèque de l’amateur d’art

par Gérard-Georges Lemaire

mis en ligne le 28/12/2011

Quelle déception ! On aurait attendu de l’auteur des Bienveillantes un regard neuf sur un peintre sur lequel tant d’auteurs ont déjà écrits et, parmi lesquels, de grands écrivains, à commencer par Michel Leiris et Gilles Deleuze (et il ne faut non plus oublier que d’excellents historiens d’art ont également abordé la question avec sagacité). D’un bout à l’autre de l’ouvrage, on ne rencontre que des idées déjà bien usées sur la peinture de Bacon, quand bien même sont-elles recevables. Pas la plus petite trace d’originalité. L’auteur se lance de surcroît dans des digressions sur l’histoire de l’art, qui ne font que montrer son peu de connaissances en la matière. Mais ce ne serait pas grave s’il n’avait pas tant tenu à vaticiner sur Vélasquez ou sur les icônes byzantines ! Nul n’ignore que Bacon a passé du temps à visiter le musée du Prado et à collectionner les reproductions des tableaux qui l’intéressaient. Et puis de l’écrivain, nulle trace. Ce sont des essais assez conventionnels et sans beaucoup de profondeur. En somme, Jonathan Lytell semble ne pas devoir nous offrir en art ce qu’il semblait promettre en littérature.
Triptyque, trois études sur Francis Bacon, traduit de l’anglais par l’auteur, « L’Arbalète » Jonathan Littell, 144 p., 22 €.

Ce livre est passionnant car il se présente vraiment comme un livre d’aventure : celle des hommes qui se sont passionnés pour la civilisation des Mayas et se sont attachés à connaître leurs culture et surtout à déchiffrer le mystère de leurs villes. Cette histoire dès la Conquête, avec une figure paradoxale comme le dominicain Diego De Lanza, puis avec le père Delgado et, ensuite, au dé ut du XVIIIe siècle par la découverte d’un grande édifice de pierre par le père de Solis : le palais de Palenque. Peu à peu, les aventuriers vont laisser la place aux hommes de sciences, comme l’Anglais John Stevens. Celui-ci publie en 1841, Incidents of Travel in Central America, Chiapas and Yucatàn. C’est le premier ouvrage qui présente l’univers des Mayas de manière complète, même si l’archéologie ne concerne qu’un tiers de l’ouvrage. Ce petit livre d’initiation est remarquablement fait et on découvre les grands ouvrages d’architecture, mais aussi la langue et la culture des Mayas en mettant nos pas dans ceux qui ont contribué à cette connaissance.
Les Cités perdues des Mayas, Claude Baudez & Sidney Picasso, « Découvertes »,  Gallimard, 176 p., 14,30 €.

C’est un livre austère et très savant. Comme l’affaire du sexe des anges, le sujet est passionnant. Mais comme il ne reste quasiment plus aucune trace des documents produits par les iconoclastes, soigneusement détruits par leurs ennemis, la question n’est pas facile à examiner. L’auteur n’a d’ailleurs à nous fournir comme iconographie que des pièces de monnaies. Cette longue crise qui a duré plus de cent ans (728-843) est la somme incontournable pour comprendre les raisons qui ont provoqué ce débat théologique, mais aussi politique et artistique, entre les partisans des images et ceux qui souhaitaient leur destruction. C’est passionnant pour pénétrer l’univers byzantins et la façon dont les images et donc l’art en général y tenaient un rôle majeur, mais c’est aussi passionnant pour comprendre les origines de certaines attitudes théoriques et esthétiques des peintres qui ont participé à l’aventure de l’abstraction. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce sont des Russes, Malevitch et Rodtchenko en particulier, qui ont été les plus radicaux en la matière, plus proches que nous le sommes de la question des icônes. Cet ouvrage qui a paru la première fois en 1984 demeure la pierre angulaire de toute connaissance. Il faut de préférence s’initier au grec pratiqué par les Byzantins de cette période, les citations n’étant pas traduites.
L’Iconoclasme byzantin, André Grabar, « Champs/Arts», Flammarion, 670 p., 14 €.

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