Dossier Claude Jeanmart
Une peinture comme une littérature
par Serge Pey
mis en ligne le 18/04/2012

    Le choix des couteaux de Claude Jeanmart est celui de la vitrine d'un grand magasin, au rayon cuisine. Claude Jeanmart nous fait encore signe. Il nous dit derrière la vitrine du marchand : Regardez l'histoire ! Regardez une autre cuisine où l'on tue dans les cuisines des états : les révolutionnaires, les femmes, les homosexuels, les penseurs, les anarchistes. Il nous dit : N'oubliez pas ! En avant vers la mémoire ! Car l'art peut être aussi une machine à décerveler, fabriquée pour oublier, pour accepter, pour dire Oui. Claude Jeanmart nous dit NON. L'art complice, accompagnant le marché de l'oppression : on le connaît. Un certain art qui mange son caviar avec ses pieds dans des mares de sang du marché dominant.
    
Le couteau de Claude Jeanmart est ainsi un couteau contre l'art. Pour un autre art. Il nous dit qu'il faut ouvrir l'œuvre d'art ou la déconstruire.
    
Claude est un maître de la forme et de l'histoire de l'art.
    
Il peint le monde comme le monde peindrait la peinture. Dans son travail il nous donne une leçon d'histoire, mais aussi une leçon d'histoire de l'art et de l'art dans l'histoire.
    
Mais une peinture du Procès, consacrée à Kafka, renvoie à l'œuvre même de Kafka. Dans mon livre: Lèpres à un jeune poète (Délit édition) que je vais citer, j'ai été surpris par la concordance entre le nom de Kafka et son œuvre.
    
Les formes parfaites de l'aveu sont celle des religions (inquisition et procès staliniens). Plus particulièrement le stalinisme a été dans l'art du procès, le lieu de son excellence le plus raffiné. Arthur London me le raconta dans une rencontre que je fis avec lui en 1980. Lisons encore l'Aveu si nous en avons le courage ou encore Primo Levi. Je voudrais livrer à Claude Jeanmart ce commentaire, que j'ai écrit il y a quelques années, et qui jette une nouvelle lumière sur Kafka. Les suites du Procès, ne s'inscrivent pas dans une chronologie, mais dans une continuum vers le futur et le passé à partir d'un présent.

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