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[verso-hebdo]
17-12-2015
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
Boris Lurie : peinture et nihilisme
La galerie Odile Ouizeman présente actuellement les travaux de Boris Lurie, artiste au destin extraordinaire, mort en 2008, peu connu en Europe mais qui défraya la chronique aux Etats-Unis. Né juif à Léningrad en 1924, il a grandi à Riga avant d'être déporté par les allemands à 17 ans, de 1941 à 1945 dans les plus effroyables camps de concentration nazis où périrent sa mère, sa grand-mère et sa soeur. Dès sa libération, il partira pour New York où sa désillusion sera grande. L'American way of life n'était pas seulement peu favorable à l'épanouissement de sa vocation d'artiste : le matérialisme omniprésent, l'inculture et la superficialité ambiantes révoltaient l'ancien déporté. D'où son basculement dans le nihilisme au deuxième sens que lui donnait Nietzsche : « Nihiliste est l'homme qui juge que le monde tel qu'il est ne devrait pas être et que le monde tel qu'il devrait être n'existe pas. » Donc l'existence n'a plus de sens : le nihiliste n'est pas attiré par le passé, le futur lui paraît incertain et l'indiffère, le présent le dégoûte. Boris Lurie voulut tout de même lutter (il avait déjà survécu dans des conditions désespérées) et allait construire sa vie et son oeuvre sur un cri : non !

De fait, Boris Lurie a fondé avec Sam Goodman et Stanley Fisher le mouvement de L'art NON ! Non à l'impérialisme yankee, non au racisme, non au sexisme, non au néo colonialisme et aux dépravations en tous genres. Peintre, il allait être hostile à l'expressionnisme abstrait (inutilement décoratif) et plus encore au pop art. Il verrait en effet avec colère naître et prospérer les propositions pseudo-artistiques et outrageusement commerciales d'un Allen Jones ou d'un Mel Ramos qui représentaient à tout propos, dans les années 60, de pulpeuses pin-ups nues ou en dessous suggestifs. Il dénoncerait les institutions, MOMA en tête, en tant que complices du pop art et manipulatrices du champ artistique. Comme son ami Wolf Vostell, il entendait que l'art ait une action sur le réel et ne se contente en aucun cas de le refléter. Comme Vostell, il voulait créer des chocs sans craindre la polémique (au contraire) mais sans aller jusqu'au radicalisme extrême qui risque de contraindre l'artiste, soit à se renier un jour, soit à s'arrêter (comme ce fut le cas pour Marcel Duchamp).

Le principal intérêt de l'exposition organisée par Odile Ouizeman est de montrer le tableau emblématique de Lurie, celui qui déclencha les polémiques et fit de l'artiste un pestiféré du marché : Railroad to America de 1963, collage sur toile, 37 x 54 cm. Comment opposer aussi clairement que possible, par le moyen de la peinture/collage, l'opposition absolue entre la vie de l'artiste et l'univers américain ? Le wagon qui se prépare à aller en Amérique est plat, il est chargé de plusieurs couches de cadavres squelettiques tels que les ont découverts les libérateurs du camp d'Auschwitz, où fut interné l'artiste. On voit, devant cette image atroce, celle d'une pin-up de dos en train de retirer sa culotte. Tout autour, le mot non ! est tracé en noir. L'Amérique a détesté cet art de contestation. Boris Lurie n'en avait cure, qui gagna sa vie dans le secteur immobilier et laissa assez d'argent pour que soit créée à Berlin l'association de L'Art NO ! en 1999, peu après sa disparition. Parmi ses nombreux membres, je relève les noms de Jochen Gerz, Günter Brus ou Bernard Rancillac. Notons que le MOMA, beau joueur, a fini par acquérir une oeuvre de Boris Lurie, ainsi que la National Gallery de Wahington. Relevons aussi que la télévision allemande a diffusé en 2007 un film intitulé Shoah et Pin-Ups : le NO-artiste Boris Lurie. Ce serait bien qu'Arte, chaîne franco-allemande, le programme à son tour…

www.borislurieart.org
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
17-12-2015
 

Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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