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[verso-hebdo]
20-03-2014
La chronique
de Pierre Corcos
Lieux et musiques
Les évènements musicaux ne sont pas indifférents aux lieux où ils se produisent. Les lieux émettent des signes discrets mais insistants, qui nous environnent et ne sont pas clairement décodés. Et, avec la musique qu'on peut y écouter, ces signes viennent converger ou diverger. Une présence forte, ici et maintenant, peut en advenir.

Prenons la Maison de la culture du Japon, par exemple, sise au 101 bis quai Branly, non loin de la Tour Eiffel... C'est une merveille de transparence « high-tech » dans laquelle on peut découvrir avec bonheur les expressions de culture les plus traditionnelles qui soient (actuellement on peut voir une exposition sur la sériciculture impériale du Japon par exemple), et ce mariage harmonieux, spécifique du lieu, ne pouvait qu'exalter un événement musical très particulier. La musique, offerte par le concert Jazz in Japan les 7 et 8 mars, était rare en effet, étonnante, attractive. Elle donnait en outre à réfléchir esthétiquement.
Cette musique (enregistrée dans l'album Jiai-LOVE) rendait possible en effet la rencontre de chants shomyô ancestraux et d'un jazz tout à fait contemporain, flirtant avec le rock ou le « free jazz » !... Déjà réunir sur une même scène des moines bouddhistes en habits traditionnels et, par exemple, une rockeuse comme Kumi Adachi flanquée de sa guitare électrique, cela provoquait un choc visuel. On se frottait d'abord les yeux, puis (une mise en scène rigoureuse y était pour quelque chose) on trouvait ce mixage très satisfaisant. Mais en plus, constater que ce style de chants bouddhiques - parfois à l'unisson et parfois en canon - qui remonte (du moins au Japon) au Ve siècle, constitue une excellente basse continue pour les variations stridentes à la trompette de Terumasa Hino, ou les miaulements furieux à la Jimi Hendrix de Kumi Adachi, ou enfin les variations sensuelles à la guitare d'Hirofumi Okamoto, constater ces accords insoupçonnés, inouïs, offrait à nouveau une occasion d'applaudir à la créativité véritable, qui invente des ponts entre modernité et tradition là où les académismes de part et d'autre érigent des murailles. Et lorsque Seiko Fujikage, blanche geisha, offrit de la danse traditionnelle japonaise, le Nihon buyô, sur la musique au piano, brillante et moderne, de Yôsuke Yamashita, on poussa plus loin sa réflexion, en se rappelant que la culture japonaise a réussi admirablement à faire cohabiter, en son sein, des rites millénaires et une technologie de pointe... Par ailleurs, deux interprétations possibles de la fructueuse rencontre de ces musiques se présentaient à l'esprit : la première serait que le bouddhisme intègre sans problème la modernité, l'enveloppe ; la seconde voudrait que la tradition serve de contraste saisissant pour exalter les ruptures de la modernité. Une leçon philosophique, esthétique à garder en mémoire... Il n'est pas inutile de noter, pour être exhaustif, que de belles calligraphies projetées de Ryuko Kimura et de Terumasa Hino se mêlaient avantageusement à des photographies de nature d'une haute précision.

Autre lieux, autre musiques... Mais d'abord une mention élogieuse pour ces lieux de spectacle et détente qui, loin de renforcer la segmentation des publics par communautés, tranches d'âge, tribus, etc., favorisent au contraire le brassage et les croisements, tout comme les musiques de qualité ne peuvent s'incruster dans une cible étroite. Et tant pis pour les experts en marketing culturel ! La Bellevilloise par exemple, ou la Maroquinerie, les deux rue Boyer dans le 20ème arrondissement : des salles de concert vivantes, décalées, auxquelles on s'attache très vite, et qui offrent une programmation intéressante. Par ailleurs, le restaurant de la Maroquinerie est à recommander, ses références oenologiques encore plus... En fait, il ne s'agit pas ici de ces lieux mais - dans le prolongement de la rue Boyer, rue de l'Ermitage - du studio de l'Ermitage. Un endroit qui, de l'extérieur, ne paye pas de mine. Sauf qu'à l'intérieur on découvre une belle salle sombre, rehaussée de rouge, à l'excellente acoustique, avec une mezzanine et un bar, et l'on y entend de la très bonne musique... Il y a deux semaines, dans la même soirée, on pouvait entendre les canciones de Paloma Pradal chantant, de sa voix ensorcelante, des textes de Lorca, un concert de jazz, Le chant de la terre, avec Jean-Marc Padovani (saxophone) et Philippe Léogé (piano), et de la musique de recherche, avec le surdoué Mederic Collignon, bardé de prix et débordant d'inventivité, qui travaillait ici avec sa voix et ses distorsions, accompagné par Paul Brousseau au synthétiseur et computer, et Charlie Davot à la batterie. Enfin l'on pouvait voir les créations audiovisuelles du jeune Pablo Padovani... Programmation à angle ouvert dans une salle accueillante et chaleureuse.
Ce n'est pas l'écrivain Lawrence Durrell qui nous parlait, titre de l'un de ses ouvrages, de... L'esprit des lieux ?
Pierre Corcos
20-03-2014
 
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Verso n°136

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